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Le juteux business du transfert d’argent se libéralise enfin

Chaque année, environ 460 milliards de dollars sont transférés des pays occidentaux vers d’autres pays moins favorisés sur le plan économique.

Ces transferts ne sont plus limités aujourd’hui aux personnes d’origine étrangère ou aux immigrés. Les transferts d’argent concernent également les expatriés, les voyageurs ou les travailleurs frontaliers. Et tout ce beau monde a subi pendant des années le diktat de quelques firmes qui prenaient des frais bancaires et des commissions disproportionnés.

Les grands noms du secteur du transfert d’argent de particulier à particulier sont bien connus: la banque HSBC ou des firmes comme Western Union ou MoneyGram, dont vous retrouvez souvent le sigle un peu partout dans les quartiers fréquentés par les immigrés. Toutes ces firmes ont gagné beaucoup d’argent pendant des années, même si la crise financière a provoqué un recul de ces transferts. Mais depuis deux ans, c’est reparti. L’Europe, par exemple, se porte mieux sur le plan économique et les transferts ont grimpé de quasi 5% depuis deux ans.

Mais à la différence du passé, les personnes concernées, celles qui veulent envoyer de l’argent à des proches à l’étranger, ont d’autres choix que Western Union ou MoneyGram. En fait, flairant elles aussi le bon business, vous avez une flopée de petites start-up – qu’on appelle des FinTechs – qui permettent aujourd’hui d’envoyer de l’argent à l’étranger plus rapidement et pour moins cher qu’en passant par une banque classique ou un acteur spécialisé comme Western Union. Même le géant des réseaux sociaux Facebook permet à ses usagers, via le réseau Messenger, d’envoyer de l’argent gratuitement à l’étranger. Le service existe en Grande-Bretagne et est en phase de démarrage en France depuis le mois de novembre 2017.

La loi sur le blanchiment d’argent protège en quelque sorte certains acteurs du transfert d’argent

Chez nous, il est déjà possible d’avoir recours à une dizaine d’applications de ce type, comme TransferWise par exemple. C’est un Estonien de 37 ans qui est à la tête de cette jeune entreprise. Jeune, mais efficace, car elle a déjà deux millions d’usagers présents dans 67 pays. Et via cette application, il y a 1,5 milliard d’euros qui bougent d’un compte à l’autre chaque mois ! Évidemment, ce qui explique le succès de cette application, ce sont les frais cassés, des frais nettement moins élevés que ce que l’on trouve chez une banque classique ou les concurrents historiques. Et ça, c’est une bonne chose, car ces concurrents historiques sont aujourd’hui obligés d’aligner leurs commissions vers le bas.

Mais attention, dans ce monde du transfert de l’argent, il reste encore des questions en suspens. La première, c’est la sécurité: est-on prêt à transférer de l’argent via une société inconnue, et dont l’adresse postale n’est parfois même pas en Europe ? Et puis, autre bémol, malgré l’arrivée de ces nouveaux concurrents, la Banque mondiale constate que les transferts d’argent sont encore trop ponctionnés en moyenne. La commission moyenne est encore de 7% sur un transfert de 200 euros au lieu d’un objectif fixé à 3%. C’est de l’usure ! Et les banques qui ont pignon sur rue, et pourraient se lancer dans le business en cassant les prix, ne le font pas, car le coût de vérification pour savoir si on a à faire ou pas à de l’argent sale sont trop élevés. En clair, la loi sur le blanchiment d’argent protège en quelque sorte certains acteurs du transfert d’argent.

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