Philippe Lamberts continue de faire trembler la City, ses banquiers et leurs bonus

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Cinq ans et demi après le début de la crise, la hauteur des bonus des banquiers fait plus que jamais débat. Des études montrent que les banquiers britanniques et américains ont vu leur salaire variable (bonus) augmenter de près de 50% entre 2012 et 2013.

Barclays, la grande banque britannique, a fait très fort voici quelques jours en annonçant à la fois une baisse de ses bénéfices, la suppression de 12.000 postes, mais aussi la hausse de 10 à 13% des bonus de ses employés haut de gamme, dans la banque d’investissement notamment. Antony Jenkins, le patron de Barclays, a expliqué que face à une concurrence féroce, il se devait de recruter les meilleurs.

Mais il existe pourtant une réglementation européenne sur les bonus. “Le cas de Barclays est interpellant”, réagit l’eurodéputé vert Philippe Lamberts, un des parlementaires européens les plus actifs dans le domaine de la réglementation financière. “Les résultats baissent et les bonus augmentent. Tiens, ne nous avait-on pas dit que ces derniers étaient liés à a performance ?”, s’étonne-t-il.

Les bonus sont désormais encadrés et une directive européenne (CRDIV), entrée en vigueur cette année, interdit désormais aux banques de payer un bonus supérieur au montant du salaire fixe. Sauf cas exceptionnel (il faut que deux tiers des actionnaires soient d’accord).

Comme Dexia

“Les banquiers, notamment britanniques parce que c’est à la City que les salaires sont les plus élevés, étaient coincés, explique l’eurodéputé belge. Quelqu’un qui touchait auparavant 3 millions de livres, auparavant les percevait à hauteur de 0,5 million en fixe et 2,5 millions en variable. Pour obéir à la réglementation européenne, il doit désormais, s’il veut continuer à toucher le même montant, augmenter son salaire fixe et percevoir 1,5 million en fixe et 1,5 million en variable. Mais augmenter les salaires fixes implique des contraintes en termes de sécurité sociale et de pension.” Du coup, les banquiers ont inventé un système qui permet de gonfler le fixe sans payer de charges sociales supplémentaires : on leur verse une prime qui n’est pas liée à la performance, mais à leur fonction. Il semblerait que ce soit Goldman Sachs qui ait la première fait valider cette astuce auprès des autorités britanniques. Une ficelle similaire avait été utilisée en son temps par Dexia qui, lorsque Pierre Mariani dirigeait le groupe, avait inventé le versement au management d’une “prime de fonction”. Celle-ci avait permis à Pierre Mariani, qui ne pouvait pas toucher de bonus, de faire quand même passer son salaire fixe de 600.000 à 800.000 euros.

“Il faut choisir, rétorque Philippe Lamberts : soit cette prime est un salaire fixe, et alors elle doit engendrer le paiement de charges sociales. Soit il s’agit d’un bonus, mais il doit alors être comptabilisé comme tel”.

L’eurodéputé demande donc au régulateur bancaire, l’EBA, de faire respecter la réglementation européenne. “S’il apparaît que les autorités britanniques ont permis d’outrepasser les directives européennes, la Commission européenne doit se saisir du dossier et ouvrir une procédure contre le Royaume-Uni devant la Cour européenne de Justice”, dit-il, ajoutant qu’il compte saisir le Commissaire Michel Barnier prochainement du sujet.

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