Pourquoi il ne faut pas laisser de grosses sommes sur son livret d’épargne

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Le Belge s’accroche au livret d’épargne malgré les taux d’intérêt faibles. La peur et le manque de confiance règnent en maître. Cependant, la peur est mauvaise conseillère. Pourquoi vaut-il mieux ne pas placer tout son argent sur un compte épargne ? Nous avons posé la question à Danny Reweghs, directeur analyse et stratégie de Moneytalk.

Il va de soi que chacun doit avoir accès à une épargne suffisante pour faire face à des dépenses inattendues. Cependant, pour les raisons suivantes , il n’est plus nécessaire de placer de très grosses sommes sur un compte épargne:

1. Il y a moins de raisons d’avoir peur: après un an et demi de récession dans la zone euro, il est à nouveau question de reprise économique. Même si celle-ci est fragile et qu’on ne peut pas encore parler de fin définitive de la crise, l’espoir renaît. Le pire de la crise est passé et après une hausse importante du chômage, on devrait assister à la création de nouveaux emplois. L’un des arguments les plus importants d’épargner de grosses sommes d’argent est cette peur de la récession/dépression et la perte d’emploi. Cette peur est de moins en moins justifiée.

2. La différence entre les taux d’intérêt se creuse: contrairement au taux d’intérêt à court terme, sur lequel est basé l’intérêt sur un livret d’épargne, nous voyons depuis quelques mois que le taux d’intérêt à long terme remonte et quitte les niveaux historiquement bas. Depuis mai, la perspective du démantèlement du programme de rachat d’obligations (pour l’instant encore 85 milliards de dollars par mois), a fait monter le taux d’intérêt américain (sur dix ans) de 1,5 % à 3 %. Le taux d’intérêt à long terme belge a suivi un parcours comparable, si ce n’est un peu moins prononcé. Les personnes qui laissent leur argent sur leur livret d’épargne gâchent l’opportunité d’un taux d’intérêt plus élevé.

3. Les rendements sur les obligations d’entreprises sont plus élevés: l’économie revit enfin en Europe. C’est une bonne chose pour la vie des entreprises européennes. En outre, cette hausse diminue les risques de faillites. Avec les intérêts compensatoires en hausse, cette amélioration offre de nouvelles possibilités pour les investissements en obligations d’entreprise. Ce ne sont pas encore des rendements fantastiques, mais il est à nouveau possible d’obtenir un rendement assez sûr des obligations d’entreprise : 3 à 4 % pour une durée de 3 à 4 ans. Car nous ne recommanderions pas encore d’obligations sur 5 ans et plus. Le risque d’intérêt y est encore trop grand pour accepter les rendements actuels.

4. Des rendements plus élevés sur les dividendes d’action: le redressement des économies européennes exerce aussi un effet positif sur les bénéfices d’entreprises européens et donc sur le maintien des dividendes par les entreprises européennes. En outre, et contrairement aux actions américaines, les actions européennes ne sont pas encore chères. Il est possible d’investir directement ou indirectement (par le biais d’un fonds d’investissement) dans le top des entreprises européennes qui bénéficient d’un rendement de dividendes solide et stable.

5. Se méfier de la protection : de nombreux épargnants et entreprises ont placé de grosses sommes d’argent sur un compte épargne de peur d’une nouvelle crise bancaire. Si jamais une nouvelle crise financière éclatait, les autorités se tiendront plus que probablement à la protection légale telle qu’elles l’ont vue à Chypre. La protection se limite à 100.000 euros par épargnant par banque. Ces motifs ne sont pas un plaidoyer pour ne pas placer d’argent sur un carnet d’épargne, mais pour éviter d’y laisser ou de placer de très grosses sommes d’argent (plus de 100.000 euros).

Danny Reweghs

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