Les raisons d’une semaine de panique boursière

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De la crise grecque aux spéculateurs, en passant par le bug de Wall Street et une épidémie de panique : les marchés ont été mis sous pression la semaine dernière. Explications.

La crise grecque :110 milliards d’euros pour aider la Grèce ? La semaine aurait pu débuter dans la sérénité. Il n’en a rien été. Les investisseurs doutent de la fiabilité du plan de soutien et de la capacité de la Grèce à entrer en cure d’austérité. Résultat : dès le lundi 3 mai, l’euro recule nettement face au dollar, et le marché des taux ne s’améliore que très modérément. Mercredi, la violence du mouvement de protestation grec renforce les inquiétudes.

La rumeur espagnole : mardi, les rumeurs les plus folles sur l’Espagne – le pays aurait besoin de 280 milliards d’euros et ferait appel au FMI, sa note pourrait être dégradée par Fitch et Moody’s – circulent sur les marchés, les faisant plonger considérablement. Même le démenti officiel ne parvient pas à rétablir la quiétude des investisseurs qui craignent de plus en plus la contagion de la crise grecque à d’autres pays.

La crainte de la contagion : l’Espagne est bien sûr visée, mais aussi le Portugal ou encore L’Irlande et le Royaume-Uni. Ces pays seraient très exposés au risque souverain via leur système bancaire. Jeudi dernier, c’est l’Italie qui fait l’objet de toutes les attentions des marchés : elle vient de réviser à la baisse ses perspectives de croissance et à la hausse ses perspectives d’endettement pour 2010. Parallèlement, les agences de notation font monter la pression, tantôt en baissant les notes des pays visés, tantôt en pointant du doigt le niveau de leurs taux d’intérêt.

“C’est toute la difficulté de ces situations critiques, analyse Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC. Avec leur pessimisme, analystes financiers et agences de notation mettent la pression sur les taux d’intérêt alors même que les Etats, pour rembourser leur dette, sont obligés de se refinancer sur les marchés. Résultat : les taux d’intérêts augmentent par anticipation et la crainte suscitée par le niveau des taux n’en est que renforcée.”

Le bug de Wall Street : jeudi, c’est toute la planète finance qui tremble l’espace d’un instant. Vingt minutes exactement, durant lesquelles le Dow Jones s’effondre de 9 %. Des ordres massifs et erronés de vente de titres semblent avoir été passés sur le marché Nasdaq où s’échangent aussi des valeurs cotées sur le New York Stock Exchange. Pareille chute instantanée ne s’était jamais produite dans l’histoire de Wall Street. Une erreur de trading pourrait être à l’origine de ce mouvement de panique. Une enquête est en cours. L’indice phare finit sa journée en chute de 3,2 %, le plus fort recul depuis avril 2009.

La déception sur la BCE : le même jour, c’est une autre déception qui vient entacher un peu plus le moral des marchés. Il n’y avait aucune raison d’espérer, et pourtant : les marchés misaient gros sur la BCE pour qu’elle finance les déficits publics en créant de la monnaie. Mais elle se refuse, sans surprise, à racheter des créances “illiquides” aux banques de la zone euro affectées par la panique.

La psychologie des marchés et la volatilité :la panique est contagieuse, et particulièrement en Bourse. Cette semaine, le pic de stress a été partagé par tous les investisseurs sur l’ensemble des Bourses mondiales. “L’élément psychologique ainsi que la volatilité des cours, très importante en période de forte baisse, ont probablement eu beaucoup d’impact sur les marchés”, estime Jean-Louis Mourier.

La spéculation : les gouvernements accusent les spéculateurs d’être à l’origine de la plupart des maux de la semaine. Et il est fort probable que la spéculation ait accentué la pression sur les marchés. Pour autant, c’est bien la situation très inquiétante de la dette des Etats qui justifie cette panique, selon Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de haute finance à Paris.

Julie de la Brosse, L’Expansion.com

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