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“La plupart des crises boursières sont prévues… Encore faut-il écouter”

Ce qu’il y a de bien, ou plutôt d’étonnant, avec la dernière crise boursière, c’est qu’elle avait été prévue. Oui, vous avez bien lu, prévue. Et par de très éminentes personnes.

Le dernier en date à avoir tiré la sonnette d’alarme, c’est Alan Greenspan, l’ancien président de la Banque centrale américaine. Il n’a pas hésité à dire qu’en ce moment, il y avait non pas une, mais deux bulles spéculatives sur les marchés boursiers: une bulle obligataire et une bulle sur le marché actions. Et d’ailleurs, lorsque la secousse boursière a eu lieu la semaine dernière, les premières réactions officielles ont été du genre ‘c’est une correction salutaire, c’est une correction qui est la bienvenue’. C’est presque comme si tous les experts du marché avaient dit ‘merci’.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que la plupart du temps le grand public pense que les crises boursières sont imprévisibles. Certes, c’était par exemple le cas en 2007 quand a éclaté la crise des subprimes, la fameuse crise immobilière aux États-Unis. À l’époque, les experts qui avaient vu venir cette crise se comptaient sur les doigts d’une seule main. Et d’ailleurs, quelques mois plus tard, lorsque la reine Élisabeth avait visité la très prestigieuse London School of Economics, la première question qu’elle avait posée aux éminents économistes qui l’accueillaient a été “comment se fait-il qu’autant d’esprits brillants n’aient rien vu venir ?” Difficile de faire mieux comme question. Or aujourd’hui, chacun sait qu’en réalité, sauf quelques exceptions comme la crise des subprimes, la grande majorité des crises ou bourrasques boursières sont prévues par des experts, des analystes ou des économistes.

Une foi quasi religieuse dans le marché empêche les investisseurs d’écouter les mises en garde

Pour la correction actuelle, on a entendu Alan Greenspan, je viens de vous en parler, mais il n’est pas le seul. Et comme le rappelle justement Le Figaro, plusieurs experts réunis au dernier Forum de Davos, fin du mois de janvier dernier, ont dit en substance qu’il y aurait une crise, la seule question en suspens était de savoir quand. Même de grands chefs d’entreprise comme Bernard Arnault, le patron de LVMH a annoncé début janvier que la hausse actuelle n’était pas éternelle et qu’une crise se profilait à l’horizon. Il y a un jour encore, profitant des excellents résultats financiers de son activité champagne, Bernard Arnault avait déclaré “que le champagne sera encore là dans 100 ans, mais Facebook peut-être pas”.

Mais si la plupart des crises boursières sont bien prévues, exactement comme les météorologues prévoient avec une assez bonne certitude les tempêtes et autres tornades, pourquoi a-t-on l’impression que le monde financier a toujours l’air surpris quand une crise boursière ou financière survient ? La réponse du Figaro est simple: les boursicoteurs et autres investisseurs ont une foi inébranlable dans le marché. Pour eux, le marché a toujours raison, même quand il finit par leur donne une claque. Et c’est cette foi – quasi religieuse – qui les empêche d’écouter les mises en garde.

Comme l’écrivent mes confrères du Figaro, “la foule des marchés est éblouie par le veau d’or et ne veut jamais voir que le roi est nu”. Et d’ailleurs, l’histoire du bitcoin en est un autre exemple. La foi est parfois plus forte que la raison, hélas…

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