La Suisse avait une taupe au sein du fisc allemand

© Reuters

Un ministre allemand a prévenu jeudi que l’affaire d’espionnage fiscal suisse en Allemagne pourrait prendre “une autre dimension” si des informations de presse sur la présence d’un espion suisse au sein même du fisc du pays s’avèrent exactes.

Après l’arrestation la semaine dernière à Francfort d’un Suisse de 54 ans suspecté d’avoir espionné pour son pays le travail de l’administration allemande sur les comptes des citoyens allemands en Suisse afin d’échapper à l’impôt, deux médias ont affirmé jeudi que cet homme, Daniel M., avait réussi à recruter pour sa mission une taupe au sein du fisc de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest).

“Si des espions recrutent des informateurs du fisc de la région, qui travaillent avec succès contre la fraude, pour surveiller leurs collègues dans leur travail et faire le jeu de ceux qui gagnent des milliards aux dépens de la communauté, cela signifie que le scandale atteint une autre dimension”, a déclaré dans la presse locale le ministre des Finances de cette région Norbert Walter-Borjans.

L’Etat régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie est le plus peuplé d’Allemagne et est à la pointe des efforts de l’administration pour sanctionner les Allemands déposant leur argent sur des comptes en Suisse pour éviter l’impôt dans leur pays.

La “taupe” recrutée par l’espion suisse au sein du fisc allemand était chargée de fournir des “informations de première main” sur ses collègues impliqués dans l’achat de CD sur lesquels sont stockés les noms et les coordonnées bancaires d’Allemands disposant de comptes en Suisse et au Liechtenstein, rapportent jeudi la chaîne télévision publique allemande ARD et le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Depuis 2006, les autorités de plusieurs régions allemandes, comme la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ont acquis, de sources anonymes, des CD et des clés USB contenant des informations de personnes soupçonnées de fraude.

En 2010, le fisc allemand avait récupéré 1,6 milliard d’euros auprès de fraudeurs grâce à l’achat de ces données volées.

Cette méthode a soulevé la polémique en Allemagne et envenime les relations entre Berne et Berlin.

L’ambassadrice de Suisse en Allemagne a dû se rendre mardi au ministère allemand des Affaires étrangères pour donner des explications. Selon les médias allemands, le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a également contacté son homologue suisse.

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