Quand deux employés risquent de faire perdre 550 millions d’euros à une grande banque

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Agricultural Bank, l’une des quatre grandes banques étatiques chinoises, pourrait perdre l’équivalent de 550 millions d’euros suite à une fraude de deux employés, qui avaient réalisé des ventes de titres financiers pour spéculer en Bourse, rapportait le site Caixin.

Deux jeunes employés de la banque sont soupçonnés d’avoir illégalement vendu des “lettres de change” – instruments financiers qui garantissent le versement d’une somme donnée à une date future – a indiqué le magazine économique, citant des sources anonymes.

Détail piquant: “Les lettres de créance subtilisées avaient été remplacées dans les coffres de la banque par des coupures de journaux”, selon un employé de l’établissement interrogé par Caixin. Agricultural Bank avait simplement fait état vendredi soir dans un communiqué d’un “incident” survenu au sein de sa branche pékinoise, l’exposant à des pertes de 3,9 milliards de yuans (551 millions d’euros).

Selon Caixin, les deux employés auraient cédé à un opérateur ces lettres de créance –des “titres négociables” (et donc transférables)–, et utilisé le fruit de ces ventes pour investir massivement en Bourse… en tablant sur les gains futurs pour remplacer les titres le moment venu. Mais ils ont manqué de flair et de chance: après avoir bondi de 150% en un an, la Bourse de Shanghai s’est brusquement effondrée de quelque 40% l’été dernier, et elle connaît depuis de violentes turbulences.

Etant donné la chute des cours, les deux fraudeurs ont été pris au piège. Selon Caixin, les employés incriminés font l’objet d’une enquête judiciaire, et “étant donné l’ampleur des sommes en jeu, le ministère de la Sécurité publique et l’autorité de régulation du secteur bancaire ont dû en référer” directement au gouvernement.

Or, cela pourrait ne pas être un cas unique, selon un analyste cité par le magazine, qui estimait que de larges montants financés via des lettres de créance avaient été investis sur les Bourses locales avant le krach de l’été dernier, des capitaux qui se seraient envolés avec la dégringolade des indices. Ce scandale intervient alors que Pékin, sous pression, a lancé fin 2015 des enquêtes tous azimuts ciblant le secteur financier, notamment plusieurs maisons de courtage et le régulateur des marchés.

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