La réunion de la Fed occultée par la question de la succession

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La banque centrale américaine tient cette semaine une réunion de politique monétaire qui risque d’être occultée par la décision imminente du président Trump sur le prochain maître des lieux.

“Il va y avoir un éléphant dans la pièce et ils n’en parleront pas”, a résumé pour l’AFP David Wessel de la Brookings Institution, utilisant l’expression américaine signifiant la présence d’un sujet tabou qui est dans tous les esprits mais qu’on évite à tout prix d’évoquer.

Donald Trump a affirmé vendredi qu’il annoncerait “la semaine prochaine” son choix pour tenir les rênes de la Réserve fédérale alors que le premier mandat de Janet Yellen, 71 ans, s’achève début février. “J’ai quelqu’un de très précis à l’esprit, je crois que tout le monde sera impressionné”, a-t-il dit sur Instagram.

Mme Yellen, une démocrate nommée par Barack Obama, que M. Trump juge “impressionnante”, demeure parmi les candidats à sa succession mais Jerome Powell, actuel gouverneur de la Fed, apparaît de plus en plus en bonne place.

Il sera d’ailleurs assis autour de la table du Comité monétaire avec la présidente pour cette réunion de deux jours, mardi et mercredi.

La question de la succession “sera dans l’esprit de chacun, ils en parleront autour d’un verre la veille”, mais lors de la réunion “que voulez-vous qu’ils en disent ? Cela fait un peu bizarre, avec Jay Powell de l’autre côté de la table”, a souligné David Wessel.

A moins que la Maison Blanche ne lève le suspense avant ou pendant la réunion.

Outre M. Powell, qui est un républicain modéré apprécié par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, trois autres noms sont examinés par Donald Trump: John Taylor, un professeur d’économie réputé, Kevin Warsh, un ancien gouverneur de la Fed proche du cercle de M. Trump, et Gary Cohn, l’économiste en chef à la Maison Blanche.

La décision de M. Trump peut en outre se présenter comme un choix à tiroirs puisque, hormis le poste de direction de la Fed, la Maison Blanche doit aussi nommer trois gouverneurs dont le numéro deux de la banque centrale, après le départ la semaine dernière du vice-président Stanley Fischer.

Donald Trump pourrait ainsi faire entrer plusieurs de ses candidats en même temps au sein du directoire de la puissante institution monétaire.

Quant à Janet Yellen, si elle ne devait pas rester à la tête de la banque centrale, elle peut encore continuer son mandat de gouverneure qui n’expire qu’en 2024.

Signal

En l’absence de détail sur la nouvelle direction de la Fed, les acteurs financiers, qui ne s’attendent pas à un geste sur les taux ce mercredi, vont guetter des signes annonciateurs d’une prochaine hausse, très probable pour décembre.

“La réunion pourrait fournir des indications sur le fait qu’il y a ou non une majorité de membres soutenant un relèvement des taux en décembre”, a indiqué Paul Ashworth, de Capital Economics. La croissance a fait bonne figure au 3e trimestre, affichant 3%, selon l’estimation initiale du gouvernement publiée vendredi.

Le Comité monétaire (FOMC) publiera un communiqué mercredi à 14h00 heure locale (18h00 GMT). Janet Yellen n’a pas de conférence de presse prévue.

Lors de la dernière réunion en septembre, une douzaine des 16 participants au Comité s’étaient prononcés en faveur d’une troisième et dernière hausse des taux d’un quart de point de pourcentage cette année pour normaliser le coût du crédit. Mais certains ont réclamé davantage de patience vu la faiblesse de l’inflation.

Pour David Wessel, quel que soit le choix du président Trump d’ici là, “Mme Yellen sera encore la présidente de la Fed en décembre et je pense qu’ils relèveront les taux”.

“Avec un marché de l’emploi plus tendu, je m’attends à ce que l’inflation accélère l’année prochaine”, a averti récemment la patronne de la Fed, ajoutant que “la plupart” de ses collègues au sein du FOMC étaient “d’accord”.

Après sept ans de politique à taux zéro pour soutenir la reprise, la Fed a relevé les taux quatre fois depuis décembre 2016 pour les afficher entre 1% et 1,25%.

Mais elle semble ralentie dans sa normalisation monétaire par une quasi-absence d’inflation (1,4% sur un an, selon l’indice PCE) que Mme Yellen attribue davantage à des facteurs temporaires qu’à une transformation intrinsèque de l’économie.

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