La peur d’une guerre commerciale fait plonger les Bourses asiatiques

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Les Bourses asiatiques ont été sonnées vendredi, perdant entre 3 et 5% à Tokyo et Shanghai sur des craintes d’une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, même si les marchés n’ont pas cédé à la panique.

Le président américain Donald Trump a déclenché jeudi son offensive contre Pékin, évoquant des mesures punitives contre des importations chinoises d’un montant pouvant atteindre “60 milliards de dollars”.

Dans la foulée, Wall Street a lourdement chuté et Tokyo, première grande place financière à réagir vendredi en Asie, a évolué sur la même note, plongeant de 4,51% à la clôture, alors que le yen, valeur refuge, se renforçait. Le dollar a ainsi glissé sous la barre des 105 yens pour la première fois depuis l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre 2016.

Les Bourses chinoises ont aussi dévissé: l’indice composite shanghaïen a abandonné en repli de 3,39%, et Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, a abandonné 4,49%.

Au même moment, la Bourse de Hong Kong, où les échanges se poursuivaient, cédait 3,12%.

Parmi les autres places de la région, le rouge dominait également: Séoul a fini en baisse de 3,18%, et Sydney de 1,96%.

“Incroyablement fragiles”

“Les investisseurs se tournent vers les marchés d’obligations jugés plus sûrs alors que les Etats-Unis sont au seuil d’une guerre commerciale ouverte avec la Chine”, a réagi Stephen Innes, analyste de la maison de courtage Oanda.

“Et avec la Chine qui ne rend pas les armes et prépare des taxes en représailles, les marchés apparaissent incroyablement fragiles aujourd’hui”, a-t-il constaté.

Pékin n’a effectivement pas tardé à réagir, menaçant de droits de douane plus d’une centaine de produits américains. “La Chine n’a en aucun cas peur d’une guerre commerciale”, a averti le ministère du Commerce.

“Cela n’augure rien de bon, et cela va pénaliser l’économie des deux pays”, a observé Li Daxiao, analyste du courtier Yingda Securities.

L’heure n’était cependant pas encore à la débâcle sur les marchés.

Les annonces américaines s’apparentent de fait pour l’instant davantage à un avertissement qu’à des sanctions immédiates. Le ministre du Commerce Wilbur Ross a d’ailleurs expliqué qu’il s’agissait avant tout d’un “prélude à une série de négociations”.

Mais “ce que personne ne peut prédire, c’est dans quelle mesure Donald Trump est prêt à réellement mettre à exécution ses menaces”, a averti dans un commentaire Yasunari Ueno, de Mizuho Securities. “Les marchés ont tendance à fuir le risque dans de telles situations car ils détestent ce genre d’incertitudes pernicieuses”.

Tumulte à la Maison Blanche

“Le remaniement permanent” qui agite la Maison Blanche “rend aussi les marchés nerveux”, a estimé l’analyste, soulignant que “Donald Trump congédie les responsables modérés sur les questions internationales et les remplace par des protectionnistes partisans d’une ligne dure”.

Le président a annoncé le départ de son conseiller à la sécurité nationale, H.R. McMaster, à qui va succéder le très conservateur John Bolton, ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, dix jours après le limogeage brutal du secrétaire d’Etat Rex Tillerson.

Cette nomination intervient au moment d’aborder des négociations historiques avec la Corée du Nord et à l’approche d’une échéance cruciale sur l’avenir de l’accord sur le nucléaire iranien dont M. Bolton est un grand pourfendeur.

La fébrilité des investisseurs était renforcée par les craintes entourant le resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a relevé cette semaine ses taux. Les marchés surveillent aussi une possible régulation du secteur technologique après l’utilisation indue de données personnelles de millions d’utilisateurs du réseau social Facebook.

En revanche, un élément était de nature à rassurer les Bourses du Vieux-Continent, qui s’apprêtaient à ouvrir: l’Union européenne sera dans un premier temps exemptée des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium, selon une annonce de Washington qui est venue confirmer des déclarations du représentant au Commerce américain Robert Lighthizer.

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