Panama Papers: Mossack Fonseca, le cabinet par lequel le scandale est arrivé

© REUTERS

Le bureau Mossack Fonseca, cabinet d’avocats spécialisés dans le montage de sociétés offshore, est à la base des révélations sur plus de 214.000 de ces structures situées dans 21 pays et qui touchent notamment des chefs d’Etat, de gouvernement, des grands financiers ou encore des personnalités du sport et du show business. Issue du rapprochement des bureaux Fonseca et Mossack en 1986, cette société est l’un des champions mondiaux de la domiciliation des sociétés-écrans.

Dimanche, une centaine de médias de 76 pays, dont Le Soir, De Tijd, Knack et MO* pour la Belgique, ont fait éclater une bombe en divulguant les noms de centaines de personnalités publiques impliquées dans une vaste affaire d’évasion fiscale.

Ces révélations sont le fruit de “la fuite de données la plus massive de l’histoire du journalisme”, rendue possible par une source anonyme qui s’est adressé au quotidien munichois Süddeutsche Zeitung, qui a ensuite contacté l’International Consortium of Investigative Journalists afin de procéder à l’analyse des quelque 11,5 millions de documents fournis.

Dans l’oeil du cyclone, on retrouve le cabinet Mossack Fonseca. Fort de 500 employés et collaborateurs répartis dans une quarantaine de bureaux à travers le monde, la société a déjà été impliquée dans de nombreux scandales de nature fiscale. Elle est notamment citée dans le tentaculaire scandale Petrobras au Brésil ou encore dans les poursuites judiciaires qui ont touché en Allemagne Commerzbank avant que celle-ci n’accepte de payer une amende de 17 millions d’euros en octobre dernier.

En plus de trente ans de montages fiscaux, Mossack Fonseca a acquis un certain niveau de compétence pour s’adapter aux normes internationales constamment remises à jour pour lutter contre la fraude, le blanchiment et la corruption. Cependant, comme l’écrit Le Monde, cette entreprise serait impossible sans la complicité de quelque 14.000 banques et cabinets d’avocats fiscalistes qui jouent les intermédiaires financiers.

Mossack Fonseca balaie toutes les accusations dont il fait l’objet d’un revers de main. Dans une longue réponse envoyée au Guardian qui l’interrogeait sur ses activités, le bureau précise fournir à ses clients “des services administratifs largement disponibles et communément utilisés dans le monde”. Il rappelle qu’il est “légal et habituel” pour des entreprises d’établir des “entités commerciales dans différentes juridictions pour une variété de raisons légitimes”.

La société se défend de toute pratique frauduleuse en soulignant “avoir toujours respecté les protocoles internationaux (…) afin de s’assurer dans la mesure du raisonnable que les entreprises qu'(elle) incorpore ne soient pas utilisées pour de l’évasion fiscale, du blanchiment d’argent, du financement terroriste ou d’autres objectifs illicites”.

Mossack Fonseca, dont la discrétion et la confidentialité sont les valeurs les plus chères, a condamné avec force lundi les révélations de la presse, les qualifiant de “crimes” et d'”attaques” contre le Panama, selon les mots de son directeur Ramon Fonseca Mora.

Selon M. Fonseca, âgé de 64 ans, “c’est une attaque contre Panama car plusieurs pays n’apprécient pas que nous soyons très compétitifs pour attirer les entreprises”. “Il y a deux manières de voir le monde: la première est d’être compétitif et la seconde de créer des impôts”, a-t-il déclaré, ajoutant qu'”il y a une guerre entre les pays ouverts, comme le Panama, et les pays qui taxent de plus en plus leurs entreprises et leurs citoyens”.

Partner Content