La livre plie après la perte de la majorité absolue des conservateurs

Larry, le chat. © REUTERS

La livre sterling perdait du terrain mais les marchés boursiers grimpaient vendredi après la surprise des élections législatives britanniques qui ont vu les conservateurs de Theresa May perdre leur majorité absolue au Parlement.

La monnaie britannique a baissé dès l’annonce des projections à la sortie des urnes jeudi soir et ses pertes se sont accentuées dans la matinée en Europe. Elle cotait 1,2707 dollar vers 07H30 GMT, contre 1,2950 dollar la veille à 21H00 GMT, soit une baisse de près de 2%. L’euro valait pour sa part 88,12 pence – après avoir atteint vers 06H50 GMT 88,59 pence, son niveau le plus fort en sept mois – contre 86,60 pence la veille.

Du côté boursier, les places financières européennes ont ouvert à l’inverse dans le vert. La Bourse de Londres montait même franchement de 0,88% une demi-heure après l’ouverture. De nombreuses multinationales qui y sont cotées étaient en effet soutenues par la baisse de la livre qui dope la valeur de leurs revenus tirés de l’étranger, lorsqu’elles en convertissent le montant en monnaie britannique.

Les Bourses de Paris et de Francfort n’étaient pas non plus troublées par ce résultat inattendu qui renforce les incertitudes quant à la position britannique lors des négociations imminentes sur le Brexit.

A Paris, le CAC 40 montait de 0,83% et à Francfort, le DAX gagnait 0,68%.

En Asie, les marchés boursiers ont aussi accueilli avec sérénité ces résultats électoraux qui affaiblissent nettement la Première ministre conservatrice Theresa May. L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a gagné 0,52% à la clôture, Séoul et Sydney ont aussi fini dans le vert, tandis que Hong Kong s’inscrivait en très léger repli peu après 07H00 GMT.

Le marché de la dette était également loin de paniquer: le taux de l’obligation d’Etat britannique à 10 ans montait de façon modérée, atteignant 1,061% vers 07H30 GMT contre 1,033% la veille.

La Première ministre Theresa May, qui avait convoqué ce scrutin anticipé dans le seul but de renforcer sa majorité existante, a été prise à son propre piège. Si le Parti Conservateur demeure le principal parti de la Chambre des communes, il a perdu une douzaine de sièges, et l’opposition travailliste en a gagné une trentaine.

“Il y a un mois à peine”, la victoire des conservateurs s’annonçait “écrasante”, a rappelé dans une note Craig Erlam, analyste chez Oanda. “La réalité est que leur campagne s’est avérée désastreuse”, et que le chef de l’opposition travailliste, le très à gauche Jeremy Corbyn, est désormais “couvert d’éloges pour avoir effectué un come-back remarquable”, a poursuivi l’analyste. Jeremy Corbyn a appelé vendredi Mme May à la démission.

– Brexit plus doux ? –

“Si les travaillistes se réjouissent, les marchés ne sont pas d’humeur aussi joyeuse. Cependant la réponse a été plutôt modérée”, a résumé Craig Erlam, alors que pourtant un Parlement indécis était présenté comme “le pire des scénarios”. “Il n’y a clairement pas de panique” mais la donne pourrait changer “si les discussions pour former une coalition échouaient et de nouvelles élections se profilaient”, a-t-il prévenu.

Depuis le référendum du 23 juin 2016 en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), la livre a déjà été mise à rude épreuve: elle a perdu quelque 15% de sa valeur face au dollar, plongeant à des niveaux inédits depuis 1985.

Mais d’autres économistes prédisaient un rebond de la livre à terme, dans l’espoir d’une ligne moins dure que celle prônée jusqu’à présent par Theresa May.

“La baisse de la livre “aurait pu être bien pire, cela pourrait refléter le fait que l’électorat a clairement rejeté le +Brexit dur+ promu par la Première ministre”, a déclaré Russ Mould, directeur des investissements chez AJ Bell.

“Nous allons sans doute voir une certaine volatilité aujourd’hui, mais une fois que les choses se seront calmées, l’espoir d’une approche plus douce et moins combattive (vis-à-vis du Brexit, ndlr) pourrait aider la livre tout comme le marché boursier britannique face à l’incertitude générée par cette élection”, a-t-il ajouté.

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