La Chine met en cause le monopole de ses banques

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Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a critiqué mercredi l’incapacité des grandes banques d’État à financer les PME privées et appelé à l’arrivée de capitaux privés dans le secteur financier.

Haro sur le capitalisme d’État dans le secteur bancaire. Dans un discours publié mercredi par les médias officiels, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a appelé à briser le “monopole des grandes banques”, qui empêche selon lui le secteur privé et notamment les PME de financer leurs besoins de développement.

“Quelques grosses banques occupent une position de monopole et c’est seulement auprès de ces banques que l’on peut obtenir des prêts, si on s’adresse ailleurs c’est très compliqué”, a souligné M. Wen. “Ce que l’on peut faire pour faciliter l’arrivée des capitaux privés dans le système financier, c’est, de façon fondamentale, briser ce monopole”, a-t-il ajouté.

Un nombre élevé de PME et de sociétés privées chinoises ont du mal à obtenir des crédits auprès des banques étatiques. Cela en dépit des pressions de la Commission de régulation bancaire (CRBC), qui a demandé aux banques de financer davantage les PME, qui doivent souvent se tourner pour leurs emprunts vers des organismes en dehors du secteur bancaire prêtant à des taux usuraires.

“Les entreprises privées n’ont pas de trésorerie et elles ne disposent que d’une source (pour se financer): les grosses banques chinoises”, a résumé Justin Harper, analyste chez IG Markets à Singapour. Parmi les géants du secteur bancaire chinois figurent la Agricultural Bank of China (AgBank), la Bank of China, la Bank of Communications, la Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), cette dernière étant la première banque mondiale en termes de capitalisation boursière.

Avec le ralentissement des exportations, notamment vers l’Europe, de nombreux emprunteurs se sont récemment retrouvés incapables de faire face à leurs échéances. Certains ont emprunté à des taux d’intérêt pouvant atteindre 5% par mois, soit plus de 70% par an. Les difficultés des PME chinoises ne sont pas partagées par les très puissantes banques chinoises, souvent étroitement liées au Parti communiste au pouvoir dans la deuxième économie mondiale.

La Bank of China a par exemple annoncé fin mars une augmentation de 18,93% de son bénéfice net pour l’année 2011. ICBC a -elle dégagé un bénéfice net en forte hausse de 26% en 2011. Le gouvernement chinois, qui dit vouloir lutter contre l’usure, a donc décidé le mois dernier de créer une “zone expérimentale de réforme globale du secteur financier” dans la région de Wenzhou (est), théâtre l’an dernier de la fuite de plusieurs patrons pris à la gorge par les taux usuraires d’officines clandestines de prêt. Cette réforme, dans cette région à la pointe du capitalisme privé en Chine depuis les années 1980, entend “accélérer le développement de nouvelles organisations financières” en favorisant le financement privé dans un pays où les taux d’intérêt pratiqués par les banques commerciales restent fixés par la banque centrale et non par le marché.

“Je pense que ce projet pilote à Wenzhou a rencontré un certain succès, et que certaines de ses composantes peuvent être immédiatement mises en application au plan national”, a commenté Wen Jiabao, dont les propos étaient retranscrits sur le site de la Radio nationale chinoise. Au niveau national, les prêts informels étaient évalués l’an dernier à quelque 4.000 milliards de yuans (452 milliards d’euros), soit environ 8% de l’encours total des banques ou près d’un dixième du Produit intérieur brut (PIB) chinois. Après 10,4% en 2010 et 9,2% l’an dernier, le gouvernement a fixé un objectif de croissance en Chine cette année en nette décélération, à 7,5%.

Trends.be avec L’Expansion

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