“Les banques doivent devenir des low-cost producers”

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Pour Ralph Hamers, qui fête sa première année à la tête d’ING Belgique, “le crédit sera bientôt plus coûteux, mais toutes les banques ont intérêt à abaisser leur niveau de coûts afin que la hausse soit imperceptible – ou presque – pour le client”. Interview.

Lisez l’intégralité de cette interview dans le magazine Trends-Tendances daté du 12 avril 2012.

Une récente étude conduite par Ernst & Young a démontré que la plupart des banquiers belges prévoient que les nouvelles normes de Bâle III impliquent une hausse du coût des crédits pour les clients. Qu’en pensez-vous ?

Bâle III est un ensemble de mesures et de réglementations auxquelles les banques doivent satisfaire – principalement les ratios de liquidité et de fonds propres plus élevés. Pour les banques, Bâle III est synonyme de coûts plus élevés et de disponibilité réduite des fonds, simplement parce qu’il convient pour certaines entités de conserver des réserves plus importantes. Si l’on peut s’y atteler de manière progressive, ce ne sera pas un problème pour l’économie réelle. Mais les banques centrales doivent s’en assurer. Elles doivent rechercher un juste milieu entre l’objectif de Bâle III – la stabilité du système financier – et la vitesse à laquelle les mesures seront mises en pratique.

Si ce processus est géré de manière efficace, il ne mènera pas nécessairement à un resserrement des crédits, selon vous. Mais les crédits à 20 ans comme les emprunts hypothécaires exigeront une immobilisation plus importante des capitaux, et seront donc plus chers et plus rares…

Certains coûts sont appelés à augmenter, notamment les investissements, c’est vrai. Mais ceci n’implique pas nécessairement que le prix des emprunts à long terme augmente sensiblement. Une banque comme ING vise une plus grande efficience, ce qui suppose que nous allégions les coûts de nos processus. Je pense, cela dit, que le crédit sera plus coûteux, mais toutes les banques ont intérêt à abaisser leur niveau de coûts en conséquence, de manière à ce que la hausse soit imperceptible – ou presque – pour le client. Les banques doivent être des low-cost producers.

Quels coûts peuvent encore être réduits ?

En se concentrant sur plusieurs tendances majeures, il est possible de réduire les coûts. Il y a notamment le développement des nouvelles technologies, qui permettent aux clients de gérer plus facilement et de manière nettement plus flexible leurs avoirs bancaires. De même, le comportement du client change : il s’autonomise. C’est pourquoi notre stratégie vise plusieurs canaux. Le client détermine lui-même par lequel de ces canaux il effectue ses opérations bancaires. Ceci suppose que nous cherchions à atteindre une standardisation et une rationalisation de la gamme de produits, et que nous oeuvrions à une simplification des processus. Dans ce cadre, nous avons prévu certains investissements (Ndlr : 300 millions d’euros pour ING Belgique, dont 220 millions doivent encore être réalisés) mais également une importante série d’économies.

Si le client est autonome, il n’a plus besoin d’employés en agence. Il est donc également possible de fonctionner avec moins d’effectifs ?

Pour les transactions bancaires, effectivement. Les clients préfèrent s’en charger eux-mêmes, grâce au home banking ou au mobile banking. Mais le volet conseil demeure important pour les produits plus complexes tels que les crédits hypothécaires ou les transactions et la gestion de titres. Pour ce type d’opérations, le client préfère s’entretenir avec un collaborateur en agence. Les tâches évoluent donc au sein de la banque : du transactionnel au conseil financier.

Du fait notamment que nos activités se déploient, nous parvenons à maintenir globalement le niveau de nos effectifs. Ceux-ci sont en légère baisse, et cette tendance devrait se poursuivre. D’ici 2014, nous prévoyons de nous séparer d’environ 500 collaborateurs. Mais ce seront des départs naturels : aucune restructuration n’est à l’ordre du jour. Au cours des prochaines années, un nombre croissant de baby-boomers partiront à la retraite. Chaque année, nous devrons donc recruter entre 700 et 1.000 collaborateurs.

Propos recueillis par Patrick Claerhout

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