Draghi: “La reprise de l’économie de la zone euro est de plus en plus solide”

Mario Draghi © Reuters

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a estimé jeudi que la reprise économique en zone euro était “de plus en plus solide”, tout en signalant que l’inflation devait encore se montrer résistante sur la durée.

Les chiffres récents “confirment que la reprise cyclique de l’économie de la zone euro est de plus en plus solide et que les risques ont continué à diminuer”, a déclaré Mario Draghi lors d’une conférence de presse à Francfort.

“La hausse de l’emploi, qui bénéficie également des réformes du marché du travail dans le passé, soutient les revenus réels disponibles et la consommation privée”, a poursuivi M. Draghi en citant l’un des facteurs de l’embellie économique constatée dans le bloc monétaire.

Le banquier central a néanmoins relevé des “fragilités”, notamment dans le secteur bancaire avec la présence de créances douteuses qui plombent la croissance du crédit dans certains pays.

Concernant les risques pesant sur la croissance en zone euro, la BCE considère qu’ils sont en train de se réduire mais sont toujours présents et liés principalement à des facteurs mondiaux.

“L’incertitude politique va vraisemblablement persister en 2017. Mais nous restons confiants dans la poursuite de la reprise économique, stimulée par notre politique monétaire”, avait déclaré mi-avril Mario Draghi.

Début mars, la BCE a relevé sa prévision de croissance pour la zone euro. Elle attend +1,8% en 2017 et +1,7% en 2018.

La BCE maintient le cap

Comme attendu, la BCE a maintenu jeudi le cap de sa politique monétaire très interventionniste, jugeant que l’inflation devait encore renouer de manière durable avec le niveau souhaité d’un peu moins de 2%.

“Les chiffres disponibles depuis mars confirment que la reprise cyclique de l’économie de la zone euro est de plus en plus solide”, a déclaré Mario Draghi lors d’une conférence de presse à Francfort. Un peu plus tôt, la BCE a décidé de maintenir le cap de sa politique monétaire très interventionniste, comme attendu, jugeant que l’inflation devait encore renouer de manière durable avec le niveau souhaité d’un peu moins de 2%.

Le conseil des gouverneurs, l’instance dirigeante de la BCE, n’a touché ni à ses taux directeurs, à leur plus bas niveau historique depuis mars 2016, ni à son vaste programme de rachats de dettes, le “QE”, lancé en mars 2015, a annoncé un porte-parole.

Ces dernières semaines, Mario Draghi et l’économiste en chef de la BCE, le Belge Peter Praet, ont encore insisté sur les menaces pesant sur l’économie de la zone euro, avec en toile de fond des craintes de repli protectionniste aux Etats-Unis, le Brexit et la montée des mouvements populistes en Europe.

Plus optimiste, Benoît Coeuré, membre du directoire de l’institution, a jugé les risques “largement équilibrés” et évoqué la perspective prochaine d’une normalisation de la politique monétaire de la BCE.

Pas de gages aux ‘faucons’

Mario Draghi devrait éviter de donner des gages aux “faucons” adeptes d’une politique monétaire plus stricte, en rappelant que les conditions en vue d’un retour durable de l’inflation au niveau désiré ne sont pas encore réunies.

Dans le cadre du QE, l’institution acquiert depuis début avril pour 60 milliards d’euros de dettes – principalement publiques – chaque mois, contre 80 milliards auparavant. Depuis qu’elle a démarré ce dispositif en 2015, la Banque centrale a acquis pour près de 1.500 milliards d’euros d’obligations d’Etat et pour un peu plus de 80 milliards d’obligations du secteur privé, en espérant que ces liquidités injectées dans le marché parviendront à irriguer la reprise économique.

La BCE a par ailleurs promis de garder ses instruments traditionnels, les taux, à leur très bas niveau pendant encore longtemps, et elle n’envisage pas de les modifier avant la fin du programme d’achats de dettes.

De plus en plus d’observateurs, principalement en Allemagne, s’inquiètent toutefois des risques à long terme de cette politique et appellent l’institution monétaire à réduire la voilure, d’autant plus que les prix sont repartis en nette hausse ces derniers mois.

En mars, l’inflation en zone euro a toutefois reflué à 1,5% par rapport au score de 2% affiché un mois auparavant, lequel était conforme à l’objectif de la BCE à moyen terme d’une progression des prix à la consommation légèrement inférieure à 2%.

Jusqu’au mois de février, le rebond observé dans la hausse des prix était lié pour l’essentiel aux prix de l’énergie, qui avaient chuté en 2015 sur fond d’effondrement des cours du pétrole, et de l’alimentation, par nature très volatiles. Or, cet effet s’est largement estompé depuis, notent les économistes.

Changement de communication ?

Récemment, lors de la réunion de printemps du FMI à Washington, Mario Draghi a répété que la BCE était prête à alourdir à nouveau ses achats de dettes “si l’horizon devait se dégrader, ou si les conditions financières devaient empêcher l’avancée vers un rythme soutenu de l’inflation”. Somme toute, le soutien de la BCE “est toujours requis”.

Certains membres du conseil, notamment le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, plaident pour qu’à défaut de réviser sa politique, l’institution monétaire adapte rapidement sa communication face aux derniers développements de l’inflation et à l’embellie économique à l’oeuvre en zone euro.

Les experts attendent beaucoup de la réunion du mois de juin où une nette inflexion du discours de la BCE pourrait surgir sur la base des nouvelles prévisions d’inflation et de croissance pour la zone euro.

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