“Les investisseurs ont les yeux rivés sur les Etats-Unis”

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Pour Stéphane Prévost, fondateur et directeur général de la Responsable Financière, ce ne sont plus les résultats d’entreprise qui commandent les Bourses mais les indicateurs de l’économie réelle. Illustration avec les bons chiffres de la production manufacturière américaine.

Les places boursières mondiales ont fortement progressé mercredi après la publication d’une accélération surprise de la production industrielle aux Etats-Unis. Le Cac 40, l’indice vedette de la place parisienne, a ainsi terminé la séance sur un bond de 3,81%… qui lui permet seulement de repasser le seuil des 3.600 points. Car l’indice français accuse toujours un déficit de près de 8 % par rapport au début de l’année. Des fluctuations qui ne surprennent pas Stéphane Prévost, fondateur et directeur général de la Responsable Financière.

Les marchés boursiers vacillent parce que les investisseurs sont inquiets. Comment l’expliquez-vous ?

L’inquiétude augmente sur les marchés tout simplement parce que les investisseurs ont les yeux rivés sur les Etats-Unis. Pour une fois, la grille de lecture des marchés est l’économie réelle : la croissance, l’emploi, les prix de l’immobilier et non plus les résultats des entreprises. Or, l’état de santé de l’économie américaine est préoccupant. La consommation, l’immobilier, ces moteurs qui ont boosté la croissance économique les années passées, sont cassés. Et la relance de l’économie par l’offre ne crée pas suffisamment de richesses pour réveiller le marché de l’emploi.

De ce côté-ci de l’Atlantique, les plans de rigueur mis en place pour réduire les déficits publics laissent très peu de marge de manoeuvre, au moment où les investisseurs réalisent que tous les bons chiffres sur l’activité sont passés.

Avec la pluie de statistiques décevantes aux Etats-Unis, laissant craindre une rechute de l’économie américaine, les investisseurs s’alarment d’une configuration rare dans les cours de Bourse. Le présage d’Hindenbourg qui annoncerait un krach boursier ?

Selon cette théorie basée sur l’observation statistique, lorsque qu’au cours d’une même séance, une grande quantité de valeurs atteint un cours de Bourse au plus haut depuis 52 semaines et qu’un autre groupe de titres s’établit en revanche à un cours plancher de 52 semaines, cela présage d’un nouveau krach à Wall Street. Cette configuration a en effet précédé tous les krachs des 25 dernières années. Or, ce phénomène rare a été observé au mois d’août.

Compte tenu de l’importance que les marchés accordent à cette théorie, elle pourrait avoir un effet auto-réalisateur et précipiter la chute des marchés. Sans compter qu’à ce présage, le marché est exposé à d’autres risques. Celui sur l’immobilier commercial aux Etats-Unis au plus mal, qui continue de fragiliser le système bancaire et financier. Et, toujours, les risques politiques en provenance de l’Iran et de la Corée du Nord. Ce que l’on peut retenir, c’est qu’aujourd’hui, on ne peut dégager une vraie tendance franche à la baisse ou à la hausse sur les marchés.

Dans ce contexte baissier, certaines valeurs arrivent-elles à surperformer ?

Oui, tous les secteurs tirés par une demande émergente forte. C’est le cas du luxe mais aussi de toutes les entreprises qui ont réussi à préserver leurs marges.

Propos recueillis par Danièle Licata, L’Expansion.com

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