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Les optimistes ont-ils une plus grande chance de bien gagner leur vie ?

L’argent rend-il optimiste ou les optimistes ont-ils une plus grande chance de bien gagner leur vie ?

Alors que Donald Trump a le chic pour annoncer, formules décoiffantes et sourire Colgate à l’appui, le déclin de l’Amérique voire de la civilisation, certains de ses compatriotes (qui n’ont rien à lui envier d’un point de vue financier) préfèrent prendre sagement la plume pour donner au monde une bonne leçon d’optimisme. Warren Buffett et Bill Gates ont, dans la lettre annuelle envoyée ces derniers jours à leurs actionnaires respectifs, adopté un ton résolument optimiste. Dieu que ça fait du bien.

Commençons par Warren Buffett, le patron de l’empire financier Berkshire Hathaway – qui soit dit en passant affiche une santé hors norme, avec un bénéfice en hausse de 21 % en 2015 (et une performance globale sur 50 ans d’existence de 1.800.000 % ! ). Aux parents qui craignent de voir leurs enfants vivre nettement moins bien qu’eux, il répond ceci : ” Toutes les familles de mon voisinage, qui représentent une classe moyenne aisée, ont un niveau de vie supérieur à celui de John Rockefeller au moment de ma naissance. Sa fortune inégalée à l’époque n’aurait pu lui offrir le transport, les loisirs et les soins de santé dont la plupart jouissent actuellement. ” Pour Buffett, le gâteau partagé par la prochaine génération sera bien plus gros qu’aujourd’hui. Et, s’il ne sera pas partagé équitablement, même ceux qui n’auront pas les compétences les plus valorisées par le marché profiteront de bien plus de biens et services que ce fut le cas par le passé.

L’argent rend-il optimiste ou les optimistes ont-ils une plus grande chance de bien gagner leur vie ?

Quant à Bill Gates, il clame sa foi dans la capacité de l’homme à endiguer le réchauffement climatique. Même si son postulat de départ n’est pas si optimiste. Il part d’une équation simple : P (la population mondiale) x S (les services consommateurs d’énergie comme l’éclairage, le chauffage ou le transport) x E (l’énergie nécessaire à ces services) x C (les émissions de CO2 par unité d’énergie produite) = TCO2 (les émissions totales de CO2). Pour stopper le réchauffement climatique, il faudrait vivre dans une société sans carbone et donc parvenir à annuler l’un des facteurs de la première partie de l’équation. Etant donné que les deux premiers facteurs sont voués à augmenter (car même si les sociétés développées diminuent leur consommation, le développement des autres fera davantage que compenser cette baisse), on ne peut jouer que sur E et C. Mais si le progrès technique permet d’augmenter les rendements énergétiques, on ne peut raisonnablement pas imaginer faire mieux que diminuer E de moitié : la seule solution pour sauver le climat est donc de faire tendre C vers zéro. Or dans l’état actuel des choses, ni le solaire, ni l’éolien, ni l’hydraulique, ni le nucléaire n’offrent des perspectives acceptables d’un point de vue de la sécurité d’approvisionnement et du coût. Il faudra donc une innovation majeure dans le secteur pour sauver la planète. Et voilà l’optimiste qui parle : Bill Gates est convaincu qu’elle sera découverte dans les 15 prochaines années. Il a d’ailleurs décidé d’investir 1 milliard de dollars de sa fortune personnelle dans ce domaine.

A-t-il soufflé cela à l’oreille de Gérard Mestrallet, le patron d’Engie (ex GDF Suez) ? L’annonce faite par le groupe de se délester de 15 milliards d’actifs ” traditionnels ” pour investir dans l’équivalent d’actifs ” de croissance ” – activités peu carbonées et faiblement exposées au risque de prix – va en tout cas dans le même sens. Cela dit, les chances qu’un acteur comme celui-là soit à l’origine de l’innovation qui sauvera l’humanité sont faibles… mais quand il s’agit de sauver sa peau, mieux vaut se ranger du côté des winners. Soit les Elon Musk de ce monde qui alimentent sans doute la foi de Bill Gates.

Et pour finir, cette question : l’argent rend-il optimiste ou les optimistes ont-ils une plus grande chance de bien gagner leur vie ? Il ne fait aucun doute que l’on préfère la seconde option, tellement plus… optimiste.

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