L’Eurogroupe prêt à consentir à 7 milliards de financements d’urgence à la Grèce

© AFP/Sakis Mitrolidis

L’Eurogroupe consent en principe à négocier un nouveau plan de sauvetage sur trois ans pour la Grèce, à la suite du vote d’un premier train de réformes au Parlement grec mercredi soir. Un premier financement d’urgence de 7 milliards d’euros pourrait déjà être octroyé à la Grèce, afin d’assurer une transition d’ici le déblocage du troisième plan de sauvetage.

Les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) se sont entretenus par téléphone durant deux heures jeudi matin au lendemain de l’adoption par le Parlement grec du train de réformes exigé par les créanciers, condition sine qua non à la négociation d’un troisième plan de sauvetage, évalué entre 82 et 86 milliards d’euros.

L’Eurogroupe a annoncé, à l’issue de la réunion, son accord de principe pour accorder cette aide financière au titre du Mécanisme européen de stabilité (MES) sur trois ans, sous réserve des ratifications parlementaires en cours.

Une fois les procédures bouclées d’ici vendredi, “les institutions seront chargées de négocier rapidement un protocole d’accord détaillant les conditions attachées à l’assistance financière”, précise la déclaration de l’Eurogroupe. Cette procédure devrait prendre environ un mois, avant que les premiers versements puissent être effectués.

C’est pourquoi l’Eurogroupe devait aussi aborder la question d’un financement d’urgence transitoire pour la Grèce, car le pays doit d’ici lundi déjà honorer un remboursement de 4,2 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE). La Commission européenne a proposé mardi d’avoir recours à un instrument communautaire, le mécanisme européen de stabilisation financière (FESM), à hauteur de 7 milliards d’euros avec une maturité maximum de trois mois.

Un accord de principe à ce sujet aurait déjà été dégagé au niveau des 28 partenaires européens, ont affirmé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et son commissaire chargé de l’Euro, Valdis Dombrovskis, jeudi après-midi.

Cet accord de principe à ce sujet aurait déjà été dégagé au niveau des experts, à l’échelon sous-jacent à celui des ministres des Finances de l’ensemble de l’Union européenne (Ecofin). Une procédure écrite pour le formaliser sera lancée en cours de soirée, pour une approbation à l’unanimité vendredi.

“La procédure doit être finalisée demain midi”, a indiqué sur Twitter M. Dombrovskis. “Ce financement relais sera disponible jusque la mi-aout”, a aussi signalé M. Juncker.

Qu’un fonds communautaire, nécessitant l’appui des 28, puisse être mis à profit pour venir en aide à la Grèce, a fait grincer des dents à Londres, mais aussi à Prague.

Il est dès lors question que “des sauvegardes pour les Etats membres hors de l’eurozone en cas de pertes” soient établies, a affirmé jeudi midi une porte-parole de la Commission européenne. Une fois ce financement relais adopté, “les fonds pourraient être déboursés rapidement”, a-t-elle ajouté.

La BCE relève ses aides d’urgence aux banques grecques de 900 millions

La Banque centrale européenne (BCE) a par ailleurs décidé de relever de 900 millions d’euros sur une semaine le plafond des prêts d’urgence accordés aux banques grecques, leur dernière source de financement, a annoncé jeudi le président de la BCE, Mario Draghi.

“Nous avons décidé aujourd’hui de relever ELA”, acronyme pour ces financements d’urgence qui étaient plafonnés depuis fin juin à près de 89 milliards d’euros, a indiqué, lors d’une conférence de presse, Mario Draghi. La hausse de 900 millions d’euros correspond à ce qu’avait demandé la Banque de Grèce pour ses banques, a-t-il précisé.

La BCE agit en partant du principe que la Grèce “est et restera un membre de la zone euro”, a-t-il martelé.

M. Draghi a jugé que l’accord trouvé en début de semaine sur le principe d’un troisième plan d’aide pour la Grèce, de plus de 80 milliards d’euros, et le vote dans la nuit de mercredi à jeudi de premières réformes par le parlement grec faisaient que “les conditions pour un relèvement d’ELA (étaient) à nouveau données”.

Avec cette décision, la BCE rouvre ainsi un robinet qu’elle avait fermé depuis quelques semaines, en choisissant à plusieurs reprises de ne pas augmenter le plafond de ces fonds d’urgence aux banques.

M. Draghi a par ailleurs jugé “injustifiées et totalement infondées” les critiques selon lesquelles la BCE aurait maintenu une pression trop importante sur les banques hellènes et provoqué une panique bancaire.

“ELA a augmenté de 0 à 90 milliards” depuis le début de la crise grecque, et “l’eurosystème a est désormais exposé à la Grèce à hauteur de 130 milliards”, s’est-il justifié, en soulignant que l’Europe est ainsi le principal créancier de la Grèce.

L’Italien a également estimé que les contrôles des capitaux mis en place en Grèce “ont protégé les déposants”. Il s’est dit conscient que de telles mesures “brident la reprise économique” mais a recommandé d’agir “avec prudence” quant à leur levée. Cette décision revient toutefois au seul gouvernement grec, a-t-il reconnu.

M. Draghi a enfin reconnu que la santé des banques grecques posait désormais “un problème systémique”. En conséquence, la BCE a promis d’annoncer à l’avenir ses décisions sur ELA de manière officielle, ce qu’elle ne faisait pas jusqu’à présent.

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