La BCE dénonce le soutien américain au dollar faible

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Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a indirectement dénoncé jeudi les déclarations du secrétaire américain au Trésor soutenant un dollar faible, qui font craindre le déclenchement d’une guerre monétaire au niveau mondial.

Sans jamais le citer, mais en faisant clairement référence au secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin auteur mercredi soir d’une sortie fracassante sur le sujet, M. Draghi a fustigé “la communication” de cette “autre personne” qui “ne se conforme pas aux termes convenus” depuis “des décennies” entre partenaires internationaux.

Il a appelé lors d’une conférence de presse à la retenue, au lendemain de l’éloge surprise du “dollar faible” par l’administration américaine, en rappelant les engagements multilatéraux à ne pas manipuler les changes.

Mercredi soir, à la surprise générale, M. Mnuchin a crûment affirmé qu’un “dollar plus faible” était “bon” pour les Etats-Unis puisqu’il favorise “le commerce et les opportunités”.

Non seulement cette déclaration rompt avec des décennies de discours américain vantant le “dollar fort”, mais elle a immédiatement fait chuter le billet vert, poussant l’euro à la hausse.

La BCE est traditionnellement opposée à toute initiative politique cherchant à faire évoluer artificiellement le taux de change par intérêt économique.

“Nous nous abstiendrons de mener des dévaluations compétitives, et nous ne ciblerons pas nos taux de change à des fins de compétitivité”, promettait par exemple un communiqué du 14 octobre dernier dans le cadre du Fonds monétaire international, soigneusement relu par M. Draghi.

Les déclarations jeudi du patron de la BCE ont cependant échoué à calmer l’envolée de la monnaie unique, passé jeudi vers 14H00 GMT à 1,2537 dollar, son niveau le plus élevé depuis mi-décembre 2014.

La BCE n’a pas le droit de commenter directement le niveau du taux de change de l’euro, en vertu de ses statuts qui ne lui donnent aucun rôle direct en la matière. En revanche le lien entre niveau de l’euro et inflation, qui figure elle au coeur de sa mission, est un facteur essentiel pour elle.

M. Draghi a du coup promis que la BCE allait “surveiller” la “volatilité récente du taux de change”, qui constitue à ses yeux “une source d’incertitudes” susceptible de freiner l’évolution des prix.

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