Koen Geens veut faire revoir les salaires des patrons de Dexia
Le ministre des Finances Koen Geens va demander au comité de rémunération de Dexia de reconsidérer la politique de rémunération des membres du comité de direction, annonce son cabinet mercredi.
“Cet exercice doit tenir compte d’un sentiment éthique justifié dans la société, des règles plus strictes dans la nouvelle loi bancaire en matière de politique de rémunération des banques qui ont bénéficié d’un soutien exceptionnel des pouvoirs publics, et de la nécessité du besoin en talents courageux pour limiter au maximum pour la communauté les pertes dans la banque résiduelle”, souligne le ministre dans un bref communiqué.
De la compréhension Mardi, devant les membres de la commission des Finances de la Chambre, Koen Geens avait demandé de la compréhension devant les difficultés à gérer la banque franco-belge Dexia et à trouver des personnes pour diriger un groupe voué à s’éteindre dans un contexte très concurrentiel.
L’augmentation de salaire de 30% accordée aux dirigeants du groupe franco-belge a suscité l’indignation de nombreux politiques et de représentants syndicaux. Plusieurs députés, dont Georges Gilkinet (Ecolo) et Dirk Van der Maelen (sp.a), avaient relayé mardi ces sentiments en commission des Finances de la Chambre, en invoquant notamment les 50,02% détenus par la Belgique dans la “bad bank” (banque en déshérence).
“Je respecte vos objections éthiques mais la concurrence est très forte et ni vous, ni moi ne pouvons diriger Dexia. C’est un aspect dont nous devons tenir compte. Beaucoup de gens ont déjà quitté le navire”, avait souligné M. Geens (CD&V). Et le ministre de rappeler que les augmentations octroyées l’ont été après un avis du comité de rémunération rendu au conseil d’administration. Ce comité a procédé à une comparaison avec les rémunérations en cours dans le secteur.
Koen Van Loo, le représentant de la Société Fédérale de Participation et d’Investissement (SFPI) qui détient les actions de l’Etat belge dans Dexia, avait averti les autres administrateurs des risques de protestation de plusieurs instances, dont la Commission européenne, ainsi que de la sensibilité de l’opinion publique à l’égard des salaires, a indiqué le ministre.
Le pouvoir d’invalider ces rémunérations appartient toutefois au seul conseil d’administration. L’Etat belge ne peut intervenir que dans le cadre de l’assemblée générale en refusant d’approuver le rapport du comité de rémunération.
Augmentations “inappropriées”, selon Moscovici
Le ministre français de l’Economie, Pierre Moscovici, a jugé mercredi matin “inappropriées” ces augmentations de salaire de 30%, ou 450.000 euros par an, pour trois dirigeants du Holding Dexia. Les gouvernements français et belge se sont entretenus à ce sujet.
“Je trouve que cette augmentation est inappropriée”, a-t-il déclaré sur RMC/BFMTV mercredi, en rappelant que Dexia avait bénéficié de la part de la France d’un soutien financier “énorme”. Il a également annoncé avoir “déjà pris des contacts” avec le gouvernement belge “pour une approche commune afin que cette décision soit revue”. “J’espère que nous serons entendus”, a-t-il conclu.
Dexia est détenue à 44% par la France et à 50% par la Belgique. Sauvé de la faillite par les États belge et français à l’automne 2008, le groupe Dexia a été durement frappé par la crise de la dette, ce qui a rendu nécessaire un second sauvetage en octobre 2011. Selon la Cour des comptes, les déboires de la banque ont coûté 6,6 milliards d’euros à la France.
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