ING : plus solide mais…

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… Moins rentable. Conséquence des nouvelles exigences en matière de fonds propres, le bancassureur néerlandais ING revoit en effet ses objectifs de rentabilité à la baisse. Explications.

Alors qu’il tablait encore voici deux ans sur une rentabilité de ses fonds propres comprise entre 13 et 15 %, ING vise désormais un return on equity compris entre 10 et 13 % à l’horizon 2015.

La raison de ce fléchissement ? La fameuse réforme de Bâle 3 qui oblige les banques à augmenter leur niveau de capital par rapport à leurs engagements totaux, mais aussi en fonction des risques pris. Cela pour éviter de revivre la situation tendue que certaines banques ont connue après la faillite de Lehman Brothers en 2008. De nouvelles règles qui “mettent les marges sous pression”, a déclaré le CEO du groupe, Jan Hommen, lors d’un récent investor day à Amsterdam.

En l’occurrence, le groupe néerlandais (actif chez nous à travers sa grosse filiale ING Belgique) espère amener le noyau dur de ses fonds propres (core tier one) à un niveau supérieur à 10 % dès 2013, là où il s’établissait à 9,6 % à la fin du troisième trimestre 2011. En 2008, ce même matelas de capitaux propres s’élevait à… 7,5 %.

Bref, le renforcement des règles en matière de fonds propres commence à avoir des effets très concrets sur les profits des banques européennes. “Le cas d’ING montre clairement qu’on va vers un monde où les banques sont moins rentables et plus regardantes en matière d’octroi de crédit, situe Etienne de Callataÿ, chief economist à la Banque Degroof. C’est inévitable. On ne peut pas faire de l’angélisme et vouloir un système financier plus sûr sans en payer le prix.”

Tous les “stakeholders” mis à contribution

Chez ING, ce prix passe d’abord par une distribution limitée du dividende et donc davantage de mise en réserve des profits. Jan Hommen a en effet indiqué à cet égard que le versement des dividendes était suspendu tant que le groupe n’avait pas remboursé les aides perçues en 2008 auprès de l’Etat néerlandais.

Le groupe vise aussi une amélioration de son cost income ratio (rapports coût/revenu). Il entend ramener ce coefficient d’efficacité autour des 50 %. Il n’y a donc pas que les actionnaires et les candidats emprunteurs du groupe qui vont le sentir passer. “Lorsqu’elle est confrontée à une pression sur sa rentabilité, une banque va en toute logique aussi chercher à augmenter ses recettes et à diminuer ses coûts, pointe encore Etienne de Callataÿ. Autrement dit, à faire payer davantage le client pour certains de ses services et à comprimer les salaires, les dépenses marketing, etc.”

De fait. Outre de grosses réductions d’effectifs aux Pays-Bas, l’enseigne ne vient-elle pas chez nous d’augmenter plusieurs de ses tarifs, dont ceux réclamés pour les retraits d’argent à des appareils autres que ses propres guichets automatiques ?

Sébastien Buron

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