Quel avenir pour Dexia ?

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Le holding Dexia, après les cessions qui doivent encore avoir lieu dans les prochains mois, se composera d’un portefeuille d’obligations de 71,4 milliards d’euros, d’actifs financiers aux Etats-Unis et de quelques filiales “actuellement invendables”. Son avenir est loin d’être assuré. Le point en 5 éléments-clés.

Au sujet du futur de Dexia, après les cessions qui doivent encore avoir lieu dans les prochains mois (Denizbank, Dexia AM), le groupe résiduel se composera grosso modo d’un portefeuille d’obligations de 71,4 milliards d’euros, d’actifs financiers aux Etats-Unis et de filiales en Espagne, Italie et Allemagne.

Pierre Mariani, CEO de Dexia, est revenu, lors de l’assemblée générale de mercredi, sur le plan de restructuration mis en oeuvre après l’automne 2008 et qui avait comme objectifs de réduire le profil de risque de Dexia et de le recentrer sur ses activités de base. “Mais le retour de crise brutal a été fatal au redressement de Dexia, a-t-il dit. Nous étions au milieu du chemin.”

“Jour et nuit depuis quatre ans, les équipes du groupe ont géré le risque considérable que représentait Dexia” pour le secteur financier européen et pour les contribuables belges, français et luxembourgeois, a conclu Pierre Mariani, estimant que, “si le groupe peut faire l’objet aujourd’hui d’une résolution ordonnée, la première de cette taille en Europe, c’est grâce au travail accompli ces dernières années”.

Peu avant le début de l’assemblée générale, un actionnaire individuel, connu pour sa casquette verte, avait lancé que le dossier Dexia signifiait “la fin de ce pays d’un point de vue financier”. “Ces gens ont tué l’avenir de nos enfants !”, a-t-il encore affirmé, sous des applaudissements, jugeant “scandaleuse” la décharge accordée au conseil d’administration du groupe.

1. Garanties d’Etat et accès au financement des banques centrales : essentiels pour Dexia

L’avenir du groupe résiduel Dexia dépendra des garanties des Etats et de l’accès au financement des banques centrales, a également déclaré mercredi Pierre Mariani. Interrogé à plusieurs reprises par des actionnaires sur les perspectives d’avenir du groupe résiduel, le Français a reconnu que Dexia, sauvé de la faillite une deuxième fois en octobre 2011, “est dans une situation très particulière” et que son avenir dépendra du coût demandé par les Etats belge, français et luxembourgeois pour leur garantie ainsi que d’un accès durable au refinancement des banques centrales. “Ce sont deux hypothèses très importantes et qui sont celles du plan de restructuration” soumis à la Commission européenne, a-t-il dit.

Dexia bénéfice encore de 12 milliards d’euros de crédits d’urgence auprès des banques centrales et s’est en outre refinancé pour quelque 40 milliards d’euros auprès de la Banque centrale européenne.

2. Filiales de Dexia : “actuellement invendables”

A l’issue du démantèlement ordonné du groupe, soit après les ventes encore à venir des filiales Dexia Asset Management et Denizbank, le groupe résiduel se composera de filiales en Allemagne (un émetteur d’obligations foncières), en Italie (Dexia Crediop, dont le bilan pèse 30 milliards d’euros) et en Espagne (Dexia Sabadell, active dans le financement des collectivités publiques locales). Autant d’actifs actuellement invendables, selon le responsable de Dexia.

3. Portefeuille d’obligations de Dexia : valeur de marché “réduite”

Le groupe résiduel comportera également des actifs financiers aux Etats-Unis ainsi qu’un portefeuille d’obligations pesant actuellement 71,4 milliards d’euros. Selon Pierre Mariani, le portefeuille obligataire de Dexia est “de qualité acceptable” mais “il est très long” (13,4 années en moyenne). “Sa valeur de marché est donc réduite.”

“Il est absolument indispensable de continuer à le vendre au fur et à mesure, estime le CEO. Le facteur temps est absolument essentiel. Ces trois dernières années, nous avons réduit ce portefeuille de plus de 90 milliards d’euros, avec seulement 1 % de perte. Mais il n’y a pas de perte de 125 milliards d’euros sur ce portefeuille !”

4. Exposition à la dette de pays européens : le sort de Dexia lié à la crise de la zone euro

Dexia est par ailleurs encore exposé à la dette de pays d’Europe du Sud, ce qui fait que son sort est aussi en grande partie lié à la résolution de la crise de la dette en zone euro. “On n’est pas dans une situation facile. S’il n’y avait pas la garantie des Etats, la question du cours de l’action ne se poserait plus.”

5. Vers une sortie de Bourse pour Dexia ?

Tant Pierre Mariani que Jean-Luc Dehaene, président du conseil d’administration, ont laissé entendre mercredi qu’il serait préférable que l’action de Dexia soit retirée de la cote : “Je ne vous cache pas qu’il y a des moments où nous considérions qu’un retrait de la Bourse faciliterait les choses par rapport à la mission que nous avions”, a concédé l’ancien Premier ministre belge, à un actionnaire estimant qu’un “retrait de la cote s’impose” et prétendant “avoir 30 millions d’actions Dexia et avoir perdu 40 millions d’euros” à la suite de la débâcle du groupe franco-belge.

Trends.be, avec Belga

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