Les dessous de l’affaire BNP Paribas

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La maison mère de Fortis sera lourdement punie aux Etats-Unis. Pour avoir tenté de forcer l’embargo économique américain ? Pour être une banque européenne ? Chez nous, cette affaire risque d’écorner le budget de l’Etat et de mettre Fortis sous pression.

C’est l’affaire qui passionne la finance mondiale, irrite la France, inquiète les banques européennes et embête la Belgique. BNP Paribas, le géant français de la finance, la maison mère de Fortis, une banque dont notre pays est le premier actionnaire, est sur le point de se faire très lourdement sanctionner aux Etats-Unis. La punition ne menace pas l’existence de l’institution. Mais elle pourrait la faire rétrograder fameusement dans le classement bancaire et l’éjecter du club très fermé des géants de la finance mondiale. Le syndrome du premier de classe Au sein de la banque, c’est comme un tremblement de terre. On dit que Baudouin Prot, le président du conseil, est très affecté. Jean-Laurent Bonnafé, le CEO qui multiplie depuis le mois de mars les allers-retours Paris-New York, est fragilisé. Car si on condamne l’ancienne direction d’avoir laissé se développer ces affaires délétères, on reproche à l’actuel management d’avoir braqué la justice américaine et d’être à la base de l’énormité de l’amende qui risque de s’abattre. “C’est le syndrome du premier de la classe. BNP a traversé la crise financière comme peu de banques, sans presque une égratignure. Et la voilà rattrapée, mise au coin avec un bonnet d’âne et le pantalon sur les genoux”, déclare un banquier français.

Sans doute pour donner des gages à la justice américaine, le numéro deux du groupe, Georges Chodron de Courcel, qui est le cousin de l’ex-“première dame” Bernadette Chirac, vient d’annoncer son départ à la retraite quelques mois plus tôt que prévu. Directeur général délégué du groupe en charge de l’activité banque d’affaires, il était aussi depuis 2005 président du conseil de BNP Paribas Suisse, la filiale d’où tout est parti. Les opérations auraient en effet été réalisées par une ancienne filiale helvétique de Paribas, la United European Bank, absorbée en 2006 par BNP Paribas Suisse. En Suisse, d’ailleurs, la banque française a fait le ménage et a remercié 60 collaborateurs. D’autres hauts cadres ont également été forcés de rendre les clés. Parmi eux, un membre du comité exécutif de BNP Paribas Fortis, Dominique Remy. “Il a quitté le groupe depuis plus d’un mois”, confirme Valéry Halloy, porte-parole de BNP Paribas Fortis. Français d’origine, Remy avait rejoint Bruxelles en 2012 et il chapeautait l’ensemble des opérations de financement structuré de BNP Paribas. Mais il avait été responsable, à partir du milieu des années 2000, de l’activité “matières premières” du groupe.

Pierre-Henri Thomas

Retrouvez cette analyse complete dans le magazine Trends-Tendances de cette semaine.

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