Fortis : les vraies raisons de sa chute (épisode 1)

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Comment était-il possible que la Belgique et les Pays-Bas aient été à couteaux tirés lorsqu’ils ont dû sauver Fortis à la fin de décembre 2008 ? Un livre revient sur ce divorce dramatique. En voici cinq extraits-clés. Premier épisode : ce fossé qui fut fatal à Fortis.

“Comment était-il possible que la Belgique et les Pays-Bas aient été à couteaux tirés lorsqu’ils ont dû sauver Fortis à la fin de décembre 2008 ?, s’est interrogé Piet Depuydt, journaliste financier au NRC Handelsblad. Les Néerlandais, pourtant réputés pour leur sens du commerce, ont payé trop cher pour des parties de banque qu’ils ont à présent du mal à intégrer. La Belgique, quant à elle, a perdu sa plus grande entreprise et a dû laisser entrer sur son marché un concurrent direct des autres grandes banques belges. Pourquoi les gouvernements en ont-ils fait un tel gâchis ?”

L’ex-rédacteur en chef de Trends Magazine est parti en quête de réponses au travers d’un ouvrage qui offre un regard unique sur la cuisine intérieure de Fortis. Nous vous proposons de courts extraits de De KloofHoe de breuk tussen Belgen en Nederlanders Fortis fataal werd, suivis de commentaires de l’auteur.

Premier épisode d’une série exclusive qui en comptera cinq : le fossé qui fut fatal à Fortis

” L’histoire a commencé comme un mariage très prometteur, elle s’est terminée par un divorce dramatique. Cela aurait pu être le scénario d’un roman à l’eau de rose mais c’est devenu le destin malheureux et impitoyable d’un grand bancassureur européen. “

Le fil rouge de l’histoire est la lutte entre les clans néerlandais et belge de Fortis, qui ont essayé chacun de conserver leur individualité et leur autonomie. Cette méfiance a semé la discorde à travers le groupe entier… et finalement aussi entre les organes de contrôle et les gouvernements.

En réalité, ce fossé existait déjà à la naissance de Fortis en 1990 lorsque l’assureur belge AG et l’assureur néerlandais AMEV ont fusionné. C’était pourtant un mariage très prometteur. L’entreprise était bien gérée et le fossé culturel était un problème de luxe. Précisément parce que les affaires tournaient bien, on avait le temps d’en discuter. Ce fossé n’a jamais été comblé, toutefois, et à la fin des années 1990, Fortis était déjà devenu ingouvernable.

A un certain moment, Maurice Lippens et Hans Bartelds, les figures de proue d’AG et AMEV, ne pouvaient plus passer par la même porte. La situation a changé lorsqu’ABN Amro s’en est mêlé au moment où Fortis a repris la Générale de Banque. Cette menace extérieure a temporairement incité les rivaux à resserrer les rangs chez Fortis.

Les Néerlandais de Fortis ont trouvé que l’acquisition de la Générale de Banque était une bonne opération mais compris que les Belges tiraient le pouvoir à eux. La parité entre Belges et Néerlandais, qui fut longtemps un principe sacré chez Fortis, était rompue. Le fossé s’est rouvert, ce qui a abouti à une prise de pouvoir par Maurice Lippens. En fait, les choses ont dérapé chez Fortis quand la lutte entre les cultures est devenue une lutte pour le pouvoir.

Dès lundi, le second épisode de notre série sur les vraies raisons de la chute de Fortis : Maurice Lippens, victime du “syndrome de l’imposteur”

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