Goldman Sachs, cible des anti-Wall Street

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Banque des puissants et symbole des excès de la finance, Goldman Sachs est de nouveau la cible du mécontentement des anti-Wall Street, qui reprochent à Donald Trump d’accueillir dans son gouvernement trop de caciques de l’institution.

Goldman Sachs “contrôle le gouvernement. Ils en sont le +pipeline+”, déplore Nelini Stamp, une ancienne d’Occupy Wall Street, mouvement de contestation populaire apparu spontanément en 2011 pour dénoncer ce qui était considéré comme l’impunité des financiers après la crise financière de 2008.

Son organisation, Working Families, fait partie d’une galaxie d’associations, proches de l’aile gauche du parti démocrate, déterminées à rappeler au nouveau président américain sa promesse de campagne de “curer le marigot” des élites.

M. Trump, qui avait reproché à son adversaire Hillary Clinton ses liens avec Goldman Sachs, n’a pourtant pas hésité dès son élection à se tourner vers cette institution en nommant une demi-douzaine de personnes liées à la banque à des fonctions importantes au sein de son administration.

On retrouve ainsi Steve Mnuchin, le futur secrétaire au Trésor, Stephen Bannon ou Anthony Scaramucci, propulsés conseillers du président. Jay Clayton, qui va diriger l’autorité des marchés financiers, la SEC, est un ancien avocat de la banque et sa femme y travaille.

Dénonçant ce “gouvernement Sachs”, les anti-Wall Street veulent instruire un procès public à charge contre l’établissement via un mouvement baptisé “Occupy Goldman Sachs”.

Pages Facebook, comptes twitter, tribunes sur des sites d’informations de gauche, ils ont mis en place un plan d’actions enclenché le 17 janvier par une manifestation devant le siège de Goldman Sachs à New York. Des actions similaires ont eu lieu à Los Angeles et Chicago.

Ils espèrent constituer une coalition nationale car “il y a des précédents qui montrent qu’à chaque fois que des anciens de Goldman Sachs font partie d’un gouvernement, ils ont joué des rôles clés dans les décisions qui ont détruit l’économie”, développe Saqib Bhatti du Refund America¨Project.

Colère

“Nous sommes heureux que beaucoup de nos employés aient décidé de servir leur pays et leurs communautés”, répond à l’AFP Goldman Sachs, qui s’est attelée lors des dernières années à redorer son image. Elle s’est par exemple lancée dans la banque de détail via une plateforme en ligne baptisée “Marcus par Goldman Sachs” pour briser son image de banque des puissants.

Ces efforts risquent d’être réduits à néant, d’autant que des dirigeants de la banque, dont Harvey Schwartz, le co-directeur des opérations, ont profité de l’euphorie boursière ayant suivi l’élection du 8 novembre pour empocher de gros gains en vendant des actions.

Gary Cohn, l’ancien numéro 2 de la prestigieuse banque, nommé par Donald Trump directeur de l’influent conseil économique national censé cordonner la politique économique américaine, vient de se voir octroyer au total 284,65 millions de dollars d’indemnités de départ, selon des documents boursiers.

Au-delà de Goldman Sachs, les autres banquiers de Wall Street se frottent également les mains depuis deux mois du fait de promesses de baisses d’impôts massives et du démantèlement de la règlementation promis par Donald Trump. Ces promesses ont relancé la spéculation et dopé la valeur boursière des banques.

Des dirigeants de JPMorgan Chase, Morgan Stanley, Bank of America et Citigroup ont ainsi vendu des actions et exercé leurs stock-options pour empocher des centaines de millions de dollars, selon des documents boursiers consultés par l’AFP.

James Gorman, le PDG de Morgan Stanley, qui a cédé en tout 350.000 actions et stock-options depuis novembre, a engrangé 8,4 millions de dollars.

S’il n’a pas encore vendu des actions, Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan, est assis sur un tas d’or: les 500.000 actions de sa banque qu’il avait achetées en février pour 26 millions de dollars valaient jeudi soir 43,5 millions au cours de clôture du titre (86,80 dollars).

“La colère contre Wall Street est intacte”, prévient Les Leopold, directeur du Labor Institute, qui forme depuis quelques jours, dans le New Jersey (est), de futurs leaders activistes qui vont sillonner les Etats pour convaincre les populations des “dégâts” causés par les financiers.

L’argument est rodé: si les grandes banques américaines ont écopé de lourdes amendes pour leur rôle dans la crise des “subprime”, aucun grand nom de Wall Street n’a été traîné devant les tribunaux malgré les multiples évictions et saisies immobilières.

“Ce n’est pas juste. Nous voulons qu’ils paient pour leurs actions”, confie Nelini Stamp.

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