Le dossier Dexia pourrait nous coûter des milliards

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Dexia a besoin de 90 milliards d’euros de garanties d’Etat pour être en mesure de se refinancer en 2013 et 2014. La facture pour les contribuables belges pourrait bien s’avérer considérable.

La semaine prochaine, la Belgique, la France et le Luxembourg doivent rencontrer la Commission européenne afin de donner une forme définitive au règlement du holding/banque résiduelle Dexia. La chance qu’un plan d’avenir complet en sorte est mince. Voici plusieurs semaines, Pierre Mariani, CEO français de Dexia, indiquait déjà que, sans garanties d’Etat bon marché, la banque résiduelle menaçait d’être structurellement déficitaire.

Dexia est, en fait, confronté à un double problème, indiquent nos confrères de Trends Magazine dans leur dossier de couverture cette semaine. Du côté des actifs, le groupe dispose d’un portefeuille de crédits et d’obligations valant 95 milliards d’euros, avec une marge trop faible et une durée trop longue. Dexia ne peut donc se financer à long terme, car ce serait trop coûteux. La banque résiduelle continue par conséquent de se financer à court terme.

Le financement à court terme est devenu un combat continu et quotidien depuis l’année dernière. Cela est évident à partir des expériences de Royal Park Investments, la bad bank formée autour des actifs toxiques de l’ex-Fortis. RPI peinait à convaincre les investisseurs américains à la fin de l’année dernière, à cause de l’agitation engendrée par la crise dans la zone euro. Seules une rémunération plus élevée et une durée très coutre les ont convaincus d’ouvrir leur portefeuille.

Pierre Mariani souligne à ce sujet qu’il est essentiel, pour Dexia, que le système de garantie soit élargi des 45 milliards d’euros temporairement accordés aux 90 milliards initialement convenus : “C’est notre besoin maximum de financement, comme identifié précédemment déjà. Cela ne signifie pas que nous ayons immédiatement besoin de cette garantie étendue ou prévoyions de l’utiliser complètement, mais 2013 et 2014 seront des moments importants pour le refinancement de notre dette.”

Pour la Belgique, cependant, Dexia est une source constante d’inquiétude. Notre pays garantit en effet 60,5 % de la dette qui concerne Dexia. Ces montants sont énormes : il s’agit potentiellement de 54,5 milliards dans le nouveau système de garantie et de 24 autres milliards dans le précédent système de 2008. Les investisseurs ne croient pas qu’un pays doté d’un PIB de 370 milliards d’euros ait la capacité financière de se porter garants sur de tels montants.

C’est ainsi que Dexia demeure avec un risque de refinancement élevé. A chaque fois que le royaume de Belgique revient sous les projecteurs, par exemple lorsqu’il n’atteint pas ses objectifs budgétaires, entame sa solvabilité ou fait face à des problèmes politiques majeurs, le financement de Dexia menace de se tarir et le risque croît que les garanties soient mises en oeuvre.

Patrick Claerhout

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