Dix ans après la crise, le secteur bancaire européen tremble encore

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En Allemagne, une banque régionale ne peut plus payer certaines obligations. En Italie, deux banques vénitiennes ont été sauvées par l’Etat.

A l’été 2007, éclatait la crise financière. Dix ans plus tard, la crise continue. Du moins en Europe. En Italie, deux banques mutualistes de la région de Venise, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, minées par les mauvaises créances sur des petites entreprises et une gestion déficiente, vont être démantelées avec l’aide de l’Etat italien. Celui-ci va assurer une facture de 17 milliards d’euros. Un montant gigantesque, surtout en regard du montant des dépôts (50 milliards) qui y étaient logés.

Les actifs les plus sains des deux banques seront repris pour un euro par le principal groupe bancaire italien, Intesa San Paolo, à qui l’Etat italien versera 4,9 milliards d’euros ” pour maintenir sa capitalisation et renforcer sa situation patrimoniale “. Les mauvais actifs seront logés dans une bad bank que l’Etat garantit à hauteur de 12 milliards. Et pour éviter la panique chez les petits épargnants, les obligations seniors des deux banques seront remboursées comme prévu.

Contraire aux directives européennes ?

Ces décisions semblent totalement contradictoires avec la nouvelle réglementation européenne qui oblige les banques en difficulté à ” essorer ” d’abord les actionnaires, les obligataires et les gros déposants avant de faire appel à l’argent public. Mais la Commission européenne a estimé que ces banques étaient très petites et pouvaient être sauvées par l’Etat.

Autre banque locale en difficulté, en Allemagne cette fois : la Bremer Landesbank (29 milliards d’actifs). Elle a subi une perte de 400 millions sur des prêts au secteur maritime et est désormais incapable de payer les intérêts qu’elle doit sur deux emprunts convertibles (de type CoCo, du nom de ces obligations qui peuvent être converties en actions si la banque doit renflouer son capital) d’un montant de 150 millions d’euros.

Ces incidents surviennent après ceux de Banco Popular (la banque de l’Opus Dei, reprise par Santander) et de Banca Monte Paschi di Sienna (dont le sauvetage attend toujours d’être validé par l’Europe). Ils montrent que les banques européennes restent fragiles. Les prêts ” non performants ” dans l’Union européenne dépassaient les 1.000 milliards d’euros fin 2016, soit 5,1 % du total des prêts bancaires. Cette proportion n’est que de 1,5 % au Japon ou aux Etats-Unis.

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