Investir en 2012 : “Préférez les actions défensives !”

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“Nous devons réduire la croissance pour réduire les dettes !”, estime Peter Vanden Houte, économiste en chef d’ING Belgique, qui livre ses prévisions – et ses conseils d’investissement – pour les mois à venir.

Après deux années de légère reprise, l’économie se dégrade à nouveau, constate Peter Vanden Hout, chief economist d’ING Belgique. “La crise du crédit, les restrictions budgétaires et la baisse de confiance constituent un cocktail empoisonné pour la croissance économique, indique-t-il dans un communiqué lundi. La zone euro enregistrera probablement un déclin économique en 2012. Les Etats-Unis se portent un peu mieux pour l’instant, bien que le pays soit également confronté à des problèmes de dette qui auront pour conséquence que la croissance restera modérée en 2012. Même les pays émergents présentent des signes de refroidissement.”

Bien qu’un déclin économique semble inéluctable dans un premier temps, “nos indicateurs précurseurs prévoient un revirement du climat économique à partir du deuxième trimestre de 2012, prolonge-t-il. Cela suppose toutefois que les chefs de gouvernement européens parviennent à enrayer la crise de l’euro.”

Les “atermoiements” et l'”indécision” font, selon lui, que “les marchés financiers tablent de plus en plus sur un scénario d’éclatement. Le maintien de la zone euro requiert, dans la plupart des pays de la zone euro, des sacrifices importants de la part de la population, mais ces sacrifices seront moins durs en cas de moindre prospérité qui résulterait d’un éclatement de la zone euro.”

Le tassement actuel de la croissance a pourtant une conséquence positive, nuance l’économiste en chef : les tensions inflationnistes diminuent. “Les prix de la plupart des matières premières sont plutôt à la baisse, tandis qu’au niveau des prix du pétrole, cela se fait avec une lenteur exaspérante, eu égard à une situation de l’offre et de la demande encore toujours tendue.”

“Les taux à long terme devraient rester bas, malgré une certaine volatilité”

Du côté des banques centrales, la Federal Reserve américaine “a déjà annoncé qu’elle allait maintenir le taux à son bas niveau actuel jusqu’en 2013 au moins”. De ce côté de l’Atlantique, “la BCE ne sera pas en reste. Nous estimons que le taux passera sous la barre de 1 % et qu’il restera à ce niveau pendant toute l’année 2012. Dans ces circonstances, les taux à long terme devraient également rester bas, malgré une certaine volatilité.”

Concernant les taux de change, “les péripéties de l’euro restent source de fluctuations. Tant que les marchés financiers craindront un éclatement de la zone euro, il est difficile d’anticiper une hausse de la monnaie unique, même si le dollar ne semble pas en mesure de présenter de bons fondamentaux.”

Au cours des dernières décennies, le monde occidental a connu une hausse pratiquement permanente des niveaux d’endettement généraux, pointe encore l’économiste d’ING : “Nous sommes cependant arrivés à un tel point que ces niveaux d’endettement ne sont plus tenables et qu’une ère de réduction de cet endettement a commencé. Cela implique cependant que la croissance sera nettement plus faible dans la plupart des pays occidentaux. Alors que, dans le passé, nous avons acheté de la croissance en créant de l’endettement, nous devons maintenant réduire la croissance pour réduire les dettes.”

“D’aucuns prétendent que cela ira de pair avec une inflation accrue. De cette manière, le coût réel du remboursement de la dette pourra être adouci. Mais les réticences vis-à-vis d’une inflation plus importante semblent très fortes dans les pays qui enregistrent un vieillissement rapide de la population.”

En guise d’alternative, estime-t-il, le coût réel de la dette peut être diminué en maintenant le taux nominal à un bas niveau. “Prenez l’exemple du Japon : basse inflation combinée à des taux nominaux historiquement bas. Une situation vers laquelle l’Europe fonce tout droit. Pour l’investisseur, obtenir de bons rendements dans un tel contexte est un véritable challenge.”

Au niveau boursier, “les marchés émergents ont sous-performé les marchés développés”

Sur les marchés financiers, 2011 aura été “sans conteste une des années qui resteront dans les annales du fait d’un quasi-quadruplement de la corrélation (à 0,8) entre les différentes classes d’actifs, chiffre Peter Vanden Hout. Les cours des actions, obligations et matières premières ont évolué de concert comme jamais. Ce qui, dans un environnement rendu particulièrement volatile par les incertitudes politiques et l’affaiblissement conjoncturel, a exacerbé les phases de rally (risk on) et de prises de bénéfices (risk off) sur les marchés.”

Résultat des courses : les marchés ont été privés de réels momentum de moyen terme. Difficile, dans ces conditions, de dégager de la surperformance, même en adoptant une allocation d’actifs diversifiée…

Au niveau boursier, “les marchés émergents (- 16,6 %) ont sous-performé les marchés développés (7,2 %), alors que les Etats-Unis (- 1,1 %) et la zone euro (- 16,8 %) ont fait le grand écart. Sur le plan sectoriel, les valeurs défensives se sont distinguées par rapport aux actions cycliques.”

“Les obligations, quant à elles, n’ont pas échappé à la volatilité, le “stress financier” émanant de la périphérie européenne allant jusqu’à contaminer les pays du “noyau dur” de la zone euro.”

Comment investir en 2012, selon le chief economist d’ING Belgique

Une volatilité qui risque, selon ING, de continuer à animer les débats l’année prochaine. “Le tableau économique global reste en effet peu engageant, les réponses politiques à la crise de la dette publique peinent à converger, et la BCE ne semble pas disposée à jouer le rôle d’acheteur de dernier recours.”

Il paraît également, aux spécialistes de la banque néerlandaise, “inapproprié de jouer massivement la carte des actifs à risque”. ING sous-pondère donc les actions à l’échelle globale et surpondère tactiquement les liquidités. Elle privilège toujours les actions défensives, en particulier celles à haut dividende et/ou celles dotées de grandes capitalisations, dans les secteurs des soins de santé, des biens de consommation de base, des télécoms et des services aux collectivités.

“Sans solution crédible au (re)financement des Etats, il paraît aussi prématuré d’acheter des obligations souveraines dans la périphérie européenne. Mais ING profite du récent élargissement de la prime de risque des emprunts d’entreprises pour être tactiquement long sur les obligations Investment Grade, les sociétés disposant d’un rating supérieur ou égal à BBB- disposant d’un bilan sain.”

La dette émergente, en devises locales et étrangères, demeure “intéressante dans une perspective à long terme d’appréciation des devises locales (surtout en Asie). A fortiori si l’on prend en compte leur perspective de croissance à moyen et long termes et la solidité de leurs situations financières qui tranchent, toutes les deux, avec ce que l’on peut observer dans les économies développées.”

Quant aux matières premières, ING Belgique sous-pondère les plus cycliques d’entre elles (métaux industriels et pétrole) mais considère toujours l’or et les autres métaux précieux comme des valeurs refuge.

Trends.be

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