L’économie mondiale face aux défis de la Chine et des taux américains

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La planète finance a rendez-vous la semaine prochaine à Lima pour tenter de dissiper les nuages entourant l’économie mondiale, grippée par le coup de mou chinois et les craintes liées à un changement de cap monétaire américain.

“Il y a des raisons d’être inquiet”, a résumé mercredi Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international (FMI) qui tient son assemblée générale dans la capitale péruvienne aux côtés de la Banque mondiale et des ministres des Finances et banquiers centraux du globe.

“La perspective d’une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis et le ralentissement en Chine alimentent une incertitude et une plus forte volatilité des marchés”, a-t-elle détaillé.

Les nouvelles prévisions mondiales du Fonds, qui seront publiées mardi, et le communiqué des ministres du G20 Finances, attendu vendredi, devraient refléter ce pessimisme ambiant qui se concentre désormais sur les pays émergents –Chine en tête –, reléguant au second plan les crises grecque et ukrainienne.

Déjà déstabilisée par des turbulences boursières, la Chine, deuxième économie mondiale, devrait connaître cette année sa plus faible expansion depuis vingt-cinq ans, au risque d’entraîner beaucoup d’autres dans son sillage.

De fait, le coup de mou chinois plombe les cours des matières premières (pétrole, cuivre, aluminium…), privant ainsi les pays qui les produisent de ressources cruciales.

Résultat: les économies qui entretiennent des liens étroits avec Pékin sont tombées en récession (Brésil) ou menacent de le faire (Afrique du Sud).

“Il est difficile d’évaluer les effets négatifs sur la confiance dans d’autres économies émergentes et pour l’économie mondiale dans son ensemble”, a reconnu un membre du directoire de la Bundesbank allemande, Andreas Dombret.

Péril

Si on ajoute à cela les malheurs de la Russie, un constat s’impose: après avoir été les locomotives de l’économie mondiale pendant la crise de 2008-2009, les grands pays émergents, à l’exception de l’Inde, sont en passe de se transformer en boulets.

C’est la conclusion à laquelle est parvenue l’Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE) quand elle a légèrement abaissé ses prévisions de croissance mondiale mi-septembre.

“La reprise progresse dans les économies avancées mais les perspectives ont continué à se détériorer pour plusieurs économies émergentes”, avait diagnostiqué l’organisation.

D’autant qu’un autre péril guette les pays émergents: la prochaine hausse des taux de la banque centrale américaine, qui devrait faire beaucoup parler d’elle lors du grand raout péruvien.

Ce changement de cap, qui pourrait intervenir d’ici à la fin de l’année, risque de pousser les investisseurs à rapatrier leurs fonds aux Etats-Unis en délaissant les pays émergents et en les privant ainsi d’argent frais.

Les pays émergents “doivent accrocher leur ceinture au cas où le voyage serait chaotique”, a récemment mis en garde la Banque mondiale.

Les entreprises des pays émergents, dont la dette a plus que quadruplé en dix ans selon le FMI, pourraient payer le prix fort en déposant la clé sous la porte, fragilisant les banques mais aussi les Etats. “Un cercle vicieux”, selon l’expression de Mme Lagarde.

Avancée sur le climat ?

Les grands argentiers du globe auront toutefois quelques motifs de consolation au Pérou, premier pays sud-américain à accueillir une assemblée générale FMI-BM en près de 50 ans.

Première économie mondiale, les Etats-Unis semblent ainsi bien se porter tandis que deux importants dossiers pourraient enregistrer des avancées au terme de cette semaine de colloques et de conférences de presse.

A deux mois de la conférence Climat à Paris, les ministres des Finances du globe pourraient détailler à Lima leur contribution aux 100 milliards de dollars par an promis à Copenhague en 2009 pour lutter contre le réchauffement climatique.

“La grande question sera de savoir si ces engagements ont été tenus et comment ils sont calculés”, pointe Jennifer Morgan, de l’ONG World Resources Institute.

A Lima, les ministres des Finances du G20 devraient par ailleurs donner leur feu vert à un grand plan d’action contre les stratégies des multinationales visant à réduire leurs impôts et abriter leurs profits dans des paradis fiscaux.

Ces techniques s’apparentent “à une forme de corruption” qui prive les pays pauvres de recettes cruciales, a estimé le président de la BM, Jim Yong Kim.

L’accord final ne sera toutefois paraphé qu’en novembre, en Turquie, par les chefs d’Etats et de gouvernements du G20.

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