Panama Papers: Dexia rattrapée par son passé…

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La BIL, filiale luxembourgeoise de Dexia jusqu’en 2011, aurait créé plus de 1.600 offshores. Notre ministre des Finances, Johan Van Overtveldt, demande une enquête.

Les Panama Papers, ces révélations massives sur la constitution de sociétés écrans, n’en finissent pas de faire des vagues. Ils confirment ainsi que de grandes banques ont eu recours aux services du cabinet panaméen Mossack Fonseca pour créer des sociétés offshore destinées à cacher le patrimoine de certains de leurs clients.

On cite HSBC, Credit Suisse, UBS, etc. La Société Générale française aussi aurait créé 979 sociétés offshore immatriculées par Mossack Fonseca et a été perquisitionnée voici quelques jours. A Luxembourg, plusieurs institutions ont eu aussi abondamment recours aux services du cabinet panaméen. Experta, une filiale de la BIL, aurait ainsi, entre 2002 et 2015, créé 1.659 sociétés offshore. Or la BIL, rachetée au début des années 1990 par le Crédit communal, a été une filiale de Dexia. Ainsi, un groupe sauvé deux fois (en 2008 et 2012) par le contribuable aurait accompagné les activités frauduleuses de certains de ses clients. Nos confrères du Soir et du Tijd pointent notamment un dossier de l’ISI (inspection spéciale des impôts) de 2009, pour lequel la banque n’aurait cependant pas été poursuivie.

Notre ministre des Finances Johan Van Overtveldt a réagi en estimant “inconcevable qu’une institution financière qui a été maintenue sur pied avec de l’argent du contribuable soit mêlée à une telle échelle, activement ou passivement, à de l’évasion fiscale”. Il demande l’ouverture d’une enquête. Pour Georges Gilkinet (Ecolo), ex-membre de la commission Dexia, “ces nouvelles révélations confirment qu’on est loin d’avoir envisagé tous les aspects des pratiques peu recommandables et peu prudentes de la banque”.

La BIL “prend les accusations au sérieux”

La BIL, désormais détenue par un fonds qatari, nous dit ne pas vouloir réagir aux réactions politiques en Belgique. La banque luxembourgeoise assure cependant qu’elle prend “les accusations au sérieux” et qu’elle va mener une enquête. La BIL ajoute toutefois qu’Experta a toujours respecté “les cadres légaux nationaux et internationaux”.

Les banquiers luxembourgeois s’inquiètent de la mauvaise image de Luxembourg que ces révélations suscitent. Carlo Thill, patron de la filiale luxembourgeoise de BNP Paribas (qui assure ne pas avoir monté, elle, de filiale au Panama) dit ainsi à nos confrères du magazine grand-ducal Paperjam, être “un peu déçu, parce que cette affaire tombe au moment où la plupart des banques luxembourgeoises ont fait d’énormes efforts pour nettoyer leur fonds de commerce”. Il précise que les Panama Papers concernent de vieilles pratiques qui n’ont plus cours. “C’est la finance d’hier”, dit-il.

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