La crainte d’une contagion gagne l’Italie

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La récession se poursuit en Italie et les taux d’intérêt à long terme restent élevés. L’Italie est maintenant le seul pays en difficulté à ne pas avoir réclamé des mesures de sauvetage.

Sans surprise, l’institut de statistiques Istat a confirmé les mauvais chiffres de l’économie italienne. Selon ses dernières estimations, le PIB de la péinisule a reculé de 0,8% au premier trimestre, plombé par les plans d’austérité. Il a aussi reculé de 1,4% sur un an, contre une première estimation de 1,3% publiée le 15 mai.
Plombée par la crise de la dette, des réformes, et des plans d’austérité à la chaîne destinés à rassurer les marchés, la troisième économie de la zone euro est entrée officiellement en récession au quatrième trimestre 2011 avec un repli de son PIB de 0,7% après un recul de 0,2% au troisième trimestre.

Les principaux facteurs de la nouvelle contraction de l’économie italienne au premier trimestre ont été la baisse de la consommation et des investissements, a détaillé l’Istat dans son communiqué. La consommation a reculé de 0,6% au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, les Italiens se serrant la ceinture sous l’effet des hausses d’impôts introduites dans le cadre des plans d’austérité et d’un taux de chômage record qui dépasse la barre des 10%. Les investissements ont reculé de 3,6%. En raison de la baisse de la consommation, les importations ont chuté de 3,6%. Les exportations ont diminué de leur côté de 0,6%.

Selon les dernières statistiques économiques publiées, le deuxième trimestre a mal démarré, la production industrielle, pilier de l’économie italienne, ayant accusé une chute de 1,9% en avril sur un mois, beaucoup plus importante que prévu par les économistes. Le 22 mai, l’Istat avait annoncé prévoir une nouvelle contraction du PIB au deuxième trimestre avant une “inversion de tendance” au deuxième semestre avec des taux de croissance “modérément positifs”. Le gouvernement de Mario Monti table sur une contraction du PIB de 1,2% sur l’ensemble de l’année, mais Bruxelles, l’OCDE et le FMI sont plus pessimistes et prévoient respectivement une contraction de 1,4%, de 1,7% et de 1,9%.

Après le sauvetage des banques espagnoles, les regards se tournent vers l’Italie dont certains analystes craignent qu’elle ne soit désormais le nouveau maillon faible de la zone euro. Ces craintes ont été alimentées par un rapport de l’agence de notation Moody’s selon lequel les difficultés des banques espagnoles pouvaient être “une source majeure de contagion pour l’Italie” où les banques sont aussi très dépendantes de la Banque centrale européenne (BCE) pour se financer.

“L’Italie est maintenant le seul pays en difficulté à ne pas avoir été contraint de réclamer des mesures de sauvetage”, relève Federico Fubini, du principal quotidien de la péninsule, Il Corriere della Sera, après les aides apportées à la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne. Sans une stabilisation des taux d’intérêt sur le marché de la dette en Italie et en Espagne et sans un accord européen sur le système bancaire, “l’incertitude est immense et l’attention sur l’Italie sera de plus en plus grande”, estime-t-il.

Les taux d’intérêt en Italie sont plus bas qu’en Espagne, signe d’une plus grande confiance des investisseurs, mais ils évoluent de la même façon. Vendredi, les taux sur 10 ans italiens ont atteint 5,74%, contre 6,192 pour l’Espagne. Pour Carlo Bastasin, du quotidien économique Il Sole 24 Ore, avec l’accord sur l’Espagne “disparaît la dernière barrière qui séparait notre pays du groupe des autres pays en difficulté”. Comme en Espagne, les banques italiennes ont acheté une part importante de la dette italienne, ce qui a permis de compenser la baisse de la demande étrangère, mais a augmenté leur risque face à la crise de la dette souveraine.
Selon Il Corriere della Sera, la crainte d’une contagion -même si les hauts responsables évitent de prononcer ce terme précisément pour ne pas la provoquer- a conduit le chef du gouvernement Mario Monti, qui est également ministre des Finances, à jouer un rôle majeur dans les négociations qui ont abouti au plan de sauvetage des banques espagnoles annoncé samedi. “Monti a notamment fait pression pour que ne soit pas imposé à l’Espagne un plan d’austérité comme en Grèce, en Irlande ou au Portugal”, écrit le quotidien sous le titre “arrêter la contagion”.

Trends.be avec L’Expansion

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