Il y a un an, Dexia sombrait

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Il y a un an, le groupe Dexia – né en 1996 de l’alliance entre le Crédit communal de Belgique et le Crédit local de France – était sur le point de vivre les heures les plus sombres de son histoire.

Sauvé de justesse de la faillite en 2008 grâce à l’injection de 6 milliards d’euros par la France et la Belgique, le groupe franco-belge est rattrapé par la crise de la dette 3 ans plus tard.

Le 3 octobre 2011, c’est un communiqué de Moody’s qui met le feu aux poudres. L’agence de notation financière y annonce avoir placé sous revue, en vue d’un déclassement, les trois entités opérationnelles du groupe (Dexia Banque Belgique, Dexia Crédit Local et Dexia Banque Internationale à Luxembourg). Dans la foulée, le titre Dexia connaît une journée noire en Bourse et cède plus de 10%.

Le 4 octobre, un conseil d’administration marathon de Dexia se solde par un communiqué de presse sibyllin. L’administrateur délégué de l’époque, Pierre Mariani, y est chargé de “préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre les problèmes structurels qui pénalisent les activités opérationnelles du groupe et ouvrir de nouvelles perspectives de développement à ses franchises commerciales historiques en Belgique et en France”.

La machine s’emballe, une vente à la découpe est rapidement évoquée

Dans la journée du 4 octobre, l’action Dexia dévisse encore, perdant jusqu’à 37 pc, pour devenir une “penny stock”, ces actions dont la cote vaut moins d’1 dollar ou d’1 euro. Deux jours plus tard, le 6 octobre, le titre est suspendu à la demande de la FSMA, le gendarme belge de la bourse.

De leurs côtés, les gouvernements français et belge affirment “suivre de près la situation” et “interviendront si nécessaire”, assure Didier Reynders, alors ministre des Finances.

Le 10 octobre, l’information est officielle: le groupe est démantelé. Dexia Banque Belgique est nationalisé par l’Etat belge qui débourse 4 milliards d’euros. Au cours d’une conférence de presse, le Premier ministre Yves Leterme annonce également un accord sur les garanties apportées par les Etats pour le financement de la banque résiduelle – la “bad bank” – dans laquelle seront logés 90 milliards d’euros d’actifs risqués de Dexia. La part belge de la garantie s’élève à 60,5 pc, ce qui correspond à un montant de 54 milliards d’euros. Quant à La France et au Grand-Duché de Luxembourg, ils prennent à leur compte respectivement 36,5% et 3% de cette garantie.

Quelques jours plus tard, les autorités régionales et Dexia Banque Belgique concluent un accord autorisant une liquidation du Holding Communal, à genoux à la suite de la chute de Dexia.

Le 3 novembre, la Commission spéciale de la Chambre “chargée d’examiner les circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA” tient sa première réunion. Elle présentera, fin mars 2012, une cinquantaine de recommandations, suggérant notamment de permettre au superviseur du secteur financier de pouvoir agir plus rapidement mais aussi préalablement à toute décision importante, comme les hausses de capital.

Au cours des mois suivants, le groupe annonce qu’il va céder, pour 730 millions d’euros, Dexia Banque International à Luxembourg (Dexia BIL) au groupement d’investisseurs du Qatar Precision Capital et au Grand-Duché de Luxembourg. Les négociations à ce sujet n’ont toujours pas abouti mais seraient “en bonne voie”. Quant à la filiale turque Denizbank, dont la vente vient tout juste d’être bouclée, elle tombe entre les mains de la première banque russe, Sberbank, pour un peu plus de 3 milliards d’euros.

Dexia Banque Belgique, elle, tente de tourner la page et de reconquérir ses clients. Fin novembre 2011, Alfred Bouckaert est ainsi nommé président du conseil d’administration et en février 2012, le nouveau nom de la banque est dévoilé. Exit Dexia Banque Belgique, désormais, c’est de Belfius dont il faudra parler. Dans la foulée, la banque remet à la Commission européenne un business plan à cinq ans (2012-2016), devant assurer sa viabilité. La stratégie semble payante: le 6 septembre, Belfius annonce avoir clôturé son premier semestre 2012 sur un bénéfice net, part du groupe, de 252 millions d’euros.

Quant au groupe Dexia, désormais dirigé par Karel De Boeck, il devrait remettre à la Commission européenne une nouvelle version de son plan de restructuration, adaptée, vers la mi-octobre. Dans sa première version, ce plan prévoyait un montant de 90 milliards d’euros de garanties publiques, un montant qui ne devrait pas augmenter alors que le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, a récemment appelé la Belgique et la France à accélérer leurs négociations, en cours depuis plusieurs mois, dans le dossier.

La Commission européenne vient par ailleurs d’approuver une deuxième prolongation, jusqu’au 31 janvier 2013, de la garantie publique temporaire de 55 milliards d’euros octroyée par la Belgique, la France et le Luxembourg à Dexia SA et à Dexia Crédit Local (DCL). Parallèlement, elle a étendu le champ de son enquête approfondie sur la restructuration de Dexia, ouverte en 2011.

Au terme des 6 premiers mois de 2012, Dexia a accusé une perte de 1,16 milliard d’euros.

avec Belga

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