La crise de la banque italienne BMPS en questions

Banca Monte dei Paschi di Siena © REUTERS

La Monte dei Paschi di Siena (BMPS), plus vieil établissement financier de la planète, est depuis des mois dans l’oeil du cyclone, avec d’autres banques italiennes. Pourquoi? Quelles sont les solutions possibles?

Pourquoi la BMPS est-elle en crise?

La Monte, née à Sienne en 1472, navigue en eaux troubles depuis des années. Fragilisée par l’acquisition désastreuse en 2007 de la banque Antonveneta, à un prix deux fois supérieur aux estimations, elle a été ensuite emportée dans un scandale, ses dirigeants de l’époque étant accusés de fraudes et malversations.

La BMPS accumule alors les pertes, parfois abyssales.

Soumise à une cure d’austérité, la troisième banque italienne renoue avec les bénéfices en 2015, pour la première fois en cinq ans. Mais elle est fragilisée par la présence massive dans son portefeuille de créances douteuses (quelque 45 milliards d’euros de créances lourdes), ces prêts non remboursés ayant un risque très élevé de ne l’être jamais.

Conséquence: la Monte a obtenu le pire résultat aux tests de résistance publiés fin juillet par l’Autorité bancaire européenne (EBA) en cas de dégradation de la conjoncture.

Quelle est sa stratégie pour se redresser ?

La BMPS a lancé un vaste plan de sauvetage prévoyant la cession de 27,6 milliards d’euros de créances douteuses et une augmentation de capital pouvant aller jusqu’à 5 milliards d’euros. Le premier acte de ce plan, une opération de conversion volontaire d’obligations en actions, a déjà permis, virtuellement, de récolter plus d’un milliard.

Malgré l’instabilité politique générée par la démission du chef du gouvernement Matteo Renzi, après la victoire le 4 décembre du non au référendum constitutionnel, la banque a décidé de poursuivre ce plan.

La banque souhaite rouvrir la conversion volontaire d’obligations en actions aux particuliers qui en étaient exclus dans la première opération. Entre 1 et 2 milliards pourraient être récoltés ainsi, selon la presse italienne.

D’après les médias italiens, le fonds du Qatar Qia serait par ailleurs prêt à mettre un milliard d’euros sur la table. L’appel au marché proprement dit concernerait donc entre un et deux milliards d’euros.

Quels sont les obstacles?

La BMPS a déjà mené deux augmentations de capital depuis 2014, d’un montant total de huit milliard d’euros, argent déjà parti en fumée, ce qui n’est guère séduisant pour les investisseurs. Ces derniers sont aussi refroidis par le contexte d’instabilité politique.

Par ailleurs, les délais sont courts: la banque doit mener cette opération avant le 31 décembre, date limite fixée par la Banque centrale européenne (BCE) qui lui a refusé un délai supplémentaire.

Que se passera-t-il en cas d’échec ?

Des sources proches du gouvernement italien ont indiqué que ce dernier était prêt à intervenir, avec une injection de fonds publics selon une procédure baptisée “recapitalisation préventive”. Celle-ci impose une mise à contribution des actionnaires et détenteurs d’obligations subordonnées.

Alors que de nombreux Italiens ont acquis des obligations subordonnées sans en connaître les risques, le gouvernement cherche au maximum à préserver les petits épargnants.

Le sauvetage de quatre petites banques avait en effet entraîné l’an dernier des pertes lourdes pour des particuliers, provoquant manifestations et au moins un suicide, et le gouvernement veut éviter la répétition d’un tel scénario.

Il réfléchirait à racheter les obligations de petits épargnants pour les convertir en actions. Une autre option serait la conversion de toutes les obligations en actions et un remboursement ensuite d’une partie des titres des particuliers.

Et les autres banques italiennes?

Leur situation est contrastée. Intesa Sanpaolo a obtenu parmi les meilleurs résultats au tests de résistance cet été.

Beaucoup moins performante, UniCredit a engagé en juillet, sous l’impulsion de son nouveau patron Jean-Pierre Mustier, une vaste révision stratégique, et a réalisé différentes cessions pour renforcer sa solidité en capital. Elle doit annoncer sa nouvelle stratégie mardi, avec une augmentation de capital qui pourrait atteindre 13 milliards d’euros.

De nombreux autres petits établissements se trouvent dans une situation compliquée, à l’image des quatre établissements sauvés de la faillite –Banca Marche, Banca Etruria, Carichieti et CariFerrara–, de Banca Carige ou Credito Valtellinese.

Le système bancaire italien d’une façon générale pâtit de son éclatement avec la présence de quelque 700 établissements différents, de l’importance des créances douteuses dans son portefeuille (360 milliards d’euros, soit près d’un tiers de la zone euro) et de problèmes de capitalisation.

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