Google terrasse Facebook, chouchou des analystes

La récente chute des valeurs technologiques n’a pas épargné Facebook et Google qui affichent toutefois toujours des ratios de valorisation tendus, même pour Google, champion de notre match des poids lourds du Web.

Il y a quelques semaines, nous vous indiquions craindre une bulle sur les valeurs technologiques de croissance, qui ont depuis subi d’importantes prises de bénéfices. Toutes les actions ne sont évidemment pas à placer dans le même panier, c’est pourquoi nous revenons spécifiquement sur Google et Facebook, les deux poids lourds de la toile. Activités : Google plus diversifié Globalement, les deux groupes sont concentrés sur le marché de la publicité en ligne qui fournit l’essentiel de leurs revenus. Depuis 2012, Facebook a pourtant réalisé pas moins de 42 acquisitions dont les plus importantes sont l’application de partage de photos Instagram (1 milliard de dollars), la messagerie WhatsApp (jusqu’à 19 milliards de dollars) et la semaine dernière, le spécialiste de la réalité virtuelle Oculus (2 milliards de dollars). Même si Facebook a entrepris de monétiser l’audience grandissante d’Instagram, seul WhatsApp génère des revenus substantiels mais avec un potentiel d’un demi-milliard de dollars, cela reste limité au regard du chiffre d’affaires de 11,4 milliards de dollars prévu cette année pour Facebook. A contrario, Google a diversifié ses sources de revenus publicitaires avec son moteur de recherche, la gestion de “panneaux publicitaires” virtuels, son réseau social, YouTube, Google Maps, etc. Grâce à Android (système d’exploitation de smartphones et tablettes) et à l’exploitation d’encarts sur des millions de sites partenaires, il a également diversifié ses sources de trafic. Enfin, la firme de Mountain View a lancé d’autres activités comme les services de cloud computing (location d’espace de stockage en ligne) ou d’accès à l’Internet ultra rapide (actuellement limité à quelques villes aux Etats-Unis). Même après la revente des smartphones de Motorola, Google apparaît donc moins sensible que Facebook à son activité historique, d’autant plus que l’utilisation d’un moteur de recherche est moins soumise aux effets de mode qu’un réseau social. Google remporte donc ce premier point.

Google 1-0 Facebook

Valorisation : Facebook très cher En matière de ratios, il n’y a clairement pas match entre Google et Facebook. Ce dernier cote près de 50 fois son bénéfice par action de 1,26 dollar prévu pour cette année alors que Google affiche une prime nettement moins élevée par rapport au marché à 22 fois le profit par action de 51,42 dollars attendu pour 2014. En résumé, Google est cher et Facebook est très très cher.

Google 2 – 0 Facebook

Croissance : Google dépassé mais pas largué Selon les derniers résultats et le consensus des analystes, Facebook affiche un potentiel de croissance (des revenus) impressionnant : +55 % en 2013, +44 % en 2014 et +31 % en 2015. Google n’a toutefois pas à rougir de ses performances attendues, hors Motorola en cours de cession : +22 % en 2013, +19 % en 2014 et +16 % en 2015. De plus, Google, dont le moteur de recherche affiche toujours une part de marché mondiale de plus de 60 %, apparaît plus avancé que Facebook sur les prochaines technologies comme la réalité virtuelle avec ses lunettes connectées pour lesquelles il a signé un partenariat avec Luxottica, propriétaire des marques Ray-Ban ou Oakley. Google développe également le projet très médiatisé de voiture sans conducteur. Nous attribuons toutefois le point de la croissance à Facebook pour les perspectives sur la période 2014-2016.

Google 2-1 Facebook

Finances : le trésor de guerre de Google Les deux sociétés n’ont pour ainsi dire pas de dettes et disposent par contre de trésoreries (en grande partie placées sur les marchés financiers) abondantes. A la fin 2013, Facebook disposait ainsi de 11,4 milliards de dollars, un beau magot toutefois loin des 58,7 milliards de dollars de Google. Ce dernier génère de plus un cash-flow libre (trésorerie dégagée par l’activité après déduction des investissements) bien plus conséquent : 11,3 milliards de dollars en 2013 soit près de quatre fois plus que Facebook. Le point finance va donc à Google.

Google 3-1 Facebook

Analystes : Facebook légèrement devant Globalement, les analystes se montrent confiants tant envers Facebook que Google. Ce dernier reçoit un conseil d’achat de la part de 39 analystes alors que 13 disent de conserver. Aucun ne s’ose à une recommandation de vendre malgré un potentiel relativement limité de 15,2 % par rapport à l’objectif de cours moyen à 12 mois de 1.304 dollars (avant scission en deux actions). Facebook fait encore mieux en termes de conseils avec 41 “acheter”, 10 “conserver” et zéro “vendre” tandis que le potentiel d’appréciation ressort à 21 % sur un an, le consensus visant un prix de 73 dollars. L’avis des analystes penche donc en faveur du réseau social.

Google 3-2 Facebook

CÉDRIC BOITTE

Attention au retour de manivelle Facebook et Google se sont tous les deux mis en évidence depuis l’été 2012 avec une progression de respectivement 200 % et 100 %. Les deux actions apparaissent ainsi assez chères et se partagent le même marché mondial de la publicité en ligne. Google en détient à lui seul un tiers – cinq fois plus que Facebook – mais la concurrence apparaît de plus en plus intense avec notamment le développement de toujours plus de réseaux sociaux ou de services vidéos misant sur la pub pour générer des revenus. Par ailleurs, les médias traditionnels renforcent leur présence sur la Toile, qui est devenu le deuxième média derrière la télévision et devant la presse écrite et la radio notamment. Valorisation élevée et concurrence ne faisant guère bon ménage, nous vous conseillons d’attendre un repli avant de vous positionner sur Google, gagnant de notre match.

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