Les Belges n’ont jamais été aussi riches !

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Les statistiques de la Banque nationale sont formelles. Pourtant, c’est à la fois vrai et faux, révèle une étude réalisée par ING. Elle souligne également, au sein des patrimoines, quelques évolutions beaucoup moins connues que le succès du carnet de dépôt. Notamment l’explosion de l’immobilier.

Les Belges, pas le Belge…

Les Belges donc n’ont jamais été aussi riches : les 759,4 milliards d’euros que représentaient leurs valeurs mobilières et épargne financière à fin mars surpassent, pour la première fois, le sommet relevé à la veille de la crise financière, en juin 2007, à savoir 753,3 milliards. Point d’euphorie cependant, car plusieurs correctifs doivent être apportés à ce cri du coeur triomphant. D’abord, ce montant concerne l’ensemble de la population belge, qui a sensiblement augmenté entre ces deux dates. Les données n’étant pas trimestrielles, une petite extrapolation donne une hausse de l’ordre de 4,3 % entre ces deux dates, à près de 11 millions d’individus à la fin du premier trimestre de cette année. Dont le patrimoine mobilier moyen serait dès lors de quelque 69.130 euros. Contre 70.930 euros à la mi-2007. Il reste donc 2,5 % à rattraper. Par contre, on a repris le dessus sur le précédent sommet, qui datait de la fin 2000. Le patrimoine financier des Belges dépassait alors déjà les 700 milliards d’euros (il chutera à 585 milliards au début 2003), donnant une moyenne de 68.660 euros par personne.

Près de 91 % de l’épargne détruite !

On ne peut faire l’impasse sur l’aspect dynamique de l’épargne, à savoir le fait qu’elle est alimentée en permanence. Après tout, n’est-il pas surprenant que l’épargne financière des Belges ait retrouvé son sommet de 2007 en euros courants, en dépit de la chute des Bourses ? Celles-ci ont franchement quitté leur plancher de 2009, mais la chute est encore de moitié exactement pour les actions belges et d’un tiers pour les valeurs européennes. Et ceci affecte le patrimoine au travers des actions directement détenues, mais aussi des sicav, des assurances-vie et des fonds de pension. Les calculs de la Banque nationale confirment ce dommage, en pointant, entre juin 2007 et mars 2012, des moins-values totalisant 61,8 milliards, dont plus de 40 milliards pour les actions cotées et un peu moins de 20 pour les actions non cotées.

La compensation est venue des épargnants eux-mêmes. En moyenne, les Belges accroissent leur patrimoine financier de 5,66 milliards d’euros tous les trois mois, soit 22,6 milliards par an, révèlent les données trimestrielles de la BNB pour la décennie écoulée. Au total, les Belges ont épargné près de 120 milliards d’euros entre la mi-2007 et mars dernier, observe la BNB, qui ajoute le numéraire (billets de banque) aux placements financiers. Ils ont joué la sûreté, avec 60 milliards placés en comptes et autres dépôts (ou détenus en espèces), et 58 milliards versés en assurances-vie et fonds de pension. Soustraction faite de l’endettement contracté durant la même période, il reste une épargne nette de 67 milliards. Détruite pour l’essentiel par les moins-values évoquées plus haut, au point qu’il n’en reste que 6 milliards, soit l’accroissement de l’épargne financière nette des Belges observée entre la mi-2007 et fin mars 2012. Le compte est bon…

Merci la brique

… mais le constat est amer ! Tout ça pour ça, hélas ! On discerne toutefois un important élément de réconfort : pendant que le patrimoine financier des Belges prenait l’eau, leur patrimoine immobilier s’envolait. C’est que les Belges ont beaucoup investi dans l’immobilier au cours de la décennie écoulée. Une bonne part des capitaux rentrés au bercail dans les années 2000, notamment dans le cadre de la DLU, a pris le chemin de la brique, soutenant les prix. Les hausses de prix les plus spectaculaires interviennent au début des années 2000. Entre la mi-2007 et le début de cette année, la progression est de l’ordre de 15 % pour les maisons d’habitation. L’accroissement de la population et du nombre des ménages a par ailleurs entraîné un élargissement du parc. Résultat de l’action combinée de ces deux facteurs : la valeur estimée du parc résidentiel belge est, en chiffres ronds, passée de 900 à 1.100 milliards d’euros entre 2007 et 2011. Ceci donne, toujours en chiffres ronds, respectivement 85.000 et 100.000 euros par personne. Si l’on additionne les patrimoines financier et immobilier, on observe que le Belge a vu sa richesse passer de 154.000 à 169.000 euros sur la période considérée. Il y a cette fois bel et bien progression, et assez nette. Si l’on tient de l’inflation cependant, on devrait se situer à près de 178.000 pour signer un nouveau sommet. Les Belges sont globalement plus riches que jamais et le Belge pris individuellement n’en est plus très loin…

Guy Legrand

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