Nos grands banquiers délaissent-ils le private equity ?

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On peut se poser la question. Suite aux difficultés rencontrées par certaines PME wallonnes dans la recherche de partenaires financiers belges pour soutenir leur croissance.

Ontex devrait être bientôt cédé par sa maison mère, Candover, aux pros du private equity Goldman Sachs et Texas Pacific Group. Le dernier exemple en date – bien qu’Ontex ne soit plus à proprement parler “belge” – d’un mouvement de fond en Belgique. Analyse.

L’annonce de la vente d’Eurogentec, principalement détenue par Jean-Pierre Delwart et sa famille, aux Japonais de Kaneka a fait beaucoup de bruit dans le petit monde des affaires wallon. “Si même le patron des patrons wallons en vient à céder le contrôle de son entreprise à des investisseurs étrangers, où va-t-on ?”, se sont demandé certains.

D’autres PME wallonnes se sont elles aussi tournées vers l’étranger dernièrement pour assurer leur avenir. Songez, entre autres, à Open ERP, spécialisée dans les logiciels de gestion pour entreprises et services publics, qui n’a pas trouvé de financiers en Belgique et qui a dû se tourner vers des Français. Mais aussi à IP Trade, PME liégeoise active essentiellement sur le marché des téléphones IP pour salles de marché, qui a dû franchir les frontières pour dénicher des capitaux privés et financer ainsi sa croissance future.

D’où la question : suite à la crise, les principales banques de la place jouent-elles moins ce rôle d’investisseur privé ? Ont-elles choisi de mettre leurs activités de private equity en veilleuse ? Et ce, au profit du financement des entreprises via le crédit ? Un créneau moins risqué sur lequel la plupart d’entre elles misent beaucoup pour le moment.

“Business as usual” sauf chez KBC

La réponse à ces interrogations est négative. “Nous continuons à investir dans des sociétés en croissance, soit par le biais de participations minoritaires, soit par le biais de financements mezzanine (Ndlr : des prêts qui peuvent être transformés en participation au capital)“, assure Liliane Tackaert, porte-parole de BNP Paribas Fortis. Même son de cloche chez ING Belgique où de la place existe pour de nouveaux investissements : “Nous disposons d’une enveloppe de 200 millions d’euros, dont 120 sont actuellement investis, indique Luc Van de Steen, directeur des activités de private equity. Il nous reste donc 80 millions à investir dans les années à venir. Il n’y a aucune contrainte nouvelle par rapport à la situation qui prévalait avant la crise.”

Pas de véritable changement de politique non plus chez Dexia Banque où, malgré les soubresauts économiques, “on continue à investir dans les trois secteurs-clés proches de notre métier de banquier du secteur public, à savoir les cleantech, l’immobilier et l’infrastructure au sens large”, avance Peter Vermeiren, responsable du département structured finance, corporate finance et private equity.

Il n’y a guère que chez KBC que les choses ont changé. Conformément à l’accord trouvé avec la Commission européenne dans le cadre de son sauvetage, la banque a décidé de se séparer de son pôle private equity. Faute d’offres suffisamment intéressantes, KBC y a pour le moment toutefois renoncé. A terme, son objectif reste malgré tout de s’en séparer, lorsque les conditions de marché seront meilleures. En attendant, le portefeuille ne sera pas élargi. “Il restera ce qu’il est, tout en préservant la valeur pour KBC et les actionnaires des entreprises dans lesquelles KBC a pris des participations”, précise-t-on du côté de l’avenue du Port.

Sébastien Buron

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