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‘Pourquoi certains veulent-ils vraiment détruire le cash ?’

Il ne s’agit bien sûr pas de faire l’apologie du cash lorsque ce dernier sert à des fraudeurs ou à des terroristes, mais vouloir supprimer l’argent liquide, comme le souhaitent certains banquiers centraux, ne résoudra ni la fraude ni le terrorisme.

J’ai rédigé il y a quelques jours une chronique dans laquelle je m’inquiétais, avec tant d’autres, de la disparition lente mais inexorable du cash. Et même si cette disparition n’est pas encore pour demain, je faisais part des peurs de certains observateurs à l’égard de la disparition de cet argent liquide, un des derniers remparts contre les intrusions du fisc ou du gouvernement dans notre vie privée. Sous prétexte de lutter contre la fraude fiscale ou le terrorisme, voire pour faciliter l’éclosion de la société numérique, le cash risque de disparaître, et nos libertés avec lui !

Autant l’avouer, cette chronique a eu beaucoup de répercussions et suscité beaucoup de crispations. N’avais-je, par exemple, pas été trop loin dans mon inquiétude ? Le patron d’une institution financière, et par ailleurs ami, m’a d’ailleurs rédigé un e-mail allant dans ce sens. Pourtant cela a eu pour effet, au contraire, de me convaincre un peu plus du bien-fondé de cette thèse sur la nécessité de garder le cash comme dernier rempart de nos libertés.

En effet, en Belgique, l’essentiel du patrimoine de nos compatriotes est composé bien souvent de la maison familiale, de livrets d’épargne, de cash et accessoirement de fonds de placement, de SICAV donc. Alors c’est vrai que les entrepreneurs ont encore la possibilité de jouer sur la valeur de leur entreprise pour se procurer une pension améliorée, même si avec le nouveau gouvernement cette pension sera indigeste à cause de la taxation sur les plus-values. Mais regardons les choses en face, aujourd’hui, pour la plupart des citoyens, les actions, les obligations et autres valeurs mobilières sont dématérialisées. On ne parle plus de titres au porteur. En clair, nos titres sont désormais connus du fisc, il n’y a plus d’anonymat. Notre propriété immobilière est enregistrée dans un cadastre, pas question donc de la dissimuler. Quant aux comptes bancaires, le fisc en connaît l’existence sans savoir le montant exact. Et encore, vu les précomptes professionnels et mobiliers qui sont retenus à la source, il serait possible pour le fisc de reconstituer le montant initial au départ de ces précomptes ! Sans oublier qu’en cas de décès, en principe, tous les avoirs du défunt sont bloqués, y compris les coffres.

L’unique et dernier espace de liberté pour l’honnête homme, c’est son cash

Par conséquent, l’unique et dernier espace de liberté pour l’honnête homme, c’est son cash. Mais même là, l’exemple de Chypre montre qu’en cas de crise aiguë, l’État peut bloquer notre dernier bien libre du jour au lendemain.

Il ne s’agit bien sûr pas de faire l’apologie du cash lorsque ce dernier sert à des fraudeurs ou à des terroristes par exemple, mais vouloir le supprimer comme veulent le faire certains banquiers centraux ne résoudra ni la fraude ni le terrorisme. Les terroristes ont des chaussures, ils utilisent nos routes et notre éclairage public et pourtant, il n’est pas question d’interdire la vente de chaussures, de fermer nos routes ou d’éteindre notre éclairage public.

Pourquoi vouloir supprimer le cash ? La question reste posée et suscitera, j’imagine, encore d’autres réactions auprès de nos auditeurs, ce dont je me félicite.

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