Grèce: La Bourse d’Athènes plonge pour sa réouverture après cinq semaines de pause

Devant la Bourse d'Athènes. © REUTERS/Ronen Zvulun

La Bourse d’Athènes limitait légèrement ses pertes (-18,05%) après une chute de près de 23% lors de la reprise des opérations lundi après cinq semaines de fermeture consécutive à l’instauration par le gouvernement grec d’un contrôle des capitaux.

L’indice ATHEX, qui avait perdu 22,82% dans les premiers échanges, avait légèrement limité ses pertes au bout de deux heures de séance, à -18,21% et 653,33 points à 09h30 GMT.

Les valeurs bancaires, dans l’oeil du cyclone en raison de la fragilité du secteur affaibli par plus de 40 milliards d’euros de retrait depuis décembre, restaient en revanche affecté depuis l’ouverture, avec des pertes de près de 30%.

Cette dégringolade était attendue après une fermeture du marché grec durant cinq semaines pour le préserver des turbulences liées à l’impasse dans laquelle se trouvait fin juin les négociations entre la Grèce et ses créanciers UE et FMI sur la reprises du financement du pays.

“Nous nous attendons à de la pression. Les marchés ne manqueront pas de répercuter une telle interruption (des opérations à la Bourse, NDLR). Mais nous ne devons pas nous laisser emporter, avait déclaré peu avant la réouverture de la bourse le président de la Commission des marchés, Konstantinos Botopoulos, sur la radio Skai.

Il avait appelé à “attendre la fin de la semaine pour voir avec plus de sérénité comment sera appréhendée cette réouverture”. “Nous n’aurons pas une vision complète aujourd’hui”, avait insisté M. Botopoulos, soulignant l’importance d’une reprise des opérations “pour donner de l’oxygène au patient”. “C’est comme pour un malade (…), l’idée, c’est de débrancher l’assistance respiratoire pour que la Bourse et le marché grec puissent recommencer à respirer seuls”.

Les opérations boursières ont repris avec notamment des limitations pour les investisseurs locaux et une interdiction lundi des ventes à découvert pour limiter la spéculation à la baisse.

La bourse avait terminé en hausse lors de la dernière séance

La bourse avait terminé en hausse lors de la dernière séance le 26 juin à 797,52 points. Le soir même, le Premier ministre Alexis Tsipras, premier chef d’un gouvernement de gauche radicale en Europe, avait procédé à l’annonce surprise d’un prochain référendum sur les nouvelles mesures d’austérité proposées à son pays.

Alexis Tsipras espérait par ce référendum sortir de l’impasse dans laquelle s’étaient retrouvées les négociations avec les créanciers (UE et FMI) en soumettant ainsi leur offre d’accord sur le financement à l’avis des électeurs. Le “non” à ce plan des créanciers l’avait emporté le 5 juillet.

Cette décision avait provoqué la panique des épargnants qui s’étaient précipités aux distributeurs de billets pour retirer de l’argent, aggravant une lente hémorragie des dépôts depuis décembre 2014.

Devant le risque d’un effondrement des banques, le gouvernement avait décrété un contrôle des capitaux et la fermeture à la fois des banques, qui ont finalement rouvert le 20 juillet, et de la Bourse.

Les opérations boursières ont repris avec des limitations pour les investisseurs locaux. Ces derniers ne peuvent pas financer l’achat de titres en retirant de l’argent sur leurs comptes bancaires en Grèce, restant ainsi soumis au contrôle des capitaux en vigueur dans ce pays. Ils peuvent en revanche se servir de comptes à l’étranger ou effectuer des transactions en liquide.

La Grèce et ses créanciers ont conclu le 13 juillet un accord aux forceps afin de négocier un troisième plan d’aide au pays dont les discussions s’annoncent très dures, en raison notamment de divergences entre créanciers sur un allègement de la dette publique grecque, soutenu par la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international ou encore la France. Mais que l’Allemagne répugne à évoquer.

Dimanche, le ministre français des Finances, Michel Sapin, a estimé que son homologue allemand Wolfgang Schäuble “se trompait” en proposant une sortie temporaire d’Athènes de la zone euro.

Vendredi, le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, a eu son premier rendez-vous avec les hauts représentants des créanciers en charge d’élaborer le troisième plan d’aide, dont le FMI, qui participe aux discussions même s’il ne s’associera pas dans l’immédiat à ce nouveau renflouement.

Le gouvernement grec veut finaliser d’ici la mi-août l’accord sur un nouveau prêt de trois ans d’un montant de plus de 82 milliards d’euros.

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