Dexia vendu à la découpe ?

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Dexia serait préparé à se scinder, un démantèlement qui ferait de la banque franco-belge le premier établissement européen victime de la crise de la dette. D’aucuns parlent même de “vente à la découpe”, voire de “liquidation ordonnée”.

Dexia ouvre la voie à son démantèlement, fauchée par la crise de la dette

La banque franco-belge Dexia, rattrapée par la crise trois ans après avoir échappé de peu à la faillite, semble aller tout droit vers un démantèlement qui ferait d’elle le premier établissement européen victime de la crise de la dette. A l’issue d’un conseil d’administration marathon de six heures à Bruxelles, la banque a laissé présager un nouveau virage stratégique en ouvrant la voie, dans un communiqué sibyllin, à de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses “problèmes structurels”.

Le conseil d’administration a mandaté le CEO, Pierre Mariani, pour “préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre (ces) problèmes”. Plus directs, l’hebdomadaire français Le Point évoque sur son site Internet une “vente à la découpe”, le quotidien Le Figaro annonçant de son côté une “liquidation ordonnée”.

Dexia laisse notamment entendre qu’il isolera sans doute, à l’extérieur du périmètre de la banque, le portefeuille d’actifs dont il cherche à se délester progressivement depuis la crise et qui, “dans l’environnement actuel”, “pèse structurellement sur le groupe”, du haut de ses 95 milliards d’euros.

Dexia ouvre la porte à des cessions en chaîne

Tour à tour, les agences de notation Fitch, la semaine dernière, puis Moody’s lundi, avaient tiré la sonnette d’alarme, craignant les conséquences pour Dexia de la forte pression des marchés sur les banques françaises depuis l’aggravation début août de la crise européenne des dettes souveraines. Après la menace affichée par Moody’s, l’action Dexia avait cédé plus de 10 %, à 1,30 euro, à la clôture de la Bourse Euronext Bruxelles hier lundi.

Le conseil d’administration a acté cette impasse et ouvert la porte à des cessions en chaîne pour desserrer l’étau des marchés, jusqu’à parvenir à un modèle viable, peut-être réduit non pas à deux pays mais à un seul. Le Figaro évoque la vente de la filiale turque DenizBank, de l’activité de gestion d’actifs, de banque privée mais aussi de la branche de banque de détail en Belgique, appuyée sur le vieux Crédit Communal de Belgique, né il y a 151 ans.

Quant au portefeuille de prêts aux collectivités locales françaises, qui pèse environ 70 milliards d’euros, il serait repris, toujours selon le quotidien français, par une société commune créée par la Caisse des Dépôts et Consignations et la Banque Postale française.

Les gouvernements français et belge “suivent la situation” concernant le sort de Dexia, et “interviendron(t) si nécessaire”, a assuré dans la nuit Didier Reynders, ministre belge des Finances, en marge d’une réunion avec ses homologues de la zone euro à Luxembourg.

Dexia : les actionnaires réaffirment leur unité

Le conseil d’administration de Dexia a donc demandé à Pierre Mariani, de préparer les mesures nécessaires pour résoudre “les problèmes structurels qui pénalisent les activités opérationnelles du groupe et ouvrir de nouvelles perspectives de développement à ses franchises commerciales historiques en Belgique et en France”, a indiqué le groupe franco-belge à l’issue de la réunion.

Les actionnaires du groupe franco-belge “souhaitent réaffirmer leur unité et leur solidarité dans l’étape qui s’ouvre aujourd’hui”, poursuit Dexia, face aux rumeurs récurrentes de scission, tout en ajoutant que les actionnaires “ont confirmé leur confiance dans le management de Dexia pour mener à leur terme ces opérations avec le souci constant de l’intérêt de l’ensemble des parties prenantes de Dexia”.

Quant aux Etats actionnaires (Belgique et France), ils ont “confirmé leur volonté de soutenir le groupe Dexia, pour qu’il puisse mettre en oeuvre ces mesures de façon ordonnée et dans les meilleures conditions”, conclut le communiqué.

Dexia : “Ce que l’on sait, c’est que le groupe n’existera plus sous sa forme actuelle”

Le conseil d’entreprise extraordinaire du holding Dexia, qui avait débuté mardi en fin de matinée à Bruxelles, a été “très bref” et n’a fourni que peu d’informations complémentaires quant à la situation du groupe, a indiqué Jean-Michel Cappoen (Setca) : “Ce que l’on sait, c’est que le groupe n’existera plus sous sa forme actuelle et qu’il n’y a pas d’exclusive à la vente. Mais il reste beaucoup d’autres inconnues.”

Ainsi, les représentants des travailleurs s’interrogent sur l’avenir du holding, “dont la mission première est de coordonner l’ensemble des activités du groupe. Ssi ce groupe n’existe plus, que deviennent le holding et ses travailleurs ?”, s’interroge le responsable du syndicat socialiste, qui ajoute : “Nous voulons également veiller à ce que le personnel, les clients et les petits actionnaires de la banque” ne paient pas les pots cassés.”

Une réunion du Setca devrait avoir lieu demain mercredi matin afin, notamment, de programmer des assemblées générales des travailleurs.

Le syndicat chrétien, lui, dit attendre de “voir comment les plans seront appliqués tout en suivant la situation de très près, avance Luc Soete (LBC-NVK). A ce stade, il n’est toutefois pas question de pertes d’emploi.”

Trends.be, avec Belga

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