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L’épargnant est devenu la variable d’ajustement des budgets gouvernementaux

L’épargnant ne le sait pas, mais le monde a changé : la stabilité des banques et des Assureurs passe avant le rendement offert aux épargnants – la sécurité juridique a donc changé de camp et c’est l’épargnant qui en fait les frais.

L’épargnant n’est pas gâté ces dernières années : nos dirigeants politiques et monétaires européens ont décidé de lui faire payer en partie la crise dont il n’est absolument pas responsable. Ils le savent bien d’ailleurs, mais que voulez-vous, il faut bien trouver de l’argent quelque part.

Sans le dire officiellement, l’épargnant est devenu la variable d’ajustement des budgets gouvernementaux, et en particulier en Belgique. La semaine dernière, par exemple, le ministre des Finances a annoncé qu’il voulait diminuer l’impôt des sociétés. Pour compenser le manque à gagner, l’une des pistes consiste à aller – de nouveau – chercher de l’argent dans la poche de l’épargnant. Comment ? Tout simplement en augmentant le précompte mobilier sur les dividendes de 27% à 30%. Je rappelle que cet impôt sur les dividendes n’était que de 15%, il y a quelques années encore. Il y a un siècle, on a envie de dire !

En fait, l’épargnant n’est pas seulement détroussé, il est aussi en quelque sorte abandonné à son sort par son propre gouvernement. Prenons l’exemple d’une grande compagnie d’assurance qui a pignon sur rue en Belgique. Elle a proposé pendant des années un produit qui garantit à vie à ses détenteurs un taux de 4.75% ! Pas mal comme produit quand les taux d’intérêt sont aujourd’hui de 0%. Oui, sauf que le gouvernement entre l’intérêt, sans jeux de mots de l’épargnant, et l’intérêt de la stabilité de cette compagnie d’assurance a fait son choix. Comme il estime que verser ce taux de 4.75% n’est plus raisonnable et met en danger la rentabilité de cette compagnie d’assurance, le gouvernement a fait voter des textes de loi qui imposent à cette même compagnie de baisser le taux de ce rendement garanti. Bref, la compagnie d’assurance n’a plus qu’à se cacher derrière cette nouvelle loi, pour dire aux épargnants, “désolé, je vous ai promis la Lune, mais mon législateur m’imposer de ne plus vous la proposer, vous comprenez, les temps sont difficiles aujourd’hui”.

L’épargnant est entré dans un nouveau monde dans lequel le gouvernement est impuissant à le protéger, car il doit faire passer la stabilité financière globale (“les règles prudentielles” en jargon bancaire) avant les intérêts des épargnants. La sécurité a donc changé de camp – c’est Goliath (marché) qui est protégé au détriment de David (l’épargnant). Et c’est la cigale qui est chouchoutée contre la fourmi puisque l’épargne n’est plus parée de ses vertus et est systématiquement découragée. La crise a fait basculer tous nos repères – autant en être conscient pour changer ses pratiques et les adapter à ce nouveau monde.

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