Financement du terrorisme: la monnaie virtuelle, plus grand danger pour l’avenir

© REUTERS/Benoît Tessier

“La monnaie virtuelle constitue le plus grand danger pour l’avenir”, en matière de financement du terrorisme, a estimé mercredi devant la commission d’enquête attentats le président de la Cellule de Traitement des Informations financières (CTIF) Philippe De Koster.

“Le cash, le cash, le cash”, a-t-il scandé en invitant les parlementaires à se concentrer sur les principales sources de financement du terrorisme à l’avenir. Le cash, c’est l’argent liquide mais également des formes électroniques de “transferts déguisés” ainsi que de nouvelles techniques et les monnaies virtuelles comme le bitcoin. M. De Koster avait déjà évoqué précédemment devant la commission Terrorisme la carte de crédit prépayée utilisée par Salah Abdeslam.

A côté de cela, les Nations unies pointent du doigt les grandes sources de financement du terrorisme que sont les trafics en tout genre, notamment le pétrole et les oeuvres d’arts.

La banque nationale et la FSMA soulignent le danger des monnaies virtuelles mais préfèrent à ce stade ne pas réguler, au contraire du Luxembourg et des Pays-Bas qui encadrent des plates-formes. Résultat, des Belges passent par ces pays voisins, a indiqué Philippe De Koster. “On peut attendre, mais pas trop”, a-t-il dit.

Devant les commissaires, M. De Koster a par ailleurs réitéré mercredi à l’adresse du ministre de la Justice Koen Geens son plaidoyer en faveur de la reconnaissance de la CTIF comme service de renseignement de seconde ligne ou comme appartenant à la communauté du renseignement, contrôlé par le comité R . “Peut-être nous a-t-il mal compris, nous ne demandons pas l’accès aux techniques spéciales de recherche telles que les écoutes, ni les contacts avec les services de renseignement étrangers”, a-t-il précisé alors que la CTIF recueille et analyse des renseignements que lui procurent d’autres services (renseignement, police, justice, OCAM). “Et ce n’est pas tous les jours que le représentant d’un service appelle à être contrôlé. J’échappe à tout contrôle aujourd’hui. Je me retrouve parfois à devoir échanger des informations sensibles avec des partenaires à l’égard desquels je ne peux pas toujours avoir une confiance totale”, a-t-il expliqué pour justifier ce garde-fou.

Plus tôt dans la journée, les directeurs de police judiciaire étaient venus argumenter devant la commission d’enquête contre une centralisation des services de lutte contre le terrorisme, en dépit d’une inflation de ces dossiers. Le terrorisme occupe désormais 40% des dossiers de la police judiciaire à Bruxelles pour une capacité de 15%. Mais une centralisation risquerait de porter atteinte à la proximité des interventions de terrain. Celles-ci sont les plus à même de déceler le phénomène du radicalisme, qui ne constitue pas une infraction. Les directeurs de police judiciaire ont appelé le politique à remplir les cadres, certainement dans les profils spécialisés, et à investir dans la technologie.

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