Le rouble plonge à des niveaux records: Poutine sous pression

Le rouble a perdu plus de 40% de sa valeur face au dollar et à l'euro en 2014. © Reuters

La dégringolade du rouble, en chute libre jeudi face au dollar, met la pression sur le président russe Vladimir Poutine face à une crise économique qui s’annonce de plus en plus grave en raison de la déroute du marché du pétrole.

Le Kremlin a réfuté un “effondrement” de la monnaie russe qui a perdu plus de 12% de sa valeur depuis le début de l’année, et renvoyé la balle dans le camp de la banque centrale. Mais sur les marchés, le mouvement s’amplifie chaque jour et inquiète les Russes après un an d’une crise qui a déjà considérablement affaibli leur pouvoir d’achat.

Après être passé mercredi sous son record des journées noires de décembre 2014, le rouble perdait encore près de 5% jeudi à la Bourse de Moscou alors que les prix du baril de pétrole, principale source de revenus de la Russie avec le gaz, s’orientaient à la baisse.

Le dollar a bondi jusqu’à 85,99 roubles, du jamais vu depuis que les autorités russes ont retiré trois zéros à la monnaie pendant la banqueroute financière de 1998.

Dans le même temps, l’euro s’échangeait à 93,70 roubles, la pire situation pour le rouble depuis décembre 2014 quand la barre des 100 roubles pour un euro avait été atteinte.

L’effondrement des cours du pétrole signifie que l’économie russe, également visée par des sanctions occidentales en raison de la crise ukrainienne, devrait rester en récession cette année et que le budget va manquer d’une part importante des revenus prévus.

“Effectivement, le cours (du rouble) change, le cours est volatil, mais ce n’est pas un effondrement”, a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

“Il n’y a aucune raison de douter que la banque centrale a envisagé un plan destiné à échapper à un réel effondrement. Nous avons un puissant régulateur. La banque centrale suit la situation avec attention et l’analyse”, a-t-il ajouté.

Mesures anticrise

La banque centrale est restée prudente pour l’instant, expliquant mercredi que la dépréciation de la monnaie avait des raisons “objectives” et assurant que la stabilité financière n’était pas menacée. Autrement dit, pas d’intervention à attendre de cette autorité qui a renoncé il y a un an et demi à vider ses réserves pour maintenir sous perfusion le cours du rouble.

En revanche, les turbulences monétaires risquent fort de repousser à une perspective lointaine la baisse des taux espérée par les milieux économiques, alors que le coût du crédit actuel, conséquence de l’effondrement du rouble de fin 2014, étrangle les entreprises et les ménages. Certains économistes commencent même à évoquer une hausse de taux pour serrer la vis et enrayer la chute, lors de la prochaine réunion de la Banque de Russie le 29 janvier.

“Quand le rouble chute de 5% par jour, cela inquiète tout le monde”, constate l’économiste Anton Tabakh, de la Haute Ecole d’Economie de Moscou. “Certes, tout cela intervient dans un contexte d’effondrement mondial, auquel s’ajoutent des facteurs locaux, mais l’absence de réaction de la banque centrale et du gouvernement pose des questions”, a-t-il ajouté, interrogé par l’AFP.

Le gouvernement n’a pas annoncé de mesure en soi face à la chute du rouble mais s’active pour trouver de nouvelles coupes budgétaires et sources de revenus face à la baisse de valeur du pétrole car le président Vladimir Poutine a exigé que le déficit soit contenu à moins de 3% du produit intérieur brut.

Sur ce plan, la dépréciation de la monnaie est en théorie plutôt de nature à apaiser les difficultés budgétaires puisqu’elle gonfle mécaniquement les revenus tirés des ventes d’hydrocarbures, dont le prix est fixé en dollar, une fois convertis en roubles.

Mercredi, le Premier ministre Dmitri Medvedev a par ailleurs indiqué que le gouvernement préparait des mesures anticrise pour soutenir l’économie, nécessaires “vu la manière dont évolue la situation ces trois quatre dernières semaines”.

La récession qui frappe la Russie a entraîné une chute du pouvoir d’achat des ménages et de leur consommation, qui avait connu plusieurs années de croissance spectaculaire après l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine grâce à la manne pétrolière.

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