Où placer ses liquidités à l’abri de l’inflation ?

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Nouveau coup dur pour les épargnants ! Après la chute des taux, c’est au tour de l’inflation grandissante de venir manger leurs économies. Comment contrer cette perte de pouvoir d’achat ? Où placer ses liquidités à l’abri de l’inflation ? Nos conseils pour que vos placements ne soient pas laminés.

Après la chute des taux, l’inflation ! Mettre de l’argent de côté devient décidément de plus en plus compliqué. Non seulement le carnet d’épargne ne rapporte plus rien, mais en plus l’argent déposé dessus perd de la valeur. Avec une inflation qui atteint les 2,65 % en janvier, alors que le rendement du carnet de dépôt (où dorment 261 milliards d’euros) n’offre bien souvent plus que 0,11 %, prime de fidélité comprise, l’épargnant s’enfonce en effet dans le rouge. Le bas de laine traditionnel du citoyen prudent dégage en effet un rendement réel négatif à hauteur de… 2,5 % ! Sans risque, avantageux fiscalement (exonération de précompte mobilier de 15 % jusqu’à 1.880 euros d’intérêt par personne) et pratique, le compte d’épargne est donc aujourd’hui synonyme de perte de pouvoir d’achat. En réalité, 10.000 euros placés pendant un an sur un livret assorti de ce taux minimum de 0,11 % ne vaudront plus d’ici 12 mois que… 9.750 euros ! Soit 250 euros de moins. Où dès lors se réfugier ? Comment protéger son patrimoine contre l’inflation ? Suivez le guide.

1. N’espérez pas mieux pour votre compte-épargne

Rares sont ceux en effet qui prédisent une remontée des taux d’intérêt à court terme malgré ce retour de l’inflation en zone euro (lire l’encadré ” Personne ne perd autant d’argent que l’épargnant belge “). Au contraire, la plupart des experts s’attendent à ce qu’il faille se contenter de taux proches de zéro pendant un bon moment encore. ” Au moins en tout cas tout au long de l’année 2017 “, estime Bernard Bemelmans, senior investment advisor chez Belfius. Celui-ci ne voit aucune amélioration de la rémunération du livret d’épargne avant début 2018, compte tenu de la politique monétaire de la BCE jugée d’ailleurs bien trop accommodante par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble et l’ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Jacques de Larosière. ” La pression sur le rendement réel du carnet d’épargne va rester forte tout au long de cette année “, abonde Xavier Timmermans, strategist chez BNP Paribas Fortis Wealth Management. Le rendement pourrait même encore baisser dans les banques qui n’ont pas encore touché le minimum légal. Un minimum légal qui pour rappel est fixé à 0,11 % (taux de base de 0,01 % + prime de fidélité de 0,10%). Soit, comme mentionné en préambule de cet article, un niveau totalement insuffisant pour compenser le taux d’inflation de 2,1 % attendu pour 2017, selon les estimations du Bureau du Plan (contre 1,97 % en 2016 et 0,56 % en 2015).

2. Ne gardez dessus que ce qui est nécessaire

Les épargnants belges sont les premières victimes de la politique de taux d'intérêt anormalement bas de la BCE.
Les épargnants belges sont les premières victimes de la politique de taux d’intérêt anormalement bas de la BCE.© BELGAIMAGE
10.000 euros placés pendant un an sur un livret assorti du taux minimum de 0,11 % ne vaudront plus d’ici 12 mois que… 9.750 euros !

Preuve que cette pression devrait rester forte, Belfius, par exemple, vient encore d’abaisser les conditions de son compte à versement mensuel Epargne + (maximum 500 euros par mois). Si le taux de base reste inchangé à 0,01 %, la prime de fidélité passe quant à elle de 0,75 % à 0,50 % (soit un taux global de 0,51%). Le 1er février dernier, Deutsche Bank a également revu à la baisse le taux de son compte à versement mensuel DB Saving Plan (maximum 500 euros par mois). Son taux de base a été abaissé à 0,90 % (contre 1 % auparavant) et sa prime de fidélité a quant à elle été rabotée de 0,20 % pour tomber à 0,30 %. Avec d’autres comptes comme le Step Up de Beobank (1,20%) ou le ME3 de MeDirect (0,80%), le compte de Deutsche Bank, dont le rendement global pointe donc à 1,20 %, reste néanmoins intéressant. Mais hormis ces quelques rares exceptions plus rémunératrices, qui excluent toutefois les gros transferts d’épargne, ” il est plus que jamais recommandé de ne plus placer sur un livret ordinaire que le nécessaire, c’est-à-dire l’épargne de précaution pour les dépenses imprévues ou l’argent visant à financer un projet à moyen terme “, conseille Bernard Bemelmans.

3. Ne pas nécessairement gagner, mais ne pas perdre

Le contexte n’est pas bon non plus pour les obligations. Elles n’aiment ni l’inflation qui dévalorise leurs revenus (coupon) ni la hausse des taux qui leur fait perdre de la valeur sur les marchés. Autrement dit, ” l’épargnant qui investit de manière trop prudente court le risque de voir son pouvoir d’achat s’affaiblir au fil du temps “, prévient Bernard Bemelmans. ” Même avec des emprunts d’Etat qui rapportent trois fois plus qu’il y a un an, il est perdant, ajoute-t-il. Investir aujourd’hui dans une OLO à 10 ans qui procure 0,80 % va en effet lui faire perdre un bon pour cent si on tient compte d’une inflation de 2 %, et cela pendant plusieurs années. ” Un avis que partage Xavier Timmermans pour qui il faut carrément oublier les obligations d’Etat de la zone euro en 2017. ” Un demi pour cent de hausse des taux longs se traduit en moyenne par une perte en capital de l’ordre de 3 % pour les obligations existantes “, tranche l’expert de BNP.

Ceci ne veut toutefois pas dire qu’il faille exclure tous les types d’obligation d’un portefeuille, qui doit toujours être diversifié. Mais il convient de faire des choix. Ainsi du côté de Deutsche Bank, on privilégie les obligations d’entreprises américaines de bonne qualité (investment grade). A titre de diversification, Xavier Timmermans préconise lui ” des obligations d’entreprises high yield (rendement plus élevé, de 3 à 4%) qui ont une durée relativement courte et sont donc peu sensibles à une remontée des taux longs. Profitant de l’amélioration du contexte économique – moins de risque de faillite -, elles procurent un rendement supplémentaire “.

4. Un peu d’obligations liées à l’inflation

Toujours côté obligataire, Jérôme van der Bruggen, head of investments private banking chez Degroof Petercam, porte lui ses préférences sur les obligations indexées sur l’inflation, c’est-à-dire qui apportent une protection contre la hausse du coût de la vie (par exemple, les TIPS américains, pour Treasury Inflation Protected Security). L’astuce ? La valeur nominale de l’emprunt augmente avec l’inflation de même que le coupon. A l’échéance, l’investisseur se voit ainsi rembourser un montant indexé, si bien que son pouvoir d’achat est identique à celui du moment de l’émission. Intéressant ? ” Depuis le mois de juillet dernier, le marché obligataire traditionnel souffre tandis que les obligations indexées à l’inflation résistent, souligne Jérôme van der Bruggen. Les bons du trésor américain ont ainsi perdu plus de 4 % depuis l’été tandis que les obligations liées à l’inflation n’ont perdu que 0,5 % (hors effet devise). ” Mais attention à la fiscalité sur ce type d’obligations (taxation des plus-values) : avant d’y investir, demandez un avis à un expert. Surtout avec un précompte mobilier qui est passé maintenant à 30 %.

5. Acceptez de prendre un peu de risque

En raison des taux d'intérêt à niveau plancher,
En raison des taux d’intérêt à niveau plancher, ” les actions restent un levier de choix pour faire décemment fructifier son patrimoine “, indique Bernard Bemelmans, ” senior investment advisor ” chez Belfius.© BELGAIMAGE

Le lecteur aura compris que pour maintenir son pouvoir d’achat lorsque l’inflation s’accélère et que les taux sont au plus bas, il n’y a pas beaucoup d’autres choix que de partir à la recherche de placements plus offensifs. Autrement dit, ” il faut accepter de prendre un peu de risque “, avance Bernard Bemelmans. A cet effet, diverses formules permettant aux épargnants de verser chaque mois un certain montant dans un ou plusieurs fonds choisis en fonction du profil de risque se multiplient sur le marché belge. Il s’agit d’une épargne automatique où le client choisit lui-même combien et à quelle fréquence il souhaite investir dans un ou plusieurs fonds diversifiés (actions, obligations, zones géographiques, etc.). Chez Belfius, c’est par exemple le Plan Bonds qui, tout en offrant un profil de risque défensif, a réussi à dégager un rendement annuel moyen de 3,3 % brut au cours des 10 dernières années, au-delà donc de l’inflation de 2 % attendue pour cette année. ” Epargner de manière régulière dans des fonds diversifiés est la meilleure façon d’investir à long terme, renchérit Xavier Timmermans. Cela résout non seulement le problème de la complexité mais aussi celui du timing des achats. ” En effet, ” les versements à intervalles réguliers permettent d’éviter d’investir au plus mauvais moment “, indique Jean-Michel Segers, directeur marketing de Deutsche Bank, où cette solution est accessible dès 100 euros par mois. Mais, ajoute-t-il, ” nos clients investissent mensuellement entre 200 et 300 euros par mois très souvent en combinaison avec un approvisionnement récurrent sur un meilleur compte d’épargne “. Idem chez BNP Paribas où les versements dans ces plans d’investissement (Flexinvest) ont quasiment doublé en 2016 pour atteindre 304 euros par mois en moyenne. KBC indique de son côté que le nombre de plans d’investissement a augmenté de 40 % l’an dernier. Attention tout de même aux frais d’entrée de ces plans d’investissement. Ils ne sont pas partout gratuits comme c’est notamment le cas chez Deutsche Bank.

6. Surfez sur la vague des fonds indiciels

Il est un autre type de placement plus offensif qui permet de faire fructifier ses économies sans prendre trop de risque : les Exchange Traded Funds (ETF, etc.), souvent appelés trackers ou fonds indiciels, qui répliquent les performances d’un indice boursier comme le BEL 20 ou l’Euro STOXX 50. Connaissant un beau succès aux Etats-Unis, ils gagnent du terrain en Europe, y compris chez nous. De plus en plus de banques belges proposent des alternatives au compte d’épargne via les trackers.

C’est le cas par exemple de Belfius et de son tout nouveau Personal Global Portfolio. Celui-ci investit dans un fonds composé de trackers (Vanguard, Lyxor, etc.) selon trois profils de risque différents (low, medium et high). Depuis son lancement en octobre dernier, c’est-à-dire en quatre mois à peine, il a collecté pas moins de 600 millions d’euros. Côté performance, cette dernière se monte pour le compartiment high à 1,8 % brut (hors frais). Bref, ” c’est un énorme succès “, avance Bernard Bemelmans. Seul bémol : un seuil d’entrée fixé à 50.000 euros qui en fait un produit réservé à une clientèle plus aisée.

Plus accessibles sont les offres de Keytrade et celle lancée récemment par le courtier en ligne Binck. Les tickets d’entrée s’élèvent à 25.000 euros chez Binck et à 15.000 euros chez KeyPrivate. Le tout pour des frais annuels allant de 0,60 à 0,75 %. Encore plus démocratique est la solution de gestion en ligne de la petite start-up belge Easyvest qui propose un portefeuille de trackers à partir de 5.000 euros. Quant au ” robot-conseiller ” Birdee, il s’apprête à lancer un service du même genre à partir de 1.000 euros. Cerise sur le gâteau : une autre grande banque de la place serait, paraît-il, sur le point de se lancer sur ce créneau de la gestion passive.

2,1%, c’est le taux d’inflation attendu pour 2017, selon les prévisions du Bureau du Plan.

7. Actions : il va falloir s’y mettre

Avec des taux d’intérêt à leur plus bas niveau depuis les années 1940, ” les actions restent un levier de choix pour faire décemment fructifier son patrimoine, pointe Bernard Bemelmans chez Belfius, du moins pour ceux qui n’y sont pas complètement allergiques “. De fait, ” les actions procurent sur longue période une bonne protection contre l’inflation dans la mesure où elles représentent des actifs réels (bâtiments, machines) “, signale Xavier Timmermans. Or, les marchés pourraient malgré leur volatilité tout de même croître de plus ou moins 5 % en 2017, estime Frank Vranken, chief strategist de Puilaetco Dewaay. Une estimation en ligne avec la plupart des pronostics qui tablent pour cette année sur une progression de 5 à 10 % des Bourses mondiales, ” si les éléments d’ordre politique ne viennent pas remettre en question les perspectives de croissance (Trump, élections en France, etc.). En Europe, l’expert de Puilaetco Dewaay marque notamment sa préférence pour les actions de type value – c’est-à-dire bon marché mais qui pourraient bénéficier d’un phénomène de rattrapage avec les prévisions revues à la hausse du FMI – ainsi que pour les secteurs plus cycliques comme les matériaux et l’industrie, portés par l’évolution positive des matières premières, le regain d’inflation et l’amélioration de la consommation. On songe notamment ” aux valeurs financières européennes qui ont été fortement sanctionnées en Bourse ces dernières années “, note Bernard Bemelmans.

Les versements à intervalles réguliers permettent d’éviter d’investir au plus mauvais moment.” Jean-Michel Segers, directeur marketing de Deutsche Bank

Pour les actions américaines, la hausse des investissements dans les infrastructures devrait soutenir le secteur de la construction, tandis que les perspectives pour la défense, l’énergie, le secteur minier, le secteur pharmaceutique et l’assurance semblent également positives. Du côté de BNP Paribas Fortis, on estime que la transformation numérique continuera d’être la clé du succès. Ses gestionnaires s’intéressent particulièrement à l’industrie 4.0 : le cloud computing, les capteurs et l’industrie 3D, la robotique avancée, les objets connectés, l’intelligence artificielle, la cyber-sécurité. ” Même si dans chaque industrie, il existe des entreprises qui sont dotées d’un bon pricing power, c’est-à-dire capables de relever leurs prix en cas d’inflation et donc capables de maintenir leurs marges bénéficiaires et donc aussi leurs dividendes “, recommande Xavier Timmermans.

8. Changer ses habitudes avec de l’assurance-épargne

 L'investissement immobilier reste très prisé des Belges. Il faut néanmoins compter plus de sept ans pour amortir les frais liés à l'acquisition d'un bien. Dès lors, certains préconisent d'investir dans l'immobilier papier.
L’investissement immobilier reste très prisé des Belges. Il faut néanmoins compter plus de sept ans pour amortir les frais liés à l’acquisition d’un bien. Dès lors, certains préconisent d’investir dans l’immobilier papier.© BELGAIMAGE

Aujourd’hui, Désiré Godfroid, CEO du bureau de courtage Patrimonia, tente de guider les épargnants les plus indécis vers l’assurance-épargne, qui peut aussi être un outil intéressant dans le cadre d’une gestion patrimoniale. Celle proposée actuellement par Patrimonia permet au client d’accéder à des plans du type de ceux commercialisés par les grands acteurs du marché en assurance (Easy Fund Plan chez Ageas, par exemple) à partir de 50 euros par mois. Les montants sont investis dans un contrat d’assurance en branche 23, et ce, afin de bénéficier de l’exonération du précompte mobilier et de la taxe sur les opérations de Bourse (TOB). Le portefeuille est composé de fonds d’actions, de fonds mixtes et monétaires. Afin de tranquilliser l’épargnant, explique Désiré Godfroid, nous y intégrons régulièrement deux options : l’une qui permettra de sécuriser les plus-values obtenues, l’autre qui limite les pertes en cas de baisse de marché. Les montants ainsi protégés sont automatiquement réinvestis mensuellement dans les poches flexibles et actions, sur une durée déterminée par le client afin de profiter une nouvelle fois du lissage d’investissement. Ce mécanisme permet au client de profiter de la hausse des marchés, tout en se protégeant d’une mauvaise surprise. ” Ici aussi, attention aux frais d’entrée et de gestion (plus ou moins 2%) et à la taxe d’assurance de 2 %. Certaines compagnies prélèvent aussi des frais de sortie, certes dégressifs au fil du temps, mais néanmoins non négligeables. A titre indicatif, le Fonds garanti d’AFER Europe+, une assurance-épargne de la branche 21, a dégagé lui un rendement net appréciable de 2,65 % en 2016.

9. L’immobilier, encore et toujours

Pour les gestionnaires de BNP Paribas Fortis Wealth Management, une exposition directe aux actifs réels permet également de garantir des rendements à long terme intéressants, de renforcer la protection d’un patrimoine contre l’inflation et d’en réduire le risque baissier. Parmi ces placements anti-inflation à long terme figurent, selon les experts de BNP, les métaux précieux (comme l’or), les exploitations agricoles et les forêts, et bien évidemment la brique. L’immobilier reste il est vrai un placement que le Belge connaît bien et avec lequel il est possible de se mettre à l’abri de la hausse du coût de la vie, tout en profitant de rendements supérieurs à ceux de la plupart des actifs sans risque. Or, ” nous ne nous attendons pas à une baisse des taux car nous avons déjà atteint un seuil sous lequel les taux ne descendront plus, observe Sébastien Degand, responsable des crédits aux particuliers chez BNP Paribas Fortis. Dans le même temps, nous ne nous attendons pas non plus à une remontée importante des taux, même si une légère hausse de 0,50 % n’est pas exclue. Dans ce contexte, nous envisageons une croissance des ventes de logements et des prix des habitations qui devraient gagner quelques pour cent cette année. ” Notons à ce propos qu’un crédit sur cinq est réservé chez BNPP Fortis à l’achat d’une résidence secondaire, quel que soit le but (mise en location, à des fins récréatives) et quelle que soit la destination géographique. Près de 90 % de ces prêts sont d’ailleurs destinés à l’achat d’une seconde résidence en Belgique. Mais attention ” aux tracas administratifs et à une éventuelle taxation des revenus locatifs “, avertit Bernard Bemelmans. ” Vu les prix élevés de l’immobilier et l’augmentation du précompte, rappelle pour sa part Désiré Godfroid, il faut compter plus de sept ans pour amortir les frais liés à l’acquisition d’un bien (droit d’enregistrement, etc.). Il peut dès lors être plus intéressant d’opter pour de l’immobilier coté (SIR style Cofinimmo, etc.) qui est nettement plus liquide en cas d’imprévu ou de planification patrimoniale “, estime le CEO de Patrimonia. Ceci n’empêchera toutefois pas ceux qui souhaitent financer des investissements économiseurs d’énergie, de pouvoir faire de bonnes affaires. A ce niveau, signale le site guide-epargne.be, il est encore possible de trouver des taux inférieurs à 2 %.

10. Gérez les frais

Maintenir un return décent passe enfin par diverses ficelles pour économiser sur les frais. A ce propos, certaines compagnies d’assurance comme Allianz ou Generali remboursent pour le moment la taxe de 2 % perçue sur les primes versées.

Dans un autre registre, placer son argent dans un portefeuille de trackers chez Easyvest coûte de 0,5 à 1 % par an du montant investi (TVA comprise). Le prix comprend l’accès au site internet, les conseils, les frais de courtage et les droits de garde. Au total, cela fait donc 100 euros de frais pour un portefeuille de 10.000 euros confié à la petite start-up belge. Un tarif qu’il faut comparer, dit-on du côté d’Easyvest, avec les 1,43 % en moyenne rapportés par Morningstar pour un fonds acheté dans une banque contenant des actions et des obligations. La facture peut même facilement dépasser les 2 % en banque privée. Un conseil : ” Beaucoup de choses peuvent se négocier au niveau des tarifs en banque privée mais peu le font par ignorance, surtout quand on découvre le monde de la gestion “, glisse Matthieu Remy, fondateur d’Easyvest.

Personne ne perd autant que l’épargnant belge
Où placer ses liquidités à l'abri de l'inflation ?
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C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par le professeur Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management (Lille). Selon ses calculs, les épargnants belges sont les premières victimes de la politique de taux d’intérêt anormalement bas de la BCE. C’est en effet en Belgique que les taux nominaux sur les comptes d’épargne ordinaires sont les plus bas de la zone euro pour les nouveaux dépôts, proches de zéro dans les deux cas. D’un autre côté, c’est également en Belgique que l’inflation est la plus élevée avec un taux qui tutoie la barre des 2 % en 2016, bien au-dessus de celui observé en Autriche (0,97%), qui arrive en deuxième position. Résultat des courses : c’est en Belgique que le taux d’intérêt réel sur l’épargne, soit la différence entre le taux d’intérêt nominal et le taux d’inflation, est le plus bas, avec la Lettonie. Ce taux d’intérêt réel moyen s’élevait ainsi à – 2,03 % chez nous, tout comme en Lettonie, selon les calculs d’Eric Dor. Ce taux d’intérêt réel est également négatif en Allemagne (- 1,31%), où de nombreuses voix s’élèvent contre la politique de la BCE, et en France (- 0,03%), mais est positif aux Pays-Bas (0,06%) et en Italie (1,07%) notamment. Or,un taux d’intérêt réel négatif signifie que les épargnants perdent du pouvoir d’achat en économisant puisque la somme dont ils disposent après avoir épargné (capital et intérêts) est inférieure à celle qu’ils auraient pu utiliser au départ s’ils avaient tout dépensé tout de suite plutôt que d’épargner. La perte de pouvoir d’achat des épargnants belges est maximale, souligne Eric Dor. En 2016, ils ont perdu 2 % de pouvoir d’achat sur leurs dépôts, “ce qui est énorme”, dit-il.

La plateforme en ligne Bolero (groupe KBC), octroie elle un ” bon ” de 2 % en frais de courtage gratuit sur la première tranche de 10.000 euros amenée chez elle. Quant à Deutsche Bank, elle propose carrément de l’argent cash. Jusque fin mars, la banque propose une ristourne de 1 % (pouvant aller jusque 10.000 euros) sur la valeur d’un portefeuille de titres en provenance d’une autre banque. Ristourne à laquelle s’ajoute le remboursement des frais de transfert jusqu’à 500 euros maximum (valable sur les fonds, les obligations, les bons de caisse et les produits structurés mais pas pour les actions). Plus concrètement, un client qui arrive avec un portefeuille de 100.000 euros auprès de la succursale belge du géant allemand, encaissera 1.000 euros en cash. Un cash-back auquel s’ajoutera en plus le remboursement des frais de transfert de maximum 500 euros. Bref, “la première manière de protéger son rendement, c’est d’éviter de payer des frais inutiles”, conclut Jean-Michel Segers.

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