Les banques refont du gras avant l’hiver

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Les taux des crédits hypothécaires grimpent alors que ceux du compte d’épargne pas. Tout profit pour “nos” banquiers.

Après avoir atteint un plancher historique au printemps, les taux des crédits hypothécaires remontent. En témoigne l’évolution des tarifs pour un prêt à taux fixe sur 20 ans chez BNP Paribas Fortis, leader du marché. Alors qu’il se situait en dessous de la barre des 4,50 % mi-mai, il s’établit désormais à 4,65 %. Chez Belfius, on est passé de 4,70 % à 5,34 %. Plus globalement, la hausse moyenne des taux pour un prêt à 20 ans fixe s’élève à un demi pour cent au cours des six derniers mois, selon le baromètre des taux d’Immotheker.be.

A l’origine de cette hausse : la remontée du taux des obligations linéaires (OLO) à 10 ans qui sert de référence pour la fixation des conditions du crédit logement. Celui-ci tourne actuellement autour de la barre des 2,5 %, contre 2 % en mai.

D’un autre côté, les taux des comptes d’épargne ne deviennent guère plus attrayants. Du moins ceux qu’affichent les grands acteurs du marché. Cela fait plusieurs mois déjà que les clients de BNP Paribas Fortis reçoivent une maigre rémunération de 0,70 % (prime de fidélité comprise). La banque ING vient, elle, d’abaisser le rendement de son compte en ligne (Lion Deposit) à 1 % tout rond (ici aussi prime de fidélité comprise), contre 1,15 % auparavant. Motif ? Les taux à court terme restent très bas, contrairement aux taux à long terme qui grimpent.

Bénéfices en hausse Conséquence de ce paradoxe : “Les marges de crédit sont restées élevées ces six derniers mois, observe Eric De Keuleneer, professeur à Solvay. Elles sont aussi beaucoup plus élevées qu’il y a cinq ans. C’est surtout vrai pour le prêt hypothécaire, et même pour le crédit aux entreprises, malgré la pression liée au financement de l’économie réelle. Les banques dégageaient jusqu’il y a trois ou quatre ans des marges confortables sur l’activité de dépôt. Aujourd’hui, c’est plutôt sur leurs activités de crédit. Bien que l’attrait de la collecte de dépôts soit toujours de nature à attirer nombre de banques étrangères en manque de liquidités.”

Confirmation du côté du consultant Roland Berger, auteur d’une récente étude sur le futur de la banque de détail en Europe. “Tous les acteurs profitent du fait que la courbe des taux redevient plus pentue pour augmenter leurs tarifs sur le terrain du crédit, hypothécaire comme aux entreprises, situe l’un des associés du bureau bruxellois, Grégoire Tondreau. Cela afin de dégager des marges plus saines et de nature à améliorer la rentabilité. Rentabilité qui reste relativement faible pour convaincre un investisseur de mettre de l’argent dans un secteur qui a connu autant de péripéties.” Une rentabilité à un chiffre qui n’a toutefois pas empêché les quatre principales enseignes de la place de dégager des bénéfices en forte hausse au cours des six premiers mois de l’année : plus de 2 milliards d’euros. Soit plus du double de ce qu’elles avaient engrangé ensemble au cours de la même période en 2012. Merci les marges !

SÉBASTIEN BURON

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