Pour ou contre une opération vérité sur les banques belges ?

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Les Vingt-Sept publieront les résultats des tests de résistance aux chocs financiers pays par pays. Voire banque par banque ? Est-ce seulement souhaitable ? L’avis de Serge Wibaut, professeur à l’UCL et administrateur de BNP Paribas Fortis.

Un an après les Etats-Unis, et à la demande de l’Espagne, les Vingt-Sept ont décidé d’organiser pour toutes les grandes banques européennes un test de résistance aux chocs financiers, le stress test. Ils rendront publics les résultats avant la fin juillet.

Une vingtaine d’enseignes transfrontalières comme BNP Paribas et Deutsche Bank seront concernées par la publication. Objectif : prouver aux marchés qu’ils n’ont pas à douter de la solidité des grandes banques du Vieux Continent. A condition de révéler les résultats de chacune d’entre elles ? Voici ce qu’en pense Serge Wibaut, professeur à l’UCL et administrateur de BNP Paribas Fortis.

Etes-vous favorable à cet exercice de transparence ?

Je suis entièrement d’accord sur le principe. Pour la simple et bonne raison que la plupart des banques dignes de ce nom procèdent déjà à ce genre de test. Qu’elles soient belges ou étrangères, cela n’a rien de nouveau pour elles. Le Fonds monétaire international (FMI) leur demande déjà de le faire chaque année. Par contre, je suis moins convaincu par le nombre d’institutions financières concernées. J’irais un peu plus loin qu’une vingtaine de banques. Autrement dit, je n’hésiterais pas à descendre d’un cran dans les hiérarchies bancaires nationales.

Faut-il dévoiler le nom des institutions financières testées et donner leurs résultats individuellement ?

Je suis intimement convaincu que montrer publiquement que le système bancaire peut supporter des chocs économiques et financiers est de nature à restaurer la confiance. Pour autant, je ne suis pas favorable à la divulgation du nom des banques belges testées. Encore moins à la divulgation de leurs résultats individuellement. Pourquoi ? Parce qu’on peut bien sûr changer la nature d’un test. On peut tester une banque par rapport à différents scénarios. On peut par exemple tester sa résistance à la crise grecque, à une crise potentielle sur les taux d’intérêt ou un problème de taux de change. Dès lors, pointer du doigt une institution parce qu’elle obtiendrait de mauvais résultats à un choc bien précis ne me paraît pas être une bonne idée. Cela reviendrait à augmenter la méfiance sur la base d’un seul scénario. Ce serait injuste et exagéré.

Si la Belgique ne communique pas ses résultats banque par banque alors que d’autres pays sont prêts à le faire, cela ne risque-t-il pas de donner l’impression qu’elles ont quelque chose à cacher ?

Si c’est l’Europe qui fixe les règles du jeu, il faut que celles-ci soient les mêmes pour tout le monde. On ne peut pas avoir un test à deux vitesses. Sinon, on risque de jeter la suspicion sur les pays qui ne divulgueraient pas les résultats individuels. Ce qui est important, c’est que les principales banques d’un pays puissent supporter certains chocs extrêmes sans tomber en faillite. Rendre publics les résultats individuels, c’est prêter le flanc à la spéculation.

Sébastien Buron

(Propos publiés dans le magazine Trends-Tendances du 24 juin 2010.)

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