Les banques ne veulent pas d’une recapitalisation obligatoire

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Le patron de Deutsche Bank, et tout le secteur bancaire allemand derrière lui, refusent l’idée d’une recapitalisation générale et obligatoire. Les autorités, pourtant, enfoncent le clou.

“Des banques européennes, pas toutes mais certaines, doivent être recapitalisées” et elles le seront, a déclaré le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, vendredi à la radio allemande Deutschlandfunk.

Les gouvernements européens et les banques devront s’entendre la semaine prochaine pour délimiter l’ampleur des recapitalisations, a-t-il ajouté : “Je prends note que Deutsche Bank est de l’avis que l’argent de l’Etat n’est pas le bienvenu chez tout le monde (lire ci-après). Mais s’il y a un besoin de recapitalisation, nous (les gouvernements) ferons en sorte qu’il y ait recapitalisation” pour éviter tout “risque de contagion” de la crise grecque au secteur bancaire.

Le patron de Deutsche Bank s’oppose au plan Barroso pour les banques

L’influent patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, s’est vivement opposé jeudi à la proposition de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, d’inviter les banques européennes à se recapitaliser d’urgence.

“Il me paraît douteux qu’une hausse du niveau des fonds propres pour l’ensemble des banques soit une mesure appropriée pour résorber la crise de la dette publique, a déclaré Josef Ackermann à l’occasion d’un congrès d’entreprise organisé par son groupe à Berlin. Le débat actuel sur la recapitalisation est contre-productif : d’une part, il envoie le message qu’une (nouvelle) décote est plus probable ; d’autre part, comme les moyens nécessaires à une recapitalisation ne vont sûrement pas venir des investisseurs privés, ce serait finalement aux Etats de lever les fonds, ce qui ne ferait qu’aggraver la crise de la dette.”

Mercredi soir, la fédération allemande des banques privées (BdB) avait formulé des critiques similaires à l’encontre des propositions de José Manuel Barroso, qui a appelé à une recapitalisation “urgente” des banques pour stopper la contagion de la crise de la dette. Le président de l’exécutif européen a ainsi proposé de relever le niveau minimum de fonds propres demandé aux établissements, en se gardant toutefois d’avancer un chiffre pour le moment.

Les banques devront solliciter des capitaux privés, les Etats apportant un soutien si nécessaire, selon José Manuel Barroso. Dans l’hypothèse où l’aide publique ferait aussi défaut, les capitaux devraient provenir du Fonds européen de secours (FESF), dont les capacités de prêt doivent être renforcées.

Recapitalisation : les banques allemandes appellent Berlin à les défendre

Le secteur bancaire allemand a réclamé jeudi le soutien de son gouvernement face aux projets européens de recapitalisation, qui selon lui pourraient aggraver la crise en “laissant penser que les banques européennes connaissent de prétendues faiblesses”.

Les tests de résistance que les autorités européennes font passer aux banques, “exagèrent les risques” et risquent “d’aggraver la crise”, ont écrit les présidents des fédérations bancaires publiques et privées allemandes, dans une lettre à Wolfgang Schäuble, ministre des Finances : “Il n’est pas dans l’intérêt d’une stabilisation des marchés financiers de laisser penser que les banques européennes connaissent de prétendues faiblesses, en exigeant un renforcement arbitraire de leurs capitaux propres, ajoutent-elles. Nous estimons qu’une mise au clair de la part du gouvernement allemand s’impose.”

Le président de la Commission européenne a appelé à une recapitalisation “urgente” des banques pour stopper la contagion de la crise de la dette ? “D’éventuels besoins de capitaux propres doivent être couverts par chacune des banques, sous sa propre responsabilité, et elles doivent avoir assez de temps avant que, dans un deuxième temps, les Etats injectent du capital, le cas échéant”, selon les fédérations bancaires germaniques.

Ce débat sur la recapitalisation est intimement lié à la crise de la Grèce. Il semble de plus en plus probable que la dette de ce pays fera l’objet d’une décote plus importante que celle de 21 % décidée en juillet dernier, ce qui implique de lourdes pertes pour les banques détentrices d’obligations grecques.

Trends.be, avec Belga

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