Placer son argent sur un livret d’épargne, une bonne idée?

Faut-il encore placer son argent sur un livret d’épargne ou existe-t-il des alternatives valables? Trois questions à Johan Van Overtveldt, le rédacteur en chef de Trends.

Les Belges possèdent plus d’argent sur leur livret d’épargne que l’économie n’en produit en un an – déjà 417 milliards d’euros – et ce montant continue à augmenter. Le fait que l’intérêt sur un carnet d’épargne est plus bas que la dévaluation (en d’autres termes, épargner revient à perdre de l’argent) n’empêche pas le Belge d’épargner toujours plus.

Les Belges continuent à épargner de plus en plus. Est-ce une bonne idée ?

Johan Van Overtveldt: En général, les gens tentent de faire ce qui les met le plus à l’aise. Cette règle générale vaut également pour les décisions financières. Nous prenons des décisions en tenant compte de tout ce qui passe autour de nous – et cette connaissance n’est jamais complète pour personne.

Pour l’instant, de nombreux Belges estiment qu’ils feraient mieux d’épargner un peu plus. Selon moi, ce choix relève en grande partie de la grande incertitude caractéristique liée à l’environnement socio-économique et même sociétal.

L’économie est en récession, les entreprises ferment, les emplois se perdent: c’est l’actualité quotidienne. La façon dont les gouvernements traitent les budgets et les coûts liés au vieillissement n’inspire pas confiance non plus. La crise de l’euro n’en finit pas et la politique ne présente aucune solution structurelle crédible.

La guerre en Syrie, les attentats à Londres et à Paris et les manifestations en Turquie suscitent l’incertitude au niveau international. Compte tenu de ces événements, il est évident que de nombreux Belges estiment qu’ils feraient bien d’épargner un peu plus.

Cette ardeur à épargner est-elle problématique pour l’économie?

Johan Van Overtveldt: Juger le volume d’épargne croissant d’un point de vue collectif constitue une sérieuse paire de manches. À court terme, le surplus d’épargne freine la consommation et donc aussi la croissance économique. Dans un système économique qui fonctionne bien, le volume d’épargne généré dans l’économie passe dans des investissements, une autre composante du Produit Intérieur Brut. Si ce passage tourne parfaitement, l’épargne croissante n’affecte pas la croissance. Au contraire même : les investissements renforcent l’épine dorsale de l’économie et du système de protection social.

Aujourd’hui, le passage de l’épargne vers les investissements est insuffisant. Ce phénomène a trait à plusieurs facteurs.

L’environnement incertain joue un rôle pour les individus et les consommateurs, mais aussi pour les directeurs d’entreprise et les investisseurs. L’incertitude croissante mène à une plus grande réserve en matière d’investissements. Aujourd’hui, l’épargne croissante ne rend donc pas service à la collectivité vu que l’environnement est trop perturbé pour stimuler une transformation aisée de l’argent épargné en investissements productifs.

Existe-t-il une alternative au compte épargne?

Johan Van Overtveldt: Bien sûr. Surtout que la politique monétaire de l’Europe et du reste du monde pousse les taux d’intérêt de base en direction des 0%. Une loi d’acier du monde de la finance implique qu’il est toujours possible d’augmenter ses rendements en acceptant les risques plus élevés.

Les obligations d’entreprise permettent par exemple d’obtenir un rendement beaucoup plus élevé que ce qu’offre encore le livret d’épargne. Mais il est indéniable que cela revient à prendre des risques. Le risque de ne pas récupérer sa mise initiale dépasse celui lié au livret d’épargne.

Il faut donc se méfier des mythomanes qui proposent des rendements élevés à l’épargne gagnée à la sueur de votre front. Le rendement élevé n’impliquant aucun risque existe uniquement dans les romans bon marché.

EE

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