La Slovénie en point de mire

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Son nom fut cité dans le sillage du sauvetage chypriote, et elle n’est peut-être pas la seule à pouvoir prochainement poser problème.

Fameux baptême du feu pour Alenka Bratusek, nouveau Premier ministre de ce petit Etat de 2 millions d’habitants qui, après des années 2000 de forte croissance, est touché de plein fouet par la récession européenne. La crise chypriote n’était pas encore résolue que la Slovénie était désignée par plusieurs économistes comme le prochain maillon faible de la zone euro, qu’elle a intégré en 2007. “La Slovénie est capable de s’en sortir toute seule !”, a-t-elle clamé, tandis que Marko Kranjec, gouverneur de la banque centrale, confirmait : “La Slovénie n’est pas Chypre et n’a pas besoin d’aide internationale.”

Cette conviction demande confirmation sur le terrain, car si le secteur bancaire slovène n’est pas hypertrophié comme celui de Chypre, il a un gros problème en matière de créances douteuses : pas moins de 7 milliards d’euros, selon une récente estimation du FMI, soit 20,5 % du total ! Résultat de l’euphorie des glorieuses années 2000, mais aussi d’un certain manque de transparence et de rigueur dans ces institutions largement contrôlées par l’Etat, soulignent certains. L’agence Moody’s vient de ravaler à Caa2 le rating des deux premières banques du pays, note qui se situe presque tout en bas de l’échelle.

Le marasme de l’économie slovène ne date pas d’hier puisque, au printemps dernier, évoquant la chute du secteur immobilier, le principal quotidien du pays se demandait si la Slovénie devait se préparer à suivre l’exemple de l’Espagne. Ljubljana avait pris des mesures d’austérité dès le mois de mars : salaires des fonctionnaires amputés de 15 %, réduction des allocations de chômage, etc. La situation des banques était déjà fort préoccupante, puisqu’on évoquait un plan de sauvetage en juin… soit au moment où Chypre appelait à l’aide. Le ministre des Finances cherchait pourtant à y échapper : “Nous sommes en train de travailler pour éviter d’avoir à mettre en place un plan de sauvetage pour les banques slovènes, qui serait un très mauvais signal.”

Travail insuffisant pourtant, le gouvernement conservateur n’a pas saisi le taureau par les cornes. C’est ce que veut faire le nouveau Premier ministre de centre-gauche : “Le redressement de notre système bancaire est notre priorité et le ministre des Finances y travaille jour et nuit”, a rassuré Alenka Bratusek. Il y a urgence, maintenant que le pays est pointé du doigt. Il n’est toutefois pas seul. Dans une interview à BFM, le Français Jacques Attali déclarait la semaine dernière : “Il y aura demain un problème à Malte, et après-demain en Slovénie. Et dans quelques mois au Luxembourg, et ensuite – ou avant – en Italie.” La Slovénie n’est donc pas la seule, ni même la première sur la liste ! Du moins à en croire l’ancien conseiller de François Mitterrand…

GUY LEGRAND

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