Franc suisse: le président de la BNS tente de calmer le jeu

© Reuters

Deux jours après l’annonce surprise de la Banque nationale suisse de l’abandon de sa politique d’intervention sur le franc, qui a provoqué un séisme sur les marchés financiers, le président de la Banque centrale suisse a tenté de calmer le jeu samedi.

Selon Thomas Jordan, vivement critiqué dans les médias et les milieux économiques suisses et internationaux, les marchés financiers ont réagi de manière excessive, et ont poussé le franc suisse vers des sommets. Le franc suisse, qui n’est plus poussé à la baisse artificiellement par la BNS depuis jeudi dernier, est “nettement surévalué par rapport au dollar et à l’euro”, a estimé M. Jordan, dans une interview publiée par samedi par les journaux suisses Le Temps et la Neue Zuercher Zeitung (NZZ). Le franc suisse s’est apprécié de 20% depuis que la BNS

n’intervient plus.

Pour le patron de la BNS, les marchés vont devoir trouver progressivement leur équilibre, “ce qui pourra prendre du temps”, a-t-il dit, précisant que la BNS était consciente que sa décision pouvait avoir un fort impact. La banque centrale suisse a pris les marchés par surprise jeudi en annonçant l’abandon du cours plancher, ce qui a fait bondir le franc face à la devise européenne et entraîné une chute des titres des grandes sociétés helvétiques cotées, et dont les exportations risquent de souffrir.

Vendredi vers 18h15, la monnaie unique européenne valait 0,981 franc suisse pour 1 euro, contre 1,20 CHF pour 1 euro, qui était le cours garanti par la BNS. Le dollar cotait à 85,22 centimes pour 1 dollar, contre 1,01 CHF pour 1 dollar avant l’annonce de la BNS.

M. Jordan a répété samedi que le maintien du taux plancher, fixé il y a 3 ans et demi quand le franc suisse était au plus haut, n’était plus possible. “Si la BNS avait poursuivi cette politique, elle risquait de perdre le contrôle de sa politique monétaire de long terme”, a-t-il déclaré.

La BNS est intervenue massivement sur les marchés des changes, chaque fois que les investisseurs achetaient trop de francs suisses, ce qui faisait grimper la monnaie helvète. Elle est intervenue en achetant des euros à tour de bras, ce qui a fait gonfler ses réserves dans la monnaie européenne, multipliées par 10 en 4 ans. Pour la BNS, il n’était pas possible de sortir du taux plancher de manière graduelle, il fallait prendre les marchés par surprise pour que la mesure soit efficace.

Des patrons de sociétés suisses ont publiquement fait part de leur surprise et de leur incompréhension, face à cette mesure de la BNS, qui a provoqué deux jours de panique à la Bourse suisse, avec -8,7% jeudi et -6% vendredi. Des commentateurs dans la presse suisse ont même demandé la démission de M. Jordan. “Cet homme doit partir”, écrit ainsi le journal suisse-allemand Blick.

“L’abandon du cours plancher a coûté beaucoup d’argent à Citigroup”

L’annonce surprise par la Banque nationale suisse (BNS) de l’abandon de sa politique d’intervention sur le franc suisse a coûté plus de 150 millions de dollars (130 millions d’euros) à la banque américaine Citigroup, rapporte samedi l’agence de presse financière Bloomberg sur base de sources au sein du groupe.

D’autres géants du monde financier, comme Deutsche Bank et Barclays, ont également essuyé d’importantes pertes après l’annonce de la Banque nationale suisse. Selon Bloomberg, elles atteindraient 150 millions de dollars pour Deutsche Bank et moins de 100 millions pour le groupe anglais. Les porte-parole des banques concernées n’ont pas souhaité réagir.

Partner Content