Et si Dexia revendait la Turquie ?

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DenizBank vaudrait, selon certains calculs, plus de 3 milliards d’euros. Soit davantage que le reste du groupe Dexia, auquel la banque turque appartient ! La revendre à ce prix permettrait d’alléger le montant des pertes latentes sur lesquelles sont assis les Etats belges et français.

On peut se poser la question : que vaut DenizBank, la grosse filiale turque de Dexia ? Pour le savoir, nous avons posé la question à un bon connaisseur du groupe bancaire franco-belge. Selon ses calculs, basés sur la cotation de la banque turque Garanti Bank, dans laquelle le groupe bancaire espagnol BBVA a pris une participation de 25 % l’an dernier, et en tenant compte d’une prime de contrôle majoritaire de l’ordre de 20 % à 30 %, on aboutit à une fourchette de valorisation tournant autour de 3,6 milliards d’euros pour la totalité de DenizBank. Un chiffre dont il convient bien sûr de retrancher, une fois l’information disponible, le prix obtenu pour la cession de la filiale d’assurance Deniz Emeklilik, actuellement en cours.

Alors, plus de 3 milliards d’euros pour DenizBank : est-ce beaucoup ou pas ? Pour avoir une petite idée, il suffit de comparer cette valeur estimée de DenizBank à la capitalisation boursière actuelle de l’ancienne “banque des communes”, qui s’établit à plus ou moins 5 milliards d’euros. Si bien que DenizBank représente plus de deux tiers de la valeur de Dexia en Bourse. Autrement dit, DenizBank vaudrait à elle seule davantage que le reste de l’ensemble du groupe Dexia !

C’est énorme. Revendre DenizBank à ce prix-là permettrait d’alléger le montant des pertes latentes sur lesquelles les Etats belges et français sont assis, suite à l’augmentation de capital de 6 milliards d’euros au prix de 9,90 euros par action au moment du sauvetage de la banque à l’automne 2008. Actuellement, le cours de Bourse de Dexia tourne autour de 2,70 euros. C’est-à-dire une perte latente d’environ 70 % équivalente précisément aux 3,5 milliards d’euros de la valeur estimée de DenizBank.

Reste à savoir si Dexia pourrait obtenir pareil prix en cas de cession. En plein boom, la Turquie et son marché bancaire suscitent la convoitise de nombreux établissements financiers étrangers. Mais l’instabilité politique actuelle dans la région a sans doute momentanément fermé la fenêtre de tir pour une éventuelle revente.

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