“Les banques ne devraient pas acheter d’obligations d’Etat”

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Pour Jean-Louis Bouchard, fondateur d’Econocom, la crise bancaire est aujourd’hui pire que la crise économique… et s’est même transformée en crise politique. La faute en revient aux organes de contrôle plus qu’aux banques elles-mêmes, selon lui.

Jean-Louis Bouchard est le fondateur et l’actionnaire principal d’Econocom, entreprise de leasing axée principalement sur les équipements IT et télécom, domaine où l’économie “ordinaire” et les activités bancaires se rejoignent.

“Pour le leasing, vous avez besoin d’une double compétence : la connaissance de la technologie et une bonne compréhension des marchés financiers, appuie-t-il. Nous examinons les systèmes de refinancement, discutons avec les fournisseurs de solutions software et hardware, rassemblons le tout en un package et faisons signer aux clients des contrats de location que nous revendons aux banques. Les actifs apparaissent au bilan des filiales des banques spécialisées dans le refinancement, Axa, ING, Dexia, etc.”

L’occasion était belle de lui poser quelques questions sur la crise bancaire.

Qu’est-ce qui est le pire, pour vous : la crise économique ou la crise bancaire ?

La crise bancaire. En fait, il s’agit aujourd’hui d’une crise politique. Dans la zone euro, on voit le Nord, souvent plus rigoureux, protestant et structuré, se heurter au Sud, davantage laxiste. Alors, soit la zone euro éclate en une partie septentrionale et une partie méridionale (en espérant que la France se retrouve plutôt dans la partie nord), soit le Sud accepte plus de rigueur et moins de tricherie. Les entreprises, elles, sont relativement saines. Elles se sont constitué des liquidités et leurs résultats se sont fortement améliorés.

Comprenez-vous que certains Etats se soient endettés jusqu’au cou ces 10 dernières années ?

Je ne comprends surtout pas que les banques puissent faire du refinancement de la dette publique une de leurs activités. Pourquoi achètent-elles des emprunts d’Etat ? Ce n’est pas leur rôle. Elles empruntent de l’argent à bon compte et empochent un bénéfice facile en faisant cela. Mais quelle est l’utilité économique d’une telle opération ? Je ne comprends pas.

Autrement dit, la crise de l’endettement est la faute des banques…

C’est la faute des organes de contrôle. Ils ne peuvent pas autoriser les banques à accumuler massivement des dettes publiques. Cela met ces institutions en danger. Les services bancaires relèvent alors du secteur du service public. Donc quand viennent les problèmes, c’est le contribuable qui paie la facture. Il faut être logique et empêcher les banques de trop investir dans des dettes publiques.

Propos recueillis par Bruno Leijnse et Patrick Claerhout

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